Le dessinateur de petit bonhomme

Alexandre Deléarde


Pour gribouiller pareilles figures, c'est sûr, il faut en avoir une grosse paire. Difficile sinon de grossir les traits. Et c'est un art qu'il manie très bien. Lui, il la porte sur son nez, un organe qui surplombe une moustache devenue aussi célèbre que sa dernière caricature. Lui, c'est Renald Luzier. Mais il signe tous ses dessins Luz

Un caricaturiste-né pour rire

Tours, le 7 janvier 1972. Cul à l'air, il prend sa première fessée. Un cri. Un soulagement maternel. Un petit bonhomme est né. Il portera le nom de Renald et aimera dessiner des petits bonhommes comme lui. L'humour aussi, ça lui plaira. Il transformera ainsi sa passion en métier — ou bien le contraire.

Sa carrière de dessinateur de presse prend un premier élan lorsque, au début des années Grunge, il estampille ses premières planches pour Psikopat. Ce style de magazine humoristique, ça lui parle. Mais ça ne suffit pas. Il lui faut un brin de satire supplémentaire. La caricature, ça ! Ça lui convient bien. Et ça tombe à pic, car un journal satirique va lui ouvrir ses portes.

De provoc en procès, de récidive en acquittement, Luz fait son petit bonhomme de chemin avec des compères devenus des amis. Charb, Cabu et les autres, sont les libertaires à la dent dure avec lesquels il s'amuse à dessiner ses personnages. Des personnages loquaces et drolatiques qui font pouffer de rire les quelques milliers de lecteurs de Charlie Hebdo, mais qui font aussi grincer les dents longues des intéressés. Bizarre ? Non, pas vraiment. C'est vrai que pour beaucoup, c'est toujours plus drôle quand ça parle des autres. Pourtant, l'autodérision, Luz, ça le connait. Il n'est pas du genre à laisser les autres se marrer sans lui. Et lorsque ça le concerne, ça donne alors aussi lieu à un concert d'éclats de rire.

Une grasse mat', un retard et des « culs à terre »

Ce n'est pas un mercredi comme les autres. Le 7 janvier 2015, Luz fête ses 43 ans, au lit, avec sa femme. La réunion ? Tant pis, elle attendra un peu aujourd'hui. De toute façon, elle peut commencer sans lui. Les autres ont toujours de bonnes idées qui pourront sûrement lui servir d'ébauche. 

La suite ? On la connaît tous. Luz mieux que nous encore. Ce sont ses potes, « culs à terre », des croquis de la prochaine une tachés de sang et une France en émoi. Et dire que s'il avait fait partie de la France qui se lève tôt, son cul aurait aussi été à terre. Mais lui est toujours là. Les yeux au bord des larmes. Le sac dans la tête. Tout s'emmêle. Tout se dérange. Tout change. Mais il faut faire face. Impossible de laisser les terroristes l'emporter avec les autres.

« Le dernier jus »

Les plateaux télé se succèdent. Puis la marche républicaine, au côté de bon nombre de ses personnages. Fidèle à lui-même, Luz ne peut s'empêcher de rire. A moins d'un mètre de lui, le Président et un pigeon qui laisse couler toute sa gratitude sur l'épaule présidentielle, qu'un embrassement avec Patrick Pelloux tartine encore un peu plus sur son veston.

L'émotion est toujours là. Malgré tout, il faut dessiner. L'évènement approche. Le numéro 1178 doit sortir. Au moins trois millions d'exemplaires sont attendus. Et C'est Luz qui sera en charge de la couverture. Les tracés s'enchaînent. Ils sont commentés, discutés, repensés, raturés. Le bouclage est pour bientôt mais il n'y a pas encore de une et les minutes filent.

C'est alors dans l'inspiration passée que Luz puisera son « dernier jus ». C'est ça. Ça y est. Luz tient ce qui deviendra la une la plus tirée à ce jour en France. Malgré l'incendie du 2 novembre 2011, malgré la tuerie du 7 janvier 2015, malgré la pression médiatique et l'attente qui s'abattent sur le journal, Luz ose.

Le 14 janvier 2015, on en a la confirmation : Charlie Hebdo, Luz et les survivants ne sont pas morts.

                                                                                                                   

 

  • "C'est ça. Ça y est. Luz tient ce qui deviendra la une la plus tirée à ce jour en France. Malgré l'incendie du 2 novembre 2011, malgré la tuerie du 7 janvier 2015, malgré la pression médiatique et l'attente qui s'abattent sur le journal, Luz ose." c'est très fort. Merci à vous.

    · Il y a presque 10 ans ·
    Poppy 834203 640

    feather

  • Hé, le désolé, là, est-ce bon? Y en a-t-il bien 136, einh?

    "Des abdos!"

    Weshard, lis Charlie!
    Charlatans, share le! …charlots!
    Charlène, en Sherlock!

    "Au charbon!"

    La triche arbitrée
    Le coach arbore yes, à Charb!
    En marche, arbalètes!

    "Aux pignoufs"

    Tignious! …aux biniouses
    Aux matines, youpi, ci, gnouf?
    Fi, news! …au biniou

    "Deux lasers, oxers!"

    Auxèses, auxiliaires!
    Hoax, Oxo-la Terre, occire!
    Roxer du foxé

    "Défects, on fait court!"

    L'affect, infecter!
    Confectionne, effectues-en!
    Perfections, qu'un fake!

    "Un moi après comme avant"

    Je poursuis Charlie!
    J’essuie des larmes, wesh, arts libres!?
    Oui, je sue cher! ...lis!

    "Les clairons sonnaient"

    Foudroyer les clergés!
    Les clés, rendez-les, clérouques!
    Éclairés, laids clercs!

    "Au faux amour"

    Profils très Cohen!
    Un fil, trop de café filtre!
    Un philtre et sa haine



    ...eh, le désolé, sinon, il n'y a pas que les haïkus que je maîtrise, dis-moi, là, dans mes alexandrins, il y en a bien 84, einh?

    "À Vilks et tous les siens"

    Récite en vert à Lars! …à sa mère et sa garce!
    Au vieux son des éparses! …un vers à Paul de Tarse!
    Satan, son Curé d’Ars, une âme adorant Mars!
    Aux sabots, des comparses, on dit sans métatarse!
    Ce ne sont pas des farces! …infâmes, étaient ces marses!
    Ces ragots d’anciens parses, ils l’auront, la teste arse!
    Souffle, un vent qui s’écharse, aux morts à coups de barce


    hémistichement vôtre
    Mourad Ouhssaine

    · Il y a presque 10 ans ·
    Moi

    Mourad Ouhssaine

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