Le Président
Hervé Lénervé
Tout petit, ma mère avait déjà beaucoup d'ambition pour moi, elle voulait que je sois Président de la République.
Donc je fus élevé, éduqué, dressé que dans ce seul but, je serais Président ou je ne serais rien qu'un pauvre raté, sans Solex à douze ans, ni Rolex à quarante. C'est dur, pour un p'tit bout d'choux insignifiant, que d'avoir de telles pensées en tête, toute son enfance, c'est pesant à la longue.
Quand mes camarades de classe me disaient : « moi, plus tard, je serais pilote de course ! » Un autre : « Plus tard, moi, je serai docteur… avec le fouet et la chaise ! » Même le cancre avait des ambitions atteignables, il voulait être un âne. A tous, je répondais, le plus sérieusement du monde : « moi, plus tard, les gars, je serai votre Président ! » Bien sûr, qu'évidemment, cela les faisait bien marrer, mais marrera bien qui se marrera le dernier.
Donc, imperturbable je continuais mon petit bonhomme de chemin vers l'Elysée en bossant comme un malade.
Puis, pour faire cours, je fus élu très jeune Président de la République. Mon rêve idéalisé, mon fantasme réalisé ! J'étais dans un état d'excitation extrême d'avoir réussi… Puis passé le temps de l'euphorie, je commençai à déchanter à la vitesse grand Vévé (c'est mon surnom pour les intimes), c'était d'un chiant, d'être Président ! Sans cesse en représentation en France comme à l'étranger avec un aréopage de rasoirs. Sans cesse critiqué, sans cesse en bagarre contre ces bœufs qui ne pensaient qu'à leur avoine.
Plusieurs fois, j'ai voulu jeter l'éponge, je ne sais comment, j'ai pu tenir jusqu'à la fin de mon mandat.
Mon parti voulait que je me représente. Alors, là, non, pas question, pour rien au Monde ! Plutôt crever ! Je me retirais définitivement de la vie publique.
Mon problème, c'était que du coup, je n'avais plus d'autres ambitions en magasin, plus d'autres projets, plus d'Everest à gravir. Tout ce que j'aurai pu tenter de devenir, à présent, me paraissait fade et indigne de mon statut, indigne de Moi, quoi !
Comme ma mère ne pouvait plus m'aider par dispense de décès, je me balançais du haut d'une falaise par une belle matinée de printemps*. Allez, hop ! Bon j'ai bien essayé de voler un peu, un moment, mais la chute ne fut pas assez longue pour que j'apprenne vraiment, donc, PLATCH ! Je m'écrasai comme une grosse crêpe, une grosse merde de Président sur les rochers en contre-bas, car en contre-haut, j'en venais, je n'allais pas y remonter, non plus.
*Si on tente de mettre fin à ses jours, en se pendant dans sa cage d'escalier à l'heure où les gens rentre du travail, pour ceux qui en ont un. Les gens diront de vous, « il a fait une tentative de suicide et il en est mort. » Si on se jette du haut d'une falaise, les gens diront de vous « il a fait un suicide. »
Ben si l'autre y pouvait aussi se jeter d'une falaise, ça nous ferait de l'air!
· Il y a presque 6 ans ·arthur-roubignolle
Il suffit juste de le faire démocratiquement descendre de son trône :)
· Il y a presque 6 ans ·Mario Pippo
Entre nous, le vol plané d’une falaise a une autre gueule que la vulgaire descente d’un tabouret. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
C'est clair que si on rêve tout petit d'être un gilet jaune il nous reste au moins l'espoir de la falaise :o)
· Il y a presque 6 ans ·daniel-m
La falaise, que l'on rêve d'être Président ou Gilets Jaune semble être la seule issue respectable. Go ! Vive le parachutisme sans parachute ! :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Il est vrai que le camembert vole mal et finit par couler.
· Il y a presque 6 ans ·yl5
Pas de pub ! Pas de marque ! :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Règle numéro 1 : ne pas suivre les injonctions de ses proches quand aux plans de carrière, le fiasco est fourni avec sinon.
· Il y a presque 6 ans ·martinet
Règle n° 2: Appliquer la règle n° 1 ! :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Règle numéro 3 : oublier les règles 1 et 2 et faire chauffer l'eau pour les œufs durs
· Il y a presque 6 ans ·martinet
j'aurais préféré au plat, les œufs, on peut changer ? :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé