Le pied à l'étrier
Catherine Doré
Le pied à l’étrier
Depuis quelque temps maintenant, en fait, depuis que j’avais pris mes fonctions à l’hôpital, je ressentais le besoin de me détendre. Non que le métier d’infirmière ne m’apporte pas entière satisfaction, bien au contraire, il me comblait à part entière. Trop, peut-être, car j’avais l’impression de ne vivre que pour ça. Dès le matin, que dis-je, dès le réveil, mon esprit était complètement accaparé par mon métier. Je repassais dans ma tête tous les problèmes que je n’avais pas résolus, la veille. Madame Untel allait se faire opérer ce matin là, n’avais-je rien oublié dans son dossier ? L’avais-je préparée correctement pour son intervention ? Si un examen important devait être réalisé, je le révisais cent fois dans ma tête pour m’en imprégner avant de l’exécuter ! Bref, j’avais l’impression d’être tout le temps sur la brèche, aussi quand un ami me fît part d’une nouvelle passion qu’il venait de découvrir, je ressentis comme un écho au besoin que j’éprouvais moi-même.
Cet ami était médecin, et connaissait donc très bien lui aussi, ce stress permanent que génèrent les métiers de la santé. Il expérimentait depuis peu, les bienfaits de l’équitation, et me recommandait vivement d’en faire moi-aussi l’expérience, me disant que je saurais en ressentir le bénéfice.
Quel drôle d’idée, me suis-je dit, en recevant son coup de fil. Nous ne nous étions pas vu depuis quelque temps, et j’étais à cent lieux de penser qu’il ait pu faire une telle expérience. Cela correspondait tellement peu à son personnage que je me suis dit, si lui le fait, alors, pourquoi pas moi !
C’est ainsi que je fus amenée à franchir, pour la première fois, les portes d’un club hippique. C’était un matin d’hiver, peu propice pourtant à ce genre d’activité, mais, quand j’avais pris rendez-vous pour visiter les lieux, on m’avait dit de me présenter, en dehors des heures de cours. Je profitais donc d’un jour de congé pour me rendre à cette expédition. Il n’y avait pas foule en effet, mais un grand brun, en bottes et veste de treillis, vint m’accueillir à la porte des écuries.
-Vous cherchez quelque chose, mademoiselle ? En quoi puis-je vous être utile ?
Il a l’air sympa et accueillant, pensais-je, il faut dire que j’étais plus habituée à côtoyer des blouses blanches, que le monde du cheval. Celui-ci m’était en effet, complètement inconnu.
-Voilà, je suis en repérage, en fait, je voudrais prendre des leçons d’équitation, mais je ne sais pas du tout si cela va me convenir.
-Je vois… Pour l’instant, je vais vous faire visiter les écuries, et vous montrer les différents chevaux que nous possédons, histoire de vous faire une petite idée sur la question !
En passant devant les premiers boxes, je fus tout de suite impressionnée par la taille des équidés. Oh là-là !, comment vais-je pouvoir faire pour monter la dessus ? C’est super haut ? Peut-être que l’on nous prête un petit escabeau ! Malgré tout, ils avaient une bonne tête et polis avec ça, à chaque fois que je passais devant eux, j’avais l’impression qu’ils me saluaient !
-Ils sont toujours comme ça ? Demandais-je à la personne qui m’avait accueillie, mais au fait, à qui avais-je à faire ? Propriétaire ou moniteur ? Ou peut-être les deux à la fois ?
-C’est vous qui donnez les cours ? Lui demandais-je, il faut que je vous dise que je n’y connais rien aux chevaux, j’avouerais même qu’ils me font un peu peur, mais c’est, sans doute parce que je ne les connais pas !
-Je me présente, je m’appelle Philippe, et je suis moniteur dans ce club, venez, je vais vous faire visiter.
Pendant que je faisais mon petit tour dans les écuries, une jeune fille passa devant nous, tenant son cheval en bride et là, je mesurais encore plus la grandeur de la bête ! Elle se dirigeait vers le manège, pour sa reprise, et j’y vis une merveilleuse occasion de voir comment ça se passait.
-Si vous avez un peu de temps, venez observer une leçon, ça vous donnera peut-être une idée sur ce qui vous attend !
Accoudée à la balustrade, j’étais subjuguée par la dextérité de la cavalière, on voyait tout de suite que ce n’était pas une débutante. Le cheval avait de belles allures et c’était un vrai régal pour les yeux de voir ce couple évoluer. C’était comme une danse, aux rythmes différents, ainsi le cheval passait du pas au trot puis allongeant la foulée, il s’envolait littéralement à travers le manège dans un galop effréné. Ebahie, je me prenais à rêver de me laisser moi aussi emporter sur ma monture dans une superbe galopade. Sauf que, pour cela, il me faudrait des heures d’entrainement, si tant est que je puisse y arriver un jour…
Conquise, malgré tout, je pris rendez-vous pour une première leçon.
-Revenez la semaine prochaine, nous avons un cours de débutants le samedi matin, si ça vous convient. Mettez une tenue confortable avec bottes si vous en avez, sinon des baskets feront très bien l’affaire. Pour ce qui est de la bombe nous avons ce qu’il faut.
La semaine suivante, à l’heure dite, je me présentai timidement à l’entrée des écuries, en fait, je n’en menais pas large, comment allais-je pouvoir m’occuper d’un cheval, moi qui avais si peur des animaux, une souris me faisait hurler, un chien m’effrayait, il n’y avait guère que le chat qui trouvait grâce à mes yeux. Mais j’étais partie pour une nouvelle expérience, pas question de reculer. N’avais-je pas souvent, dans mon métier, de terribles appréhensions que je devais surmonter ! Rassemblant donc tout mon courage, je rejoignis le groupe des débutants.
Nous étions quatre, pour ce cours, dont un jeune homme très élégant, en tenue complète, pantalon et blouson de circonstance, les bottes reluisantes. Je me suis dit en le voyant, celui-là sera moins beau quand il aura pris un gadin dans la boue. Il faut dire que la carrière, en cette période de l’année était peu avenante, plutôt boueuse et remplie de flaques d’eau. Les présentations furent brèves, les autres membres du cours étaient des jeunes filles qui semblaient aussi novices que moi, ce qui me réconforta. Philippe, le moniteur, voyant notre air inquiet, s’avança vers nous, un sourire ironique aux lèvres.
-Bonjour à tous, j’espère que vous êtes en forme. Vous allez d’abord faire connaissance avec vos chevaux.
Arrivant en dernier, il m’amena à la porte d’un box, d’où je vis dépasser la tête d’un cheval alezan. Je sus après qu’on nommait ainsi les chevaux avec une robe de couleur marron clair. Impressionnée malgré tout, je crois que je n’en avais jamais vu d’aussi près, je soulevais le loquet de la porte et rentrais doucement dans le box, comme on nous avait dit de le faire. Puis, m’approchant de Flen, c’est ainsi qu’il s’appelait, je me mis à le caresser lentement, sur le devant de la tête d’abord, puis, entre les deux yeux, zone particulièrement sensible chez les chevaux. Et ça devait lui plaire, car il avançait de plus en plus vers moi comme s’il voulait me pousser, ou encore chercher quelque chose dans mes poches. C’était un grand cheval, aussi impressionnant que ceux que j’avais vu lors de ma première visite, mais il avait quelque chose dans le regard qui m’attira tout de suite. Pourvu d’une belle crinière, un peu en broussaille à mon goût (je me disais qu’il faudrait que j’y mette de l’ordre), il était portait une balzane au pied gauche, lui donnant un air un peu bancale. Mais il me plaisait comme cela, et j’eus envie de le lui dire pour le mettre en confiance, ou peut-être étais-ce moi qui voulais me mettre en confiance !
Il faudra aussi que je prévois une pomme ou une carotte la prochaine fois, il m’a l’air d’être gourmand. Mais, le plus difficile restait à faire ! Un premier contact, c’est bien, sauf que, maintenant, il fallait passer aux choses sérieuses, et là, ça se compliquait un peu. Tout d’abord, passer la bride en mettant le mors dans la bouche du cheval, un exploit pour moi ! Mais, pas de panique, pour la première fois, le moniteur était là, et la démonstration sera magnifique ! En un tour de main, la bride fût passée sur les oreilles, le mors bien placé dans la bouche et les montants fixés sur les côtés. Cela semblait tellement facile quand on le voyait faire par une personne expérimentée, cependant, j’étais sûre qu’avec moi, ce serait une autre affaire… Deuxième geste important, la pose de la selle, là encore, démonstration fût faite par l’homme de l’art qui d’un geste maitrisé y parvint aisément. Une fois l’ensemble fixé, il n’y avait plus qu’à monter !
