Le jardin des délices.

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Regarder à la télé Thomas Pesquet s'envoyer en l'air, c'est un peu comme de regarder un gardien de but devant un penalty : on attend de voir si ça pète à l'allumage.

A l'heure où j'écris ce texte, Thomas n'a pas encore mis un pied dans sa station spatiale et Betty son vernis sur les siens. J'aime la voir se les faire. Elle prend tellement de patience à s'en occuper que l'on peut les sucer toute une nuit sans tenir compte ni de l'heure ni du produit ; de ce jaune-orange, couleur engin de chantier.

Ce jour-là c'était mon anniversaire. Elle s'en était foutue tellement plein les ongles que je pouvais la suivre en éteignant la lumière dans l'escalier, en mode escalator. Tout en montant les marches, elle n'arrêtait pas de se plaindre de mon comportement, qu'il me fallait m'arrêter de picoler et de draguer les minettes des plages, que j'avais plus 20 ans, que mes cheveux sentaient plus l'huile de vidange que l'essentielle, et qu'à mon âge, reluquer une Mercedes décapotable était bien meilleur à mon cœur qu'une rebelle décapotée. A vrai dire, je me foutais un peu de son point de vue, j'avais encore des piles et des smarties dans mes poches.

Je fournissais tellement de splendeur dans ses nichons qu'il m'arrivait entre 2 marches, de m'accrocher à eux. J'ai eu par le passé cette même sensation de plaisir, d'enivrement, sur un triptyque de Jérôme Bosch : Le jardin des délices. Dans ce retable, il y a dans le panneau central, comme des boules de couleurs, sorte de cabanes à plaisir, où s'ébat l'amour et où des culs sont enculés par des fleurs. Sur la vue d'ensemble, des fruits sont mangés goulûment, évoquant l'orgie, et où des animaux sont montés à cru, symbolisant la décadence. Notons toutefois que nous sommes qu'au tout début du XVI siècle et que j'avais une sérieuse envie de pisser depuis le musée du Prado.

J'avais gagné ce voyage touristique avec la compagne de mon choix, en grattant un ticket Leclerc pour un caddie offert ou plus. A l'accueil du magasin, la responsable Géraldine s'était exclamée : « Putain vous avez touché le gros lot ! »

« Le grelot ? »

«  Le gros lot ! »

C'était l'année où je commençais à devenir sourd...


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