Le paradis

felicis

J’ai toujours aimé les vacances d’été.

Ce moment où j’actionne le moteur de ma voiture pour quitter cette ville bruyante où règnent une odeur désagréable de pots d’échappement et un concert perpétuel de klaxons.

Je partais de cet endroit sans aucun regret, heureuse d’arpenter la route menant à mon coin de paradis.

Les cheveux au vent, la musique à fond, le parfum de la liberté, je revivais.

Le trajet ne dura qu’une heure.

Une heure qui séparait deux mondes.

La ville et la campagne.

Le clocher de l’église où se mirait le soleil se rapprochait de plus en plus.

J’arrivais au but.

Mes tourments oubliés, j’allais pouvoir profiter de la vie et de ses bienfaits en goûtant à la joie des moments simples sur la terrasse de mes étés.

Je ne doutais pas une seconde d’être la première à arriver, tellement pressée de respirer l’air frais de la campagne qui battait à la musique des cigales.

Mais je me trompais.

La petite place était assiégée de voitures.

Je pénétrais dans la petite maison occupée par des générations et des générations.

Au bout de la cuisine se trouvait une simple porte, où derrière se cachait un autre monde.

J’humais l’air pur et sentais comme une odeur de pastis.

Ils ne m’avaient certainement pas attendue pour débuter l’apéro.

Ma langue émoustillée ne demandait qu’à se satisfaire.

-          Laura !

Je reconnaissais aisément la voix de Ludivine, femme au tempérament de feu et pourvue d’un cœur en or.

Elle m’accueillit avec son plus beau sourire, un cocktail aux couleurs vives à la main, les lèvres humidifiées.

Son interpellation fut suivie par celles de mes autres amis aussi rayonnants que moi, le visage serein et les yeux brillants.

Je redécouvrais le goût simple de la vie au parfum pétillant, animé d’éclats de rires enfantins et des bruits de verres s’entrechoquant.

Mes soucis envolés, je prenais le temps de savourer ce moment magique où nous étions heureux, tous réunis, avec une vue sublime qui donnait sur un jardin sauvage garni de fleurs et d’arbres fruitiers.

Je me souvenais de tous les moments de ma vie vécus ici, en train de jouer avec mes petits camarades, de faire mes devoirs, d’écrire mon journal intime, de m’asperger de soleil, de plonger dans des univers inconnus à travers mes livres, de regarder le tonton Zé fumer sa pipe en lisant le journal ou ma grand-mère éplucher les fruits et légumes, d’avoir mes premiers émois d’adolescente, mes joies et mes larmes.

Que de souvenirs aussi beaux les uns que les autres, dans lesquels je me replongeais avec nostalgie.

Il y avait encore tant à vivre ici.

Les gamins courraient partout, se cachaient derrière les arbres, jouaient avec insouciance et venaient se revigorer avec du bon jus d’orange pressé par la mama.  

-          Ne bois pas si vite !

-          C’est tellement bon répliqua le petit garnement, peu apte à obéir à sa mère.  

Il termina son verre en un temps record et repartit gambader à travers le jardin, heureux.

Le bonheur en ce lieu était simple.

Personne ne désirait le quitter pour retrouver sa vie quotidienne.

On venait chercher ici un havre de paix, un rayon de soleil, une chaleur apaisante, une douce musique, un peu de repos, un souvenir.

Je ne pensais plus à la triste vie que je menais à la ville et voguais tranquillement sur des horizons de plénitude absolue.

Le soleil épousait lentement l’horizon et laissait une signature orangée dans le ciel qui nous surplombait et nous entendait refaire le monde tout en sirotant gaiement notre boisson sur cette terrasse source de bonheur. 

  • J'aime beaucoup. C'est doux, chaud, ça coule, ça transpire les souvenirs et la joie de vivre.
    Bon, mon côté tordu me fait penser que ce serait un début parfait pour une histoire bien plus tragique mais c'est pas grave, je me soigne...
    ;-)
    Au plaisir de te relire.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Francois merlin   bob sinclar

    wen

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