-Vous amenez vos chevaux au milieu de la carrière, et je vous montrerai comment monter dessus !
-Tu poses le pied gauche sur l’étrier et tu prends ton élan pour t’installer sur la selle en faisant volte face, bien sûr, tu dois te retrouver face à la tête de ton cheval.
Installé à mes côtés, Philippe joignait le geste à la parole. Et c’est vrai que cela paraissait facile, mais à l’essai, ce fût un peu plus compliqué. Et pour ce premier pied à l’étrier, je dus m’y reprendre au moins trois fois pour avoir un élan suffisant. Etant la dernière à monter, je me sentais observée par les autres, ce qui n’était pas pour me mettre en confiance. Mais, là encore, tout le problème n’était-il pas là chez moi ? Cette fameuse confiance en soi ! Déjà, dans mon métier, je ne montrais pas toujours une parfaite assurance et je devais souvent prendre sur moi ! L’exercice allait sûrement se répéter dans cet apprentissage de l’équitation, mais du moins, me disais-je, cela ne concernerait que le cheval et moi !
-Allez, maintenant que tout le monde est en selle, on va commencer la leçon. Au pas d’abord, pensez à vous redresser, les mains fixées, les jambes en action, les pieds descendus dans les étriers et vous avancez tranquillement.
A la queue leu-leu, les chevaux prenaient leur rythme, Flen suivait gentiment, la tête redressée, attentif à tout ce qui se passait autour de lui. Quelle drôle d’impression, cependant d’être ainsi, haut perché sur le dos d’un cheval, mais il fallait tout de même serrer les fesses et maintenir les jambes pour le faire avancer. Si cela était encore à ma portée, les choses commencèrent à se compliquer quand d’un air tranquille, le moniteur annonça qu’on allait passer au petit trot. Tout gentil qu’il fût, mon Flen sentit que l’allure s’accélérait et voulant manifester sa joie, commença à lancer quelques ruades, me faisant balloter d’un bord sur l’autre.
-Aie, aie, aie, je vais finir par tomber !
-Accroche-toi, me dit Philippe, tu tires trop sur sa bouche, amène-le gentiment au trot !
Il en avait de bonne, lui, je n’en menais pas large et il s’en fallut de peu que je ne sois propulsée sur la terre ferme de la carrière. Heureusement, la leçon touchait à sa fin et c’est avec un grand bonheur que je mis pied à terre, toute surprise de reprendre contact avec le sol. Je caressais l’encolure de Flen pour le féliciter de ne pas m’avoir fait tomber.
Une fois à terre, je ressentis une drôle d’impression comme si j’avais eu les jambes écartelées, mais il parait que c’est normal, après une première leçon, soit disant que l’on s’y habitue à la longue. Cela me donnait pourtant, une drôle de démarche, mais en observant les autres, je me rendis compte qu’ils ne valaient pas mieux que moi.
-Dure, dure, pour une première, me fit observer ma voisine, tu reviens la semaine prochaine ?
Comment faire autrement ? Je n’allais pas abandonner dès le premier cours, mais j’avoue que je n’avais pas vraiment mesuré la difficulté de la chose !
Plus on approchait de l’écurie, plus Flen accélérait le pas, pressé sans doute de retrouver la quiétude de son box. Il est vrai que je ne l’avais pas ménagé, avec mes maladresses de débutante. Promis, j’essayerai de faire mieux la prochaine fois, lui confiais-je au creux de l’oreille « tu vas voir, on va finir par s’entendre, toi et moi » ce qu’il sembla apprécier, me donnant un bon coup de tête sur l’épaule.
Après une semaine particulièrement difficile pour cause de travail excessif dans le service où je travaillais, je dois dire que j’étais contente de retourner au club pour une nouvelle leçon. Et même si toutes mes appréhensions n’étaient pas levées, loin de là, je me disais que cela aurait au moins le mérite de me changer les idées. Pourtant, une surprise de taille, nous attendait à notre arrivée, les boxes étaient vides ! Mais où étaient donc passés les chevaux ? Juste à ce moment là, heureusement, Philippe arrivait au pas de course. Mais que tenait-il donc dans sa main ? On aurait dit une sorte de lasso ! En fait c’était un licol, et il nous informa tout de suite que nous irions, aujourd’hui, chercher les chevaux dans le pré.
