Le jambon de Parme.(1)

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Il faut des gens ratés pour mieux voir la réussite des autres.


On faisait du rameur chez Monique et des lettres chez Pierre. Monique dirigeait un club de gym à machines super high-tech pour blondes ultra-platines, et Pierre, un club de remise en forme de l'esprit pour les plus démunis. Pierre ne jurait que sur les synapses et les mots-croisés, quand Monique sur les biceps et les amphètes.

« Vaut mieux avoir dans son lit un gars bien bâti qu'un scrabble de supermarché, non ? Au moins, t'as pas à réfléchir ! »

Chez Monique il y avait du vin de Californie et des croissants chauds, du jus d'orange et des produits effervescents. Chez Pierre, on amenait son sucre et son thermos pour ne pas tomber en hypoglycémie sur le mot de trop. Pierre faisait tourner sa boutique avec des dons tombés du ciel, à la manière d'une association enclavée dans du bénévolat. Chez Pierre il fallait noter toute entrée d'argent du bienfaiteur et lui établir son bon de déduction fiscale afin que celui-ci puisse justifier de sa gentillesse auprès de son centre des impôts et de sa femme.

« T'as filé 1000 balles à Pierre et tu tiques à m'offrir une paire de Louboutin ? »

« Tes Louboutin, elles sont pas déductibles à 50%, que je sache ! »


Chez Monique, on payait à l'heure ou à la semaine, par simple prélèvement automatique, entre 2 écritures comptable d'un relevé bancaire, entre une ligne d'Orange 5G à 19€90 et un décompte d'Amazon Prime pour un film dont la qualité cinématographique n'avait l'avantage que de l'avoir chez soi pour en même temps voir flamber la cheminée et le chat entre 2 bûches.

« T'as claqué 1300 balles chez Monique ce mois-ci ? »

« J'ai craqué pour ses perles de jouvence ! »

« Monique fait aussi des perles ? »

« C'est pas avec 3 rameurs en quinconce que tu peux faire du chiffre ! »


Monique revendait ce qui lui tombait sous la main ou dans le creux de son oreille, quand Pierre et péniblement, passait ses nuits à tirer sur des ficelles pour tenter de déclencher des marionnettes de subventions.

Chez Pierre, les murs sentaient l'encens, la cire et la poussière, tandis que chez Monique, la transpiration soudaine. Les odeurs plantaires et de dessous-de-bras se volatilisaient par des bouches d'aspiration pendant que des diffuseurs de produits aux extraits de gousse de vanille et d'huile de coco, décrassaient la salle. Quand Betty sortait de Chez Monique, elle disait avoir l'impression de revenir d'une semaine à Ibiza, tant la musique était forte, et ses fesses, rouges.

« Heureusement qu'il y a Monique dans la vie, sinon on pourrait finir comme Pierre avec son jambon de Parme ! »

« Le jambon de Pierre ? »

« T'as jamais compris ? S'il nous refile à noël le vieux jambon de sa foutue loterie, c'est pour pouvoir garder la planche et le couteau offerts  ! »

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