LE CLASH
giuglietta
LE CLASH
Les postillons de Joe scintillent dans la lumière, son corps tendu,sa jambe nerveuse, ses nerfs à vif, toute sa silhouette transpire l'électricité.
La salle entière est électrique, la foule qui pogote ou se fige, ondule, aimantée, magnétique. Le public : un organisme complexe, un être multiforme à la peau de cuir noir, un hermaphrodite maquillé, qui crie, jure, rigole et boit par mille bouches !
Des milliers de pieds martèlent le sol et bondissent ; doigts d'honneur, poings levés, mains qui claquent, par milliers les membres supérieurs de la bête énervée surgissent au dessus des têtes hérissées !
Et la drôle de voix rauque de Joe dompte et conduit cet animal sauvage qui se vautre à ses pieds !
Joe. Paul. Et Mick. Avancent, ensemble. En formation serrée, guérilleros vainqueurs, guitares -mitraillettes. Joe, Paul et Mick reculent brusquement. Ensemble. Reviennent et repartent, ressac du rock n roll, copulation têtue.
Arrimés tous les trois à la batterie de Topper, point d'ancrage, repère spatial. Ils vont et viennent, et leurs doigts sur les cordes s'accrochent au tempo qu'il assène, tant de force dans ses bras maigres ! A faire trembler la scène, à faire vibrer les murs... Le défoncer le mur du son, dans un déchirement fou de milliers de tympans !
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Dehors peut-être c'est l'hiver, la grisaille, la bruine. Furieusement démodée, la City, qui se prend pour la ville, qui se prend pour la Reine, et qui a bien raison.
Dehors ce sont les briques rouges d'un éternel été absent, noircissant sous le soleil mort.
Dans le froid du dehors où l'Irlande agonise, où le venin du chômage lentement empoisonne les working class heroes, un skinhead assassine un gosse pakistanais.
Un rasta au teint gris allume dans le brouillard un pétard mouillé de larmes, qui ne fait rien péter, à part deux-trois neurones.
Au dehors, Lady Bird n'en peut plus d'accoucher d'enfants que les cops lui retirent avec brutalité.
Et la Dame de Fer, tranquillement, préside à ces atrocités.
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Mais ici, dans la salle où danse la jeunesse, il fait chaud. Le soleil de Brixton déguisé en sunlights, change de couleur au rythme du punk rock des quatre forcenés rageurs... Cent fois ici se jour se lève, et cent fois la nuit tombe, des mondes sont détruits, et des mondes se créent... Éphémères comme des comètes, sur les accords de Garageland ! Infinis dans la complainte d'un reggae de blancs... dans la balade au cœur de l'Hammersmith Palais...
Revolution Rock ? Ici on hurle, ici on rêve, ici pour tout dire, on oublie ! Joe chante contre le racisme, Joe se réjouit d'un jam avec un noir jamaïcain, Joe dénonce les flics. Il appelle à l'émeute, il braille que Londres brûle, et que l'Amérique l'emmerde ! Et les jeunes chantent avec lui. Mais dans l'antre de la bête où il fait désormais aussi chaud qu'en enfer, si mille cerveaux ingurgitent les mots, si mille voix les recrachent... aussitôt mille cerveaux oublient !!!
Que faire de l'avenir, quand on n'a pas de futur ?
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C'est la lecture de LONDON CALLING (19 histoires rock et noires en hommage au CLASH, avec dans ce recueil collectif : JL Manet, JB Pouy, JH Oppel, M Villard, T Crifo, M Obione etc... etc...) et l'écoute de CLASH evidemment - pour moi plutôt le 1er album ! - qui m'ont inspirée aujourd'hui ce petit texte ! (LONDON CALLING chez Buchet-Chastel 17 euros)
thanks Mr Jones !
· Il y a environ 14 ans ·dans l'esprit : hier vu et surtout entendu Chris Bailey en solo (excellentissime !!)
giuglietta
When they gonnna knock at your front door,
· Il y a environ 14 ans ·How do you gonna come
With your hands on your head
Or on the trigger of your gun.....
J'adore les Clash et j'adore ton texte. Bravo. C'est bon parfois de fouiller dans sess souvenirs même si c'est pour y trouver un reste d'idéaux qui ressemble plus à un vieux plat de pâtes froides qu'autre chose. Give 'em enough rope...
jones
AH AH AH !!! Merci les gars !!!
· Il y a environ 14 ans ·giuglietta
Ben zut, la blague de REMI m'a fait oublier ce que je voulais dire, c'est alzheimer :-)
· Il y a environ 14 ans ·Sans blague, c'est un beau texte. Bien inspiré
ko0
Un mec demande a son pote:
· Il y a environ 14 ans ·- Tu préfères avoir la maladie d'alzheimer ou de parkinson?
Son pote lui répond:
- Je sais pas, tu préfères quoi toi ?
Et il lui dit :
- Moi je préfère parkinson, parce que vaut mieux renverser une goutte de Ricard que d'oublier de le boire...
Remi Campana