-Prenez chacun un licol, comme moi et nous allons jouer au cow-boy pour attraper le cheval que vous allez monter.
Dit comme ça, cela paraissait sympa, sauf que, une fois arrivés sur les lieux, il fallait déjà repérer le bon cheval ! Ils étaient assez nombreux à se repaitre dans ce pré attenant au club, certains rassemblés, d’autres isolés, et bien sûr, de nombreux alezans. Après un bon moment d’observation, je crus reconnaitre Flen, mais je n’en étais pas sûre et en plus, je ne me sentais pas des plus courageuses pour m’avancer toute seule vers lui.
-Je crois que je vais avoir besoin d’un peu d’aide, dis-je à Philippe, sinon, je n’y arriverai jamais. En fait, plus le cheval avançait, plus je reculais, une peur instinctive, sans doute, qui me restait chevillée au corps.
-Viens avec moi, et n’aie pas peur, car, tu sais, il a plus peur que toi ! Je t’explique… Tu t’approches doucement, tu tends la main vers lui, et tu vas chercher le contact pour le caresser, ensuite, toujours doucement, tu passes le licol sur la tête, tu refermes la boucle et voilà, le tour est joué, c’est tout simple ! La prochaine fois, c’est toi qui le fais ! Et maintenant, tu ramènes gentiment ton cheval au manège, où doivent déjà nous attendre les autres.
Au fur et à mesure des leçons, je compris rapidement, que je ne deviendrais jamais une cavalière émérite, toutefois, j’avais appris à aimer mon cheval. Au fil des rencontres, il me semblait qu’un certain lien s’était crée entre nous. Si je n’avais pas complètement vaincu mes appréhensions, tout du moins je réussissais à entrer en contact avec lui. Je n’avais plus peur en entrant dans son box, j’arrivais plus facilement à lui caresser cette belle liste blanche qu’il avait sur le chanfrein. Je n’oubliais jamais d’amener avec moi, une pomme ou une carotte, que je lui présentais à la bouche et qu’il happait rapidement laissant la marque humide de ses lèvres dans le creux de ma main. C’est grâce à ce contact aussi, que je pouvais désormais lui présenter le mors pour installer le filet, mais je galérais toujours pour lui faire baisser la tête afin de mettre en place le « dit, filet », derrière les oreilles. Pour ce qui est de la selle, il ne fallait pas oublier d’installer le tapis au préalable, mais là, Philippe ne manquait jamais d’en vérifier le bon ajustement avant que nous montions à cheval.
Tous ces exercices répétés, me donnaient un peu plus confiance en moi, et je me sentais prête à suivre le groupe en promenade. En fait, je dirais même que pour moi, c’était le but véritable de mon apprentissage, si j’avais supporté toutes ces leçons fastidieuses, c’était pour en arriver là. Etait-ce à cause de cette image du cavalier dans la forêt qui m’avait toujours paru fascinante ? Je ne saurais le dire, toujours est-il que je me réjouissais de cette sortie !
-La semaine prochaine, je vous emmène dans la forêt ! Prévoyez un vêtement imperméable, car on n’est jamais à l’abri d’une averse en cette saison.
Philippe nous mit à tous du baume au cœur avec cette annonce, de plus, nous arrivions au printemps et avec la nature qui commençait à reverdir, la forêt devait être magnifique.
Le jour J, dûment casqués et bottés, le k-way, autour de la taille, tout le monde était prêt au départ.
-Je prends la tête de file et vous allez me suivre. Respectez vos distances, les chevaux ont tendance à botter s’ils sont trop prêts les uns des autres, et soyez attentifs. Bonne balade à tous ! On y va !
Par chance, le soleil était au rendez-vous ce jour-là et la lumière qui traversait les branches des arbres, créait un décor magnifique. Les chevaux se suivaient docilement, chacun menant tranquillement sa monture au pas, rennes longues. Flen semblait d’humeur joyeuse, je pense qu’il appréciait autant que moi cette balade, il dodelinait la tête d’un bord sur l’autre observant de son œil curieux la nature autour de lui. Pour une fois qu’il franchissait les limites du club, il n’allait pas bouder sa joie !
Une belle et longue allée s’ouvrait devant nous quand j’entendis Philippe annoncer « tout le monde au trot ». Un peu paniquée par le grand espace de liberté qui s’offrait à nous, j’essayais de me rappeler toutes les consignes que nous avions eues en cours : serrer les jambes, les pieds descendus dans les étriers, se soulever au rythme du cheval pour un beau « trot enlevé ». A peine avais-je réussie à prendre la cadence, que, sans trop savoir pourquoi, je sentis Flen s’emballer et partir au galop, dépassant tout le monde. Qui cherchait-il à rattraper ? Avait-il repérer un animal au loin, où avait-il eu peur du souffle du vent dans une branche d’arbre ? Je n’aurais su le dire, toujours est-il, qu’Il ne fallait surtout pas crier, on nous l’avait suffisamment répété, cela affolait encore un peu plus le cheval, mais alors, que faire ? J’avais beau serrer les fesses, tirer sur les rennes et sur la crinière en même temps, rien n’y faisait, je me sentais complètement impuissante à apporter le moindre changement de rythme à ce cheval qui semblait avoir été piqué par, je ne sais quelle bête !
J’entendais la voix de Philippe qui se faisait de plus en plus lointaine « freine, freine, sers-toi de tes jambes », sauf que, ce n’était pas une voiture, et je n’arrivais pas à trouver le frein. Au bout de quelques mètres, cependant, un frein naturel vint enfin à bout de notre course. Une branche d’arbre que je n’avais pas vue, traversait l’allée. Trop occupée à essayer de tenir en selle, je la reçue en pleine gorge. Aussitôt, Flen s’immobilisa, me projetant du même coup dans le fourré, heureusement sans épines, car le choc fût assez violent. Dans un moment de panique, je crus que je ne pouvais plus déglutir et je crois que j’avais dû pâlir, car Philippe arrivant tout de suite sur les lieux, me tapa sur l’épaule, pour me demander si ça allait. Me voyant réagir, il attrapa vigoureusement les rennes de Flen pour l’empêcher de fuir.
-Tu nous as fait peur ! On a cru que tu voulais grimper aux branches !
Je n’avais pas trop envie de plaisanter, me sentant un peu penaude sur ce coup-là. De plus, ma gorge commençait à me brûler, je m’aperçus plus tard que j’avais une belle balafre tout le long du cou, mais, heureusement rien de cassé.
-Tu peux remonter en selle ? Je crois que tu ferais mieux de rentrer au club ! Puis s’adressant aux autres,
-Désolé, mais la balade est terminée, je dois raccompagner cette jeune fille !
C’est ainsi que ce termina cette balade en forêt qui avait pourtant si bien commencée ! J’en garderais longtemps le souvenir avec une cicatrice sur le cou que j’essayerai tant bien que mal de cacher avec un joli foulard, sous peine d’essuyer quelques commentaires de la part de mes concitoyens de l’hôpital !
Mais il m’en fallait plus pour me dégoûter de l’équitation. Un jour que je partageais mon expérience avec cet ami médecin qui en était beaucoup l’instigateur, je lui dis
-En fait, je crois que je ressens plus le besoin du contact avec le cheval que de véritables performances d’équitation ! Tu vois avec Flen que j’ai souvent l’occasion de monter, peut-être plus qu’avec un autre, il s’est crée un vrai lien. J’ai l’impression qu’il me reconnait lorsque j’arrive. L’autre jour, je ne sais plus pour quelle raison, je n’ai pas pu le monter, hé bien, tu aurais dû voir comme il tapait dans son box, c’était vraiment amusant !
C’est vrai que j’avais développé une relation particulière avec ce cheval, comme un rendez-vous d’amour, avec cette dimension toute à fait spéciale dans le rapport de l’homme à l’animal. Par la suite, me disais-je, et si un jour, j’ai un peu plus d’argent, je pourrais peut-être l’acheter, et ainsi, nous deviendrions vraiment inséparables. Comme quoi, un simple « pied à l’étrier » peut vous emmener plus loin qu’on ne pensait …
Fin