Le sang des Amoureuses (quatrains fantasmés).

Le sang des Amoureuses est en quête d'excès,

Refusant la couardise et méprisant les ruses,

Il maudit la Justice aux stupides procès,

Et submerge le corps des Femmes sans excuses.

Nul n'a le droit de voir le sang des Amoureuses.

Protégées par la Nuit, parfois, toutes ensemble,

Chacune en fait couler une goutte. Orgueilleuses !

La Lune est votre amie dans la forêt qui tremble.

Vous arrosez un arbre avec ces gouttes sombres,

Femmes en multitudes, et vous cueillez ses fruits.

Mangez à votre faim, et puis, sortez de l'ombre,

Prêtes pour le combat. Malheur à qui vous nuit !

Amoureuses ! Ce mot porte la dignité.

Vos droits ? Vous les prenez de force, avec courage.
Vos doutes sont finis avant d'avoir été.

Aucune d'entre vous ne pourrait être sage.

Formez-vous, Amoureuses, une secte sans lois,

Sans souveraine élue, sans rituels ni démons ?

Le Monde, à peine éclos, reconnaissait vos voix,

Car vous chantez la vie, l'espoir, et le pardon.

Les dieux et tous les anges, et les forces obscures,

Aussi puissants soient-ils, n'ont sur vous nulle emprise.

Votre sang leur fait peur. Le Bien, le Mal ? Trop pures,

Amoureuses ! Violentes, amorales. Insoumises.

Le sang des Amoureuses gicle et coule en cascade,

Quand, rivales soudain, deux d'entre elles s'affrontent.

Les couteaux sont levés. La mort en embuscade.

Elles taillent, elles tuent. Sans pitié. Et sans honte.

Amoureuses... Songez aux destins de souffrance

Que vous avez soignés, à ces timides flammes

Devenues des lumières, couleur d'espérance.

Vous guérissez les corps. Qu'advient-il de vos Âmes ?

       Edouard HUCKENDUBLER (poète à l'angélisme assumé).