Le double amoureux

Juliet

Tes sentiments m’honorent,
tu méritais que je te réponde ;
mais mon amant m’adore
autant qu’il déteste tout le monde.
Ta confiance m’apporte le bonheur ;
en lui la confiance est l’absence.
Ma méfiance le calme dans sa peur ;
toi et moi n’aurons pas la chance
de savoir ce que ça peut faire
de brûler ailleurs qu’en enfer.
Ta sincérité me fait mal ;
la sienne me frappe en plein visage.
Pour lui je suis un animal,
pour toi je suis un paysage
trop beau pour être de la nature ;
mais en vrai il est plein de ratures.
Tes mains tendues m’appellent ;
les siennes sur moi se resserrent,
et ses yeux me rappellent
que si je fuis il me lacère.
Mais il le fait pour moi je t’assure ;
il a besoin de moi et je dois avoir besoin de lui.
De quoi est-ce que je te rassure
quand je te dis que je n’ai pas peur de lui même la nuit ?

Tes sentiments m’enchantent,
on dirait qu’ils viennent d’un rêve...
Ton silence me tente
car il attend que je me lève
sans faire de promesse illusoire
et me garder sur la balançoire
d’un oui qui n’ose pas être non,
de lui qui veut obtenir mon nom...
Ton cœur répare le mien
mais lui le brise à nouveau sans attendre.
J’ai peur qu’il lâche les chiens ;
ses humeurs dont je ne peux me défendre.
Je lui ai déjà tout donné,
je voudrais tout lui reprendre.
Je lui ai déjà pardonné
mais il ne veut pas apprendre.
Même s’il se trouve devant moi,
je te vois sans pouvoir te lâcher des yeux.
Même si je montre mes émois,
il ne me laissera le temps d’être vieux.
Je ne veux pas te lâcher mais
je ne te tiens pas encore...
Je ne veux pas te fâcher mais
c’est qu’il enferme mon corps
et tout ce qu’il y a à l’intérieur ;
le coeur et l’âme que je veux te garder.
Il me vole ce que j’ai de meilleur
et le jette sans même le regarder.
Tes sentiments me réconfortent,
les siens m’enferment dans une tour.
Tes sentiments ouvrent ma porte
mais il y entre et éteint le jour.
Je t’aime alors abandonne ;
je ne peux plus voir ce sourire désolé.
Je t’aime plus que personne,
par ma faute tu ne dois pas être isolé.
Puisqu’il m’enferme je te libère ;
sois heureux et fais mon bonheur.
Moi je me fermerai tout l’hiver
pour que le froid n’entre en mon cœur.
Alors je te garderai bien au chaud,
même si vu de près je frissonne ;
et à travers les murs de mon cachot
j’écouterai ta voix qui résonne.

(écrit le 5 février 2012)

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