Le chauffeur en gants blancs

lena-siwel

La mousson a créé beaucoup de confusion alentour.

La Birmanie est moite.

Sur la route, l'eau a fait germer les volutes blanches d'une vapeur d'eau, presque comme un poème qui rêve de rimer avec la terre rouge des bas-côtés : l'eau envahit tout. Pas même un chat ne s'aventurerait dans le paysage étincelant d'un vert presque fluo, éclatant de chlorophylle lavée, essorée, et lavée à nouveau. Rincée par milles eaux.

Le chauffeur en gants blancs n'ose ni avancer ni reculer. Il reste là. Rouge de confusion. Il ne livrera pas la voiture, qui sera d'ici peu elle-même livrée à la grande eau qui surgit du ciel, rebondit partout, s'agrippe aux toits des maisons, lèche les feuilles, se colle à l'herbe, s'agglutine aux flaques.

L'eau va livrer un lac sous quelque peu, aux noyés des moussons qui pourtant n'ont passé aucune commande. Parce que leur vie se brisera à force de lutter contre le grand déluge qui ne leur laissera en offrandes, pas même le plus mince horizon vers un futur de raison ou d'envie.

L'eau emportera tout, et le pire avec elle.

LENA SIWEL

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