Le langage du coeur
aile68
S'improviser boulanger, cuire au feu de bois son pain quotidien, le partager avec les siens, avec l'étranger qui deviendrait ami, ami ennemi, on n'en sait rien, tout est fait pour aimer quelque part dans un univers secret, celui que l'on aime et protège comme on peut.
Dans mon univers à moi, y a de vieux murs de pierres écorchés par les années, les siècles, des maisons où l'on fait le fromage avec une recette vieille de mille ans et bien plus, les gens viennent de loin pour s'en procurer, c'est un vrai saut dans le passé. Y a aussi de vieilles chansons où avec le temps il manque des paroles, on essaie de s'en souvenir mais on est devenue trop vieux, et les jeunes s'en fichent un peu... Ils rêvent de quitter la campagne, d'autres reviennent, s'y installent, font vivre tout un vieux bourg où l'on ne faisait que passer.
J'ai à l'esprit des images de sceau de charbon pour chauffer des maisons à plafonds hauts, un petit bol de lait de brebis à peine trait, un drôle de goût dans la gorge, celui d'un univers que l'on ne veut pas perdre, qu'on sait qu'on va quitter à la fin des vacances, un univers auquel on tient, qu'on ne veut pas laisser. Ne restent que les souvenirs, des sensations, c'est viscéral, passe le temps et plus ça revient et reste dans mon sang, mes gênes presque...
Retenir les gens d'un temps révolu, non ce n'est pas si révolu, de bonnes âmes, de belles personnes ont le désir de le faire revivre ce temps que j'ai connu et fait battre mon coeur et mes tempes. ça se passait là-bas, un ailleurs qui m'a façonnée avec le ciment qu'on faisait pour fabriquer sa maison, celle des générations suivantes, et toujours cette poussière qui ronge les hauts murs sous le soleil perçant de là-bas.
Nostalgie de mes cousines, ce désir de vieillir ensemble, tout quitter pour là-bas, équiper la maison de ma mère pour l'hiver, demander au gentil cousin de s'en occuper, on devrait tous avoir un maçon dans sa famille, pour moi c'est primordial, et même vital. Je sais j'exagère mais ce que je ressens est tellement fort, vivant. Quand on se réunit avec les cousins et cousines de l'émigration, ce qui est très rare en fait, on rit de nos expéditions jusque là-bas, une véritable épopée, nous étions les "héros" d'un temps, les vacances nous plongeaient dans un univers où chacun se comprenait avec le langage du coeur...
Si l'oisiveté est mère de paresse, l'adversité est le père de ... de ... euh, l'inverse :o)
· Il y a plus d'un an ·daniel-m
ça rime en plus! :o)
· Il y a plus d'un an ·aile68
Nostalgie des temps anciens, où on travaillait dur et mangeait en silence, mais où on ne faisait pas la fête à moitié.
· Il y a plus d'un an ·Personne ne restait seul ou abandonné, comme nos vieilles ou nos vieux d'aujourd'hui, et si un malheur s'abattait sur l'un deux, tout le monde était présent.
La journée commençait bien avant ce fainéant de soleil, et s'arrêter, ma foi, quand les tâches étaient accomplies ou quand on était trop fourbu.
Christophe Hulé
s'arrêtait, oups!
· Il y a plus d'un an ·Christophe Hulé
Oui, tu as tout compris Christophe!
· Il y a plus d'un an ·aile68