LE PRESIDENT

Bisounours, Doux rêveur, Candide, illuminé, utopiste....

Les mots claquent à mes oreilles alors que la tempête médiatique provoquée par mes agissements qualifiés de 'douteux' m'empêche de dormir.

Au beau milieu de ce Palais de l'Élysée auquel j'ai rêvé tant d'années sans oser l'avouer à mes partisans . Je me sens heureux et sûr de mes choix.

Rien ne me prédestinait à la fonction, je ne sortais d'aucune grande école, n'étais pas avocat, ni médecin. Juste une différence à priori extraordinaire, qui faisait de moi le chantre de la bouteille à moitié pleine.

Ma campagne a cloué le bec aux Cassandres en tous genre. La crise, la guerre, la faim ? Je ne suis pas une quiche, je vois, je sens, je soupèse les malheurs du genre humain mais fatalement mon cerveau ne sait que positiver....

Au début je positivais chez moi avec ma femme et mes enfants, ensuite avec mes collègues de boulot, puis j'ai créé le blog des « incorrigibles optimistes » alors le phénomène a explosé comme une bombe au milieu des costards- cravattes gris et noirs.

Des hordes de gens (au début surtout des femmes il faut le dire) m'ont demandé de m'engager, de jouer un rôle, de bouter hors de France (les plus féroces disaient hors du monde) les technocrates hâcheurs de bonne humeur, trucideurs de joie de vivre, empêcheurs de félicité.

Voilà je suis là, élu (70% des suffrages exprimés, du jamais vu). Mon gouvernement éclectique et novateur a déclenché l'hilarité des opposants. Je comprends.... finis les quinquas, sexas... bonjour la diversité !

La plus jeune conseillère a dix ans, le plus âgé 100.... Je n'ai pas éjecté les énarques, je leurs ai adjoint des acteurs de la vraie vie, dans le désordre, un boucher, une femme de ménage, une danseuse du ventre, un guichetier de banque, une ménagère de moins de 50 ans, un curé de campagne,un gagnant du loto, un imam homosexuel, un rabbin iconoclaste, un moine-ermite récemment sorti de sa grotte, un geek, une mode-addict, une joueuse invétérée …. enfin tout ce qui fait la société française....

Mon programme est en gestation depuis ma naissance, ma lumière intérieure a fait le reste. Mes ministres ont l'obligation de rire, finis les airs pincés, finies les piques épistolaires ou audiovisuelles.

J'ai instamment demandé aux journalistes de jouer le jeu de la bonne humeur, de la méthode Coué. Alors de l'info certes, mais avec un équilibre (je préfèrerai un déséquilibre) entre les mauvaises et les bonnes nouvelles. On manque d'argent, bonjour la solidarité ! Les tomates sont fades, vive la gastronomie ! Les enfants n'ont pas d'avenir ? Balivernes ! Les banlieues s'embrasent, offrons leurs des feux d'artifice ! De l'énergie positive, c'est ce que je leur souhaite mais me suivront ils ?

Des chefs d'état étrangers m'ont déjà rejoint, Barak est à fond dans la positiv'attitude, les africains pensent enfin avoir trouvé la voie, bizarrement les indiens trouvent cela idiot (on s'attendait à mieux du pays de Gandhi).

Notre devise : un rire, un chant, un héros,

Le 20 mai 2012