LE REVEUR EVEILLE

Le rêve n’est-il que dans la tête ? Vivons-nous nos passions à cause de nos rêves ? Sommes-nous éveillés ou bien pataugeons-nous dans l’irréalité ? Sommes-nous des autres vivants ou des nés morts ?

Me voici embringué dans des conceptions philosophiques dont je n’ai que faire. Philosophie orientable, oxydable ou transportable ; qu’importe parfois le pourquoi du pourquoi.  Je n’aime pas les intellectuos, les « ceux » qui refont l’univers à grands coups de neuronite.

Je suis pour l’humain, le vrai, celui qui se trompe mais qui, de temps à autre, a des lueurs de bon sens. Je suis pour l’humain, le vrai, celui pour qui la Lune est un pied-à-terre. Celui qui monte sur son piédestal à coup de pied de nez. Celui qui sérieusement ne se prend pas au sérieux.

J’aime faire sérieusement le clown. Etre dans l’autre part ce quelqu’un d’autre qu’ailleurs.

Quelqu’un a mis des pieds à mes souliers pour marcher dans ma tête...

Imagine, un instant, que tu ne sois plus rien,

Qu’un flottement léger, qu’un infini, qu’une ombre,

Et, qu’en te découvrant, tu découvres le nombre

Impalpable et léger d’un vieil épicurien.

Que ce plaisir de vivre, en noceur, en vaurien,

Ne soit que l’illusion d’un rêve qui t’encombre.

Que te trouvant là, seul, inutile décombre,

Tu te dévoiles fou de n’être qu’un terrien.

Dans ta tête, à l’abri des regards imbéciles,

Tu goûterais ce monde, utopique et facile,

Que la réalité ne saurait déranger.

Pour, dans ce tourbillon que ton cœur se compose,

Dans ce vouloir d’aimer que tu veux engranger,

N’être au fond qu’un infime pétale de rose.

Recueil : Le Coeur à Fleur de Plume, Editions Laïus, Angers 2009