Le plus bouffon des deux
Paul Robert De La Fauvellerie
Le Roi s'adressa à son bouffon préféré en ces termes 'Tu ne me fais plus rire, tu as huitaine pour te remettre en question, sinon tu seras supplicié en place publique". Le bouffon, pourtant réputé pour sa drôlerie féroce et son imagination n'en croyait guère ses oreilles. Comme il aimait faire rire ce Roi qui, croyait-il jusqu'à présent, était ouvert et généreux envers sa personne. Et voici qu'il était confronté au pire des ultimatums. Depuis que le Roi avait perdu une bataille face à son cousin du Royaume d'en face, il était certes un peu chagrin et moins bon public qu'auparavant, mais de là à faire exécuter son bouffon, il y avait quelque chose d'excessif. "Le pouvoir est excessif par nature", pensa la future victime des écarteleurs sadiques. Il lui fallait sauver sa peau, lui qui venait de prendre femme, une des nombreuses servantes de ce grand château, pure et douce, tout ce qu'il attendait de la vie. Elle devait bientôt donner naissance à leur premier enfant. Il se saigna la cervelle et tenta d'imaginer les meilleures blagues de son existence. Mais, les jours passant, rien ne venait à son esprit, il se rendît compte qu'il avait probablement épuisé ses réserves, et par-delà même ses chances de survie. Il alla donc voir l'enchanteur du lieu pour lui demander s'il n'existait pas une quelconque potion pour dérider le monarque. "Le rire ne se commande pas mon cher, il se provoque, se crée." Lui répondit le magicien. Il n'était pas aidé par de telles phrases sentencieuses. Il songea à fuir, mais il savait que l'on finirait par le retrouver et que le châtiment serait pire encore. Il décida d'affronter son destin et s'y prépara. Le lendemain, fin de l'ultimatum, se tenait un grand banquet où tous les seigneurs du royaume étaient réunis. Certains ne cachaient pas leur satisfaction de la probable future exécution, il faut dire qu'il étaient bien souvent confrontés à la verve moqueuse du bouffon. Le repas était excellent, on avait bien ripaillé et bien bu, mais le Roi avait toujours le regard vide. On fît venir l'artiste qui sortît tout un amas de blagues sur tous les convives, mais le Roi ne riait toujours pas. Il se mît même à bailler. Irrité, et désormais suicidaire, le bouffon se moqua donc... du Roi lui même. Il ironisa avec talent sur son manque de savoir-faire au combat, cause de sa défaite contre son cousin, et sur le fait que le jeune Prince n'était pas issu de sa couche mais de celle de son adversaire. Tout le monde ici présent riait à plein éclats devant tant de talent déployé. Le Roi fît arrêter le bouffon et ordonna son exécution. Ce dernier eût cette phrase avant de mourir "Je préfère mourir comme le Roi des bouffons que vivre en servant un bouffon Roi"...
Aprés le repas, le bouffon, c'est certain que le roi ne peut pas tout digérer !
· Il y a presque 5 ans ·yl5
Ce bouffon avait beaucoup de courage et a terminé en beauté, même s'il a payé le prix fort...
· Il y a presque 5 ans ·Sy Lou
Oui, c’est fou ce que le désespoir peut amener à faire... Il s’est offert une sortie digne.
· Il y a presque 5 ans ·Paul Robert De La Fauvellerie
A, l'époque le bouffon était bien sur le fil du rasoir...à présent, même s'il ne fait plus rire, il ne craint les foudres que des médias !
· Il y a presque 5 ans ·Louve
Les médias sont nos nouveaux rois, en quelque sorte...
· Il y a presque 5 ans ·Paul Robert De La Fauvellerie
Un bouffon qui a au moins le sens de l'honneur !! sympathique histoire Damien
· Il y a presque 5 ans ·marielesmots
Oui, le sens de l’honneur, c’est tout ce qu’il lui restait dans son désespoir. Merci Marie.
· Il y a presque 5 ans ·Paul Robert De La Fauvellerie