Le Secret

Zazie Le Tuto

"ENGUERRAN: Ecoute Marvy, il faut me comprendre, je ne peux plus continuer avec toi, je n'éprouve plus aucun sentiments et je préfère vivre une vie pleinement sexuelle.

Envoyé le 14 février 2015 à 14h10"

Marvin avait laissé ce message sur son Iphone, malgré son contenu. Il se sentait comme dans un étau, où il devait absolument s'échapper, carce dilemme le rongeait de l'intérieur: fallait-il oublier à tout jamais Enguérran, le premier amour de sa vie et passer à autre chose pour guérir, ou choisir la facilité de graver ce message dans sa mémoire?

Pour un être quelconque, le problème aurait été vite résolu: le jeune homme devait tout faire pour oublier cet escroc, cet homme de vingt-cinq ans qui l'avait séduit en deux jours et s'était fait passer pour un homme "parfait". 

"Mais la perfection n'existe pas", se disait Marvin en se rongeant les ongles, assis sur un banc à l'intérieur de la gare Montparnasse. Il avait acquis cette sale habitude de se ronger les ongles depuis le jour où on l'avait insulté de "tarlouze". Il s'était juré que plus jamais il ne se laisserait faire, mais il n'avait rien fait pour remédier à cela tant il n'était pas aidé à cette époque. Aujourd'hui, il lui arrivait encore de songer en ce temps où il était au collège et où la solitude s'installait peu à peu dans sa vie.

Ce pauvre garçon qui attendait ses parents à la gare avait été honteusement quitté par Enguérran et s'était retrouvé sans travail et sans domicile. Il ne parvenait toujours pas à assumer son homosexualité, bien que ses parents la tolérait.

Depuis qu'il avait découvert son homosexualité, Marvin avait toujours essayé de s'intégrer dans la communauté LGBT, en vain. En effet, ses hobbies tels que la culture et les sciences n'étaient pas pour plaire aux homosexuels qu'il rencontrait. Ajoutez à cela ses cheveux bruns épais et ses yeux noisettes, et vous obtiendrez les harcèlements que lui infligeaient homos, bis, et lesbiennes, signe de l'intolérance qu'ils ressentaient à l'égard des individus différents d'eux et faibles qui n'osaient pas s'assumer de façon provocante et vulgaire : faire l'amour dans les ruelles les plus sombres des villes, ou embrasser goulûment soin partenaire.

Marvin vit alors une voiture grise qui ne lui était pas inconnue : ses parents étaient arrivés et bel et bien disposés à l'accueillir chez eux pour lui faire oublier ces terribles événements ?

Marvin se leva, révélant ainsi sa grande taille et sa fine silhouette. Cela faisait tellement longtemps qu'il rêvait de revoir ses parents et les serrer dans ses bras.

-Salut mon bonhomme ! S'écria John

-Salut Papa ! Où est maman ?

-Ta mère te prépare une surprise ! Tu la connais ?

-Oui

Marvin se précipita dans les bras de son père en émettant de petits rires, trahissant sa tristesse.

« Je te raconterai tout à la maison Papa ! » chuchota le jeune homme à l'oreille de son père.

Rentrés à la maison, les deux hommes se séparèrent, le père allant ranger les bagages, le fils se réfugiant dans les bras de sa mère.

Marvin leur raconta tout ce qui s'était passé, et son récit fut conclu par des « Il mériterait de se faire écraser ce type », « Salopard ! Quel fils de... ».

Même si il était gentil et naïf, Marvin était en accords avec ces dernières paroles.

La soirée se finit par un de ses mets préférés.

Cette nuit, le jeune homme s'endormit dans son lit d'adolescent. Il eût du mal à trouver un sommeil réconfortant et fit un cauchemar assez réaliste.

Il était dans une salle de classe, assis tout devant et entendait les cris des autres élèves derrière lui. Marvin aurait voulu se retourner mais n'y parvenait pas : c'était comme si il n'arrivait pas à décoller ses fesses de la chaise. Les élèves derrière lui lançaient des insultes :

-Hey le PD !

-Tu veux du maquillage ? J'ai du rouge à lèvres si tu veux.

-PD !

-Tarlouse ! Tarlouse ! Tarlouse !

Après ces paroles, Marvin voyais tout en troubles. Il aurait voulu se défendre, mais il ne pouvait pas bouger. Il tremblait, angoissait tellement qu'il ne pouvait plus rien voir, effrayé par la peur elle même de vouloir se défendre contre ces attaques haineuses et homophobes. Tandis qu'il toussait, s'étouffait comme lorsqu'on inhale de la fumée, une voix masculine et terrifiante hurlait :

-DEFENDS TOI TARLOUZE !

Marvin respira alors profondément, les yeux grands ouverts, avec l'impression qu'on l'avait sauvé d'une noyade. Il était allongé sur son lit : il s'était réveillé.

Pour le jeune homme, ce rêve était significatif. Depuis tout petit, il était traité comme un être différent et épargné de tout événements collectifs. Il se disait toujours qu'il lui fallait riposter contre ces attaques :

« La prochaine fois, je me défendrai », pensait-il, mais Marvin avait cette sale habitude de repousser les bonnes résolutions au lendemain. Cette manie le détruisait jusqu'à lui provoquer ces entailles : c'était au collège, lors d'une grave brimade en classe que des « camarades » l''avaient harcelé d'insultes homophobes et taillé la peau de sa ceinture abdominale à l'arme blanche le soir après les cours. Il avait donc été forcé de tout révéler à ses parents et de leur annoncer qu'il préférait les hommes aux femmes, ce que John et Lily tolérèrent. Ils avaient cependant porté plainte sur le harcèlement que subissait leur fils depuis longtemps.

Aujourd'hui, il ne voulait pas que ses parents se sentent concerner par son mal-être et sa solitude. C'est pourquoi Marvin décida de ne rien dire à John et Lily de ses bonnes résolutions qu'il allait tenir jusqu'au bout cette fois.

Longtemps lors de cette journée, il s'occupa de penser à un plan qui puisse le guérir de la solitude. Il pensa qu'il n'était sûrement pas le seul à ressentir une telle déception vis-à-vis de la communauté LGBT, univers dont les habitants ne semblent être concernés que par les apparences. Y aurait-il quelque chose d'intéressant derrière toutes ces futilités ? Marvin devait en avoir le cœur net.

Le dimanche, après avoir mangé, Marvin alla s'asseoir sur le canapé face à la télévision. Il aurait bien voulu repenser aux doux moments passés sur ce canapé, mais il devait surtout se concentrer à l'endroit où il ira pour parler à des gens comme lui.

Alors que la télévision diffusait une de ces séries du dimanche, Marvin s'interrogea :

« Où pourrait-il y avoir des personnes aussi marginales que moi ? »

Il se rendit vite compte qu'il avait besoin d'aide pour trouver ce genre d'endroit, car isolé des autres individus depuis son plus jeune âge, il n'avait jamais pénétré dans ces lieux.

Pas question d'en parler à ses parents : il lui fallait consulter l'ordinateur de sa chambre.

Il monta donc les escaliers et entra dans sa chambre. Sa recherche lui donna énormément d'indications sur les milieux de rencontre gay. A proximité de la maison de John et Lily, seuls deux bars gay étaient ouverts, mais il en préféra un tout particulièrement. Ce bar s'appelait Secret. L'autre avait un nom d'un assez mauvais goût : La Folle Rose.

« Je ne peux pas aller dans un bar dont le nom a des consonances stéréotypées du gay.» se dit-il.

Il cliqua sur le lien menant au site officiel du Secret. Le site arborait les couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de liberté et d'égalité. Le regard de Marvin fut attiré par un texte jaune écrit en gras.

« CE MARDI 15 FEVRIER A 19H00, SPEED DATING AU SECRET ! NE REGRETTEZ PAS LA SAINT VALENTIN ET VENEZ NOMBREUX AVEC VOTRE PIECE D'IDENTITE. INTERDIT AUX MINEURS. »

Marvin avait 21 ans et se sentait prêt à affronter ses démons les plus atroces : sa différence et son passé amoureux. Il en avait marre de se lamenter sur son sort et ne rien faire pour remédier à cela. Pour lui, c'était ce soir ou jamais.

Il parcourut le site une dernière fois. Une description mentionnait que le bar était réputé pour sa grande tolérance et ses boissons à prix bas.

Le jeune homme regarda sa montre qui indiquait 14h30. Il avait été tellement captivé par son plan, à l'idée que tout commençait par s'arranger.

Il descendit au salon avec empressement et trouva ses parents assis sur le canapé :

-Je sors, je risque de rentrer assez tard, alors m'attendez pas pour manger d'accord ?

-Très bien Marvy ! Tu rateras tes pâtres à la carbo !, plaisanta John.

-Aucun soucis !

-Je me demande bien où tu peux all...

Le temps que Lily finisse sa phrase, Marvin avait franchi le seuil de la porte d'entrée, excité à l'idée qu'il allait enfin pouvoir rencontrer des personnes comme lui.

Il retrouvait le plaisir d'écouter les oiseaux chanter, voir les petits enfants courir et jouer dans le parc à la rue des sorbiers.

Marvin passa toute cette journée à contempler le ciel bleu et l'herbe verte. Il avait pris son livre préféré jauni par le temps et lisait sans être concentré, plus excité que jamais par ce qu'il allait vivre.

Le ciel prit une teinte orangée virant au rose. Marvin regarda sa montre. Elle affichait 19h00.

Il pouvait sortir du parc et se diriger vers le Secret, rue des fusillés.

Quelques minutes plus tard, Marvin se tint derrière la porte du bar.Des petites lettres aux couleurs de l'arc-en-ciel décoraient le haut de la porte et indiquaient le nom du bar.

Le jeune homme recommença à se ronger les ongles. Il y a quelques heures, il aurait juré être enthousiaste à l'idée de passer une soirée avec des garçons comme lui.

A présent qu'il détruisait ses ongles, il savait pourquoi il était aussi anxieux. Il appréhendait l'affrontement entre son passé glauque et lui-même. Il sentit son cœur battre décrocha ses poumons.

-Tout va bien ? dit une voix derrière Marvin.

Le jeune homme se retourna. La voix provenait de la bouche fine d'un homme costaud.

-Première fois ici ? Allez, entre donc ! Ils ne vont pas te manger !

-Euh... oui, oui bien sûr !

Les mots de l'homme l'avaient rassuré et il s'était juré de passer la soirée en sa compagnie. C'était sans compter les instants du Speed Dating.

En entrant, Marvin fut surpris par le décor sobre, mais chic, du bar. On pouvait voir un comptoir gris sombre, contrastant avec la clarté blanche des murs. Des tables noires à deux chaises peuplaient le milieu de la salle.

-Messieurs, bonsoir ! Je vous souhaite la bienvenue au Secret. J'espère que cette soirée sera comme toujours placée sous le signe de la tolérance . Bonne soirée à tous !

Marvin s'assit à côté de l'homme qui l'avait rassuré, près du comptoir.

-Cela fait longtemps que vous venez ici ?, demanda Marvin.

-Je suis fidèle à ce bar depuis l'âge de 25 ans ! C'est un lieu qui m'a guérit de la solitude.

-C'est justement ce qui m'a attiré !

-Comment ça ?

-Et bien je me suis renseigné sur des lieux réunissant des gens comme moi.

-C'est-à-dire ?

Marvin sentit qu'il pouvait faire confiance en cet homme. Ses rides et le ton de sa voix prouvaient sa maturité.

Longtemps la communauté gay m'a rejeté : j'étais beaucoup trop cultivé ? Ça a toujours été comme ça. J'aimais des choses que les autres de mon bord, ceux que je connaissais, n'aimaient pas. Il m'est arrivé de me faire frapper par des homophobes quand j'étais entroisième.

Marvin releva son débardeur jusqu'en haut de son ventre imberbe, pour lui montrer les cicatrices qui marquaient son corps . Il s'attendait à ce que l'homme soit un peu plus choqué, mais il sourit. Ce n'était pas un sourire narquois mais beaucoup plus un sourire solidaire.

-Je n'ai jamais subi ce genre de haine... Comment tu t'appelles ?

-Marvin.

-Moi c'est Christophe.

-Mais je n'ai pas fini. Donc, ce genre de haine m'est arrivé. Ça n'a pas été ma plus grande déception. La vraie a été le moment où je me suis rendu compte que je ne pourrai jamais m'intégrer dans les communautés gay, malgré tous mes efforts pour y parvenir. Bien sûr, cette révélation s'est faite quand j'étais en Première Littéraire. Il a fallu que j'arrête les cours de l'Université des lettres à Toulouse pour vivre avec un type qui n'éprouvait des sentiments que pour le sexe. Les yeux de Christophe brillaient intensément.

-Et maintenant, il est l'heure du Speed Dating ! Tous ceux qui se sont inscrits sont amenés à présenter leur pièce d'identité au comptoir, annonça le barman.

Marvin se rendit compte qu'il avait oublié de penser à noter son nom sur la liste.

-Pourquoi tu fais cette tête ? Demanda Christophe en riant.

-J'ai oublié de noter mon nom. Donc pas de Speed Dating ce soir.

-Tu sais ce genre d'événements, c'est un piège. On nous fait croire que c'est pour aller plus vite, mais tu as déjà vu un couple se former en cinq minutes ? Autant passer une bonne soirée entre potes non ?

-Hmmm

Marvin aurait tellement voulu rencontrer des personnes comme lui durant cette soirée.

Voyant que Marvin était déçu, Christophe lui dit :

-Pourquoi as-tu l'air aussi miné ?

-Parce que je voulais que tout change ce soir vous comprenez ?

-Tu peux me tutoyer tu sais ?

Marvin lui transmit un sourir de reconnaissance.

-Tu vas trop vite Marvin! Je ne sais pas si tu as l'habitude d'agir ainsi, mais je vais te donner un conseil : quand tu veux t'intégrer dans un groupe, fais-le en douceur. Je ne te dirai pas que je te comprends, je n'ai pas vécu ta vie. Mais j'essaie de le faire. Tu me suis ?

-Je crois...

En fait, le jeune homme ne comprenait pas où il voulait en venir. Pourquoi le démotiver ainsi ?

-Marvin, j'essaie juste de te mettre sur le droit chemin.Tout finira par s'arranger. N'oublies surtout pas tes projets. D'après ce que j'ai compris, tu n'es pas venu ici sans idée derrière la tête...

Après un petit moment silencieux exprimant l'introspection de Marvin, ce dernier répliqua :

-Je voulais trouver quelqu'un avec qui faire ma vie pour toujours et me faire des amis qui me comprendraient.

-Tu ne peux pas forcer les gens à t'aimer. Je peux te présenter des amis si tu veux. Ils sont super tolérants et ont un passé assez triste.

-Ils sont ici ce soir ? Demanda Marvin avec enthousiasme.

-Oui, tu vois le garçon blond et le type sans cheveux à ces deux tables. Ce sont eux ! Mais ce soir ils sont plus occuper à draguer, si tu vois ce que je veux dire.

Marvin fut rassuré. Il pourra venir tous les soirs dans ce bar.

Il passa la soirée avec Christophe à parler de leurs exs, de ce qu'ils avaient subi.

Les soirs suivants, Marvin eut l'occasion de rencontrer les deux amis de Christophe : Kevin, grand garçon blond en surpoids, avait eu un passé chargé en relations basées uniquement sur le sexe. Ces relations l'avaient complètement sali et il voulait passer à quelque chose de plus sérieux. Marco, le chauve assez musclé, avait été victime de l'homophobie de ses parents et rejeté et laissé à la rue sans argent, il avait dû se débrouiller en jonglant avec des associations caritatives.

Grâce à eux, Marvin se sentait beaucoup mieux. Il avait réussi à oublier son passé et Enguérran, ou s'il y pensait, il l'assumait complètement.

Marvin goûtait au plaisir des soirées entre amis pendant plus de trois mois et jonglait entre les cours de lettres modernes à l'Université et les rendez-vous avec des amis. Il vivait.

Les mois suivirent et Marvin continuait de fréquenter ce bar et ses amis.

Cependant, quelque chose le tourmentait : ces temps-ci . Il avait l'impression que Christophe, Kévin et Marco s'étaient légèrement laissé aller. Christophe avait pris énormpément de poids, et les deux autres paressaient sales. A bien y penser, Marvin aussi s'était laissé aller. Il continuait de de se ronger les ongles malgré qye ses angoisses avaient disparu. Les tenues qu'il avait l'habitude de composer s'étaient complètement mélangées et il avait à présent une apparence quelconque.

Un jour, il décida de connaître la vérité : ses amis étaient-ils en train d'oublier l'essentiel : prendre soin d'eux ?

Alors qu'il sortait d'un cours sur Jean Genet, le jeune homme décida de se rendre au Secret. Il prit le bus puis descendit à l'arrêt Chapelle Sainte Croix. Il passa par le parc et emprunta le chemin habituel pour se rendre au bar.

-Tiens mARVY§ Je te sers quelque chose ? Proposa Paul le barman.

-Non je cherche Cris, Marc et Kév. Tu ne les aurais pas...

Sa réplique fut interrompue lorsqu'il vit le trio assis à une table. Il les salua et s'assit. L'expression de leurs visages exprimait toute la misère que l'Homme pouvait porter sur ses épaules.

-Qu'est-ce qui se passe ? Interrogea Marvin.

-On vient de subir une nouvelle attaque, répondit Marco. On nous a insulté au centre ville, près du Sushibar.

»Espèces de tapettes » qu'il nous a dit le gars du resto ! Compléta Kévin.

-Je vais peut-être dire quelque chose de vexant, mais vous ne faites rien pour arranger les choses !

-Je te demande pardon?cria Christophe.

-Regardez-nous ! Qu'est-ce qui nous est arrivé ? On a tellement mal évolué. Regarde toi Chris ! Tu t'es empatté comme nous tous et certains d'entre nous ne se sont pas lavés depuis plusieurs jours... ou mois...

Il avait prononcé cette dernière phrase en regardant Kevin et Marco.

-Si c'est pour ça que tu es venu, c'est pas la peine tu peux repartir, dit Marco.

-Très bien, je prends un verre et je m'en vais !

Marvin avait prononcé ces mots dans une telle rage qu'il ne pensa même pas à prendre un verre et claqua la porte exprès en sortant. Il rentra chez ses parents en courant tout le long de la route. Lorsqu'il rentra, il rencontra ses parents qui étaient fiers que leur fils ait si vite accepté son effroyable passé.

Marvin se réfugia dans sa chambre et repensa à ce que leur avaient dit Christophe et les autres. Peut-être allaient ils lui envoyer un message sur son portable... C'est tout ce qu'il espérait. Il voulait juste leur avouer ce qu'il avait sur le cœur. Il ne voulait que leur bien.

Alors qu'il s'était calmé, Marvin entendit frapper à la porte