Le passé nous rattrapera - Chapitre 1

akayuki-ookami

 Durant les vacances d'été, chacun géra son temps différemment. Alexandre, fidèle à lui même, écuma les bars avec ses amis, déversa le contenue de son estomac dans les ruelles sombres et vides avec pour seule compagnie un silence embarrassant. Il savait au fond de lui que quelques choses lui manquait, dans la nuit il y pensait souvent, il se demandait ce qui lui manquait à lui, garçon souriant et riant, suffisamment pour le blesser et le faire gelé de l'intérieur. Si la peur ne l'avait pas pousser à oublier cette sensation il se serrait depuis longtemps penché sur le problème. Mais il a peur, peur d'avoir déjà compris qu'il ne lui manque que l'amour, quoi qu'il fasse. Il se rend bien compte, en son fort intérieur, que ça ne peut être que ça, que le manque d'amour violent et pourtant si doux. Il n'a jamais aimé sincèrement, il a déjà dit, comme ça, en simple réponse « je t'aime aussi » mais jamais il ne l'a pensé. Pourtant, il sent un picotement au cœur lorsqu'il voit Christopher et qu'il le sent près de lui. Lorsqu'il entendait sa voix qui s'adressait à lui ou à un autre il sentait son cœur voleté dans sa poitrine. Comme c'est agréable, ce sentiment. A présent cependant, le son de sa voix lui manque, il ferme les yeux en espérant l'entendre et le sentir mais rien ne lui revient à l'esprit. Il lui manque tant qu'il en a oublié sa voix et son regard. S'il boit, c'est parce qu'être saoul lui permet de se souvenir un peu, vaguement, de sentir une perle de bonheur au fond de son cœur. Entre deux cuites, il s'assoie parfois, croisant les jambes et les bras, regardant droit devant lui en essayant de s'inventer une vie plus tranquille et plus douce. Une vie où Christopher et lui serait côte à côte, main dans la main, l'un sur l'autre peut-être ?

Il est dans un de ses moments de songerie et de calme lorsque l'on toque à la porte de sa chambre, il se relève et va vers la porte pour l'ouvrir doucement.

« Oui ?

-Salut. »

Le garçon qui se tient devant lui s'appelle Giorgio, il a 23 ans, il fait des études de psychologie depuis la fin de ses années de lycée et vient régulièrement voir Alexandre pour connaître ses derniers rêves, ses dernières pensées. Pour lui, le jeune garçon est un parfais sujet d'étude. En ce moment, il tente de lui faire accepter une séance d'hypnose mais n'a jamais obtenue une once d'acceptation.

« Tu viens encore me parler de cette connerie ?

-Non ! J'ai trouvé des explications à tes rêves et te fantasmes d’adolescent juvénile.

-Surtout, n'apprend pas la discrétion et la délicatesse, ça te changerait trop... »

Alexandre soupir et le laisse entrer, il referme la porte. Comme à son habitude, il s'allonge sur le lit. Giorgio tire la chaise à côté de lui et s'assoie, restant calme et posé. Il sort un petit calepin de sa poche et regarde le jeune homme.

« Allez, raconte moi les derniers cauchemars que tu as fait.

-Depuis ta dernière visite ?

-Oui.

-Alors je me suis fait bouffé par un singe robot avec des yeux lasers et une queue coupée.

-... Heum... Excuse moi, tu te fous de moi là ?

-Un peu, j'avoue.

-Allez, dis moi la vérité, tu sais que je peux t'aider. »

Alexandre le regarda en hésitant puis regarda le plafond avant de commencer à raconter le cauchemar qu'il avait fait le soir des résultats du BAC.

« J'étais dans un long couloir. Au bout il y avait une porte ouverte mais plus j'avançais plus elle se fermait, comme si je ne devais pas voir à l'intérieur. Quand j'ai fini par arriver assez près pour la toucher, elle était totalement fermée. J'ai essayé de l'ouvrir, je m'acharnais sur la poignée et quand j'ai entendu comme le déclic de son déverrouillage : tout à disparu. Il n'y avait plus ni porte ni couloir, j'étais en plein milieu d'un désert aride. J'ai commencé à avancer sans savoir si je devais le faire et puis j'ai vu Christopher. Il marchait vers moi mais des murs son apparu, des murs gris et mornes. Une porte s'est construire sur l'un, j'étais enfermé dans cette pièce. La porte était ouverte mais j'avais peur qu'elle se ferme si jamais je tentais de m'approcher, je regarde Christopher de loin, il s'était arrêté comme si il avait peur lui aussi. Et puis il s'est remis à avancer, la porte a commencé à se fermer lentement, en grinçant. J'ai entendu des phrases dans une langue que je ne comprenais pas, tout s'est mis à tourner autour, tout est devenu noir et je me suis réveillé. »

Giorgio le regardait sans rien dire, il n'avait pris aucune note comme à son habitude et s'était contenté de griffonné un couloir avec un porte close au bout. Il ne repris la parole qu'après quelques instants.

« Couleur de la porte ?

-Je sais plus trop... Violette je crois.

-Des motifs dessus ?

-Une carte de tarot.

-Tu sais laquelle ?

-Non, je ne me rappel pas. »

L'homme se leva en le remerciant de lui avoir dit tout ça et embrassa son front. Un murmure doux filtra entre ses lèvres « tiens bon » disait il. « Tiens bon ». Comme si il avait compris tout ce qu'Alexandre ressentait. Puis, il parti.

Alexandre resta longuement les yeux fermés à penser à ce rêve. Il se demanda pourquoi il avait imaginé Christopher courant vers lui le plus vite possible. Pourquoi, aussi, il avait omis de dire que tout deux avaient couru vers cette porte, qu'elle était restée ouverte et que c'est lorsque leur deux bouches se sont effleurées que tout s'est mis à tourné dans la pièce ? Pourquoi avait-il caché une information qui devait être particulièrement importante d'une façon psychologique ? Peu importe, il savait déjà. Il a compris, il l'aime. Il l'aime follement mais s'en accoutume parfaitement. Il aime à rêver qu'il l'enlace, ça lui suffit d'avoir quelqu'un, dans ses songes, qui le serre dans ses bras, contre son cœur et son âme.

Christopher lui, gère tout autrement ses deux mois de vacances. Plongé de jour comme de nuit dans livres et cahiers, il est régulièrement dans une bibliothèque à feuilleter maintes et maintes ouvrages sans grands intérêts. Depuis quelques temps, lui aussi fait ces cauchemars étranges et ils sont, à quelques détails près, identiques à ceux d'Alexandre. Il explique à un ami avec lequel il échange des mails depuis quelques années, il lui confie tout depuis toujours, depuis qu'ils se connaissent, dans son dernier mail apparaissait donc ce rêve étrange, à la fois songe et cauchemars.

« Je me retrouves dans le désert, perdu, désorienté, sans aucun point de repère dans le ciel ou à l'horizon. Je commence à marcher alors que je sais que je devrais m'arrêter dans un coin d'ombre, je marche tout droit, j'ai cette sensation d'attente impatiente qui me prend à la gorge, comme lorsque j'attends le résultat des examens. Puis, soudain, je vois quelqu'un au loin alors je regarde attentivement, je m'approches pour mieux voir et je le reconnais, tout d'un coup. Je reconnais ce garçon, Alexandre, dont je te parles souvent, je commence à courir, je ne sais pas pourquoi. Il court aussi, on se rejoint à la porte et, comme si un désir incontrôlable s'emparait de moi, je presse mes lèvres contre les siennes, on s'enlace, tout tourne autour de nous. Je ferme les yeux et lorsque je les rouvre, il a disparu. Je suis dans un long couloir. Je vois encore cette porte devant moi, elle est grand ouverte et semble m'appeler alors je me met à avancer une nouvelle fois mais elle se ferme au fur et à mesure, j'avance plus vite, je cours. Quant j’atteins enfin cette porte, elle est close. Elle refuse de s'ouvrir. Je force, , j'essaye de l'enfoncer et alors qu'elle cède enfin, je me réveil. »

Il attendit la réponse plusieurs jours en se distrayant dans des ouvrages censés l'aider à comprendre ces rêves mais rien n'y fait, il a beau lire, analyser, lier des éléments sans rien de communs, il ne comprend rien. Que signifie ce désert ? Ce baiser ? La disparition de l'être apparemment aimé ? Le couloir. La porte close ? Cette porte, que représente-t-elle donc ? Le baiser, il a comprit. Dès qu'il s'est mis à fixer Alexandre sans se lasser de ses traits arrogants il a compris qu'il était amoureux de cet idiot surexcité. Bien sur, comme tout garçon de son âge, il avait d'abord nié l'évidence, puis il avait choisi d'ignorer ces sentiments inadéquats mais à présent, il ressentait la pire chose au monde, le sentiment de manque créé par l’absence d'un être que l'on aime sans rien dire. Il l'aime, du plus profond de son être mais une voix lui cri, lui hurle de garde le silence pour ne pas perdre la chance de regarder ce visage doux.

Parfois, la nuit, il se met à serrer le collier en pensant à Alexandre, il le serre et ose enfin une larme d'amour, il espère qu'à force de pleurer cette amour : elle disparaîtra. Ceux qui ont déjà connu un amour semblable, un amour aussi proche que distant, aussi blessant qu'aimant, blessant comme une lame, aimant comme la caresse d'un ange, comprendront peut-être la raison qui le pousse à ne rien espérer d'autre que l'oublie. Depuis son plus jeune âge, Christopher est réaliste, il connaît les limites de son corps, de son cœur, de son esprit et de son imagination. Il est ouvert à tout, il ne déteste que l'ignorance et aime son prochain. Né dans une famille catholique, il connaît avec exactitude les limites de la foi qu'il s'impose et qui trop souvent s'oppose à ses pensées scientifiques donc, il se permet d'être agnostique puisque même s'il n'y a pas de preuves, il y a tout de même des écrits de témoins. On peut se permettre d'après lui d'accepter « la possibilité éventuelle que dans une certaine mesure et quelques éléments moins extravagants, Dieu le Tout Puissant soit, à la rigueur, quelque part, existant voir peut-être vivant et sur le point de ressuscité encore une fois ». Alors Christopher est athée, oui, mais il se dit agnostique et cela convient à tous le monde sauf à lui, bien sur, mais il en a l'habitude depuis tout petit.

Les vacances passèrent rapidement, les inscriptions à la FAC furent closes et rapidement, il fallut retourner en cours. Pour plus de facilité, Alexandre avait pris un appartement près du campus tout comme Christopher et ils ne tardèrent pas à se croiser dans l'un des nombreux amphithéâtres. Ils s'assirent alors côte à côté et se parlèrent jusqu'au début du cours de droit auquel il prenait part. Dès la fin du premier jour, tout deux s'entendait à merveille et bientôt ils se virent tous les soirs, sans exception, dans l'un de leur appartements.

Ils se rapprochèrent petit à petit et enfin, lors d'une soirée un peu alcoolisée, la conversation qui allait mené leur avenir eu lieu.

« Dis, Christopher... commença Alexandre. Tu as déjà penser à... à ces colliers

-Ça ? Enchaîna Christopher en montrant le collier pendu à son cou. Oui, souvent. Moins, ces temps-ci.

-Tu crois que c'est une coïncidence ?

-Je sais pas. Je me rappel pas comment je l'ai eu.

-Moi non plus ! S'exclama aussitôt le premier garçon en se redressant.

-Tu m'as l'air bien excité, continua le second. Tu as une idée derrière la tête ?

-J'en ai deux, en fait.

-Je t'écoute. »

Alors, Alexandre commença à parler de ses recherches qui l'avaient mené à une femme, une vieille femme, une voyante. D'abord, Christopher s'offusqua, pour lui consulter une voyante était inimaginable mais au fur et à mesure des explications, il revint sur ses préjugés.

« Donc... commença-t-il. Tu penses que ce serait d'elle le collier ?

-Oui !

-Mais... Pourquoi on ne s'en souvient pas ? C'est bête...

-C'est le plus intéressant ! Attend, je te montre. J'ai demandé à un ami de me traduire la phrase du collier donc ça veut dire « La promesse se fait et la mémoire se défait. »

-Hm... Tu penses qu'on a donc perdu la mémoire suite à l'acte surnaturel du vieille sénile ? Ironisa Christopher.

-Ouais, en gros, c'est ça...

-Tu te rends comptes que ça n'a ni queue ni tête ?

-Plutôt oui mais, tenta alors Alexandre dans un dernier espoir. On pourrait aller vérifier non ?

-Non, c'est ridicule et impossible. »

La discutions s'arrêta là et ne reprit plus durant toutes les années de FAC. S'ils ne s'étaient pas si souvent parlé, tous les deux, jamais l'idée d'ouvrir un cabinet d'avocat ensemble ne leur serait venu à l'esprit. Pourtant, c'est ce qu'ils firent. Une fois le bâtiment trouver, les papiers signés, ils commencèrent le déménagement et c'est un matin qu'ils trouvèrent, derrière la porte d'entrée, entre de multiple carton, un courrier dans une enveloppe grisâtre. Alexandre laissa tomber le carton qu'il portait sur une pile déjà instable et vint la ramasser alors que Christopher retint de justesse la tour qui menaçait de s'effondrer. Il soupira en regardant son collègue puis posa à son tour ce qui l'encombrait.

 « Qu'est ce que c'est ?

-Une lettre !

-Merci, Alexandre. Ironisa-t-il. De qui ?

-Mme. Elizabeth Crosset.

-Tu connais ?

-C'est... C'est le nom de la voyante, tenta Alexandre. Tu sais, celle du collier...

-Tu es sur ? »

La question resta en suspend, Christopher pris des mains du garçon la lettre abîmée en entreprit de l'ouvrir. Il en lu le contenu à deux reprises avant d'en apprendre le contenu à son collègue.

 « Un certain Roger Milonio a porté plainte contre elle. Je savais bien qu'elle était pas claire, ton histoire.

-Oh c'est bon, je suis sur qu'il y a une raison, c'est une femme gentille.

-Tu as été la voir ?

-Oui, évidement ! J'allais pas te laisser dénigrer mes idées sans rien faire.

-Bon, soupira Christopher. On a qu'à l'appeler.

-C'est vrai ?! »

Alexandre fut pris d'une vague d’excitation, il se releva et sauta au cou de son ami qui ne put que le laisser faire. Par expérience personnelle, il savait que s'opposer aux envies de ce garçon ne servait qu'à perdre du temps.


  • - Ensuite, la transition entre les ados et les adultes. Je ne sais pas comment tu as l’intention de découper ta nouvelle, ni même si tout est déjà écrit, mais je te conseillerais de commencer ton deuxième chapitre par les deux persos à l’âge adulte, et finir le premier sur un petit paragraphe qui évoque la naissance de leur amitié. Ca nous permettra de nous attacher. Là, c’est beaucoup trop rapide et c’est un peu dommage.

    Sinon, le reste est bien, et les deux protagonistes semblent avoir leur singularité, et c’est une bonne chose ! En plus le rêve m’intrigue !

    · Il y a presque 11 ans ·
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    octobell

  • Encore une fois, j’ai beaucoup aimé !
    Attention aux fautes cela dit.

    En revanche, si tu permets, il y a deux petites choses qui m’ont un peu dérangé (mais rien de rédhibitoire, hein !) :
    - D’abord, le dialogue entre les deux garçons au sujet du collier. Au lieu de dire « le premier garçon ; le second », tu peux tout simplement les citer par leur prénom, ça ne fait pas d’effet de répétition, et ça évite au lecteur de se perdre (j’ai dû le relire plusieurs fois pour bien saisir.) Bref, un détail !

    · Il y a presque 11 ans ·
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    octobell

  • Un très joli début, j'aime les prémices de cette histoire ! J'attends la suite :)

    · Il y a presque 11 ans ·
    20130820 153607 20130820153847362 (2)

    rafistoleuse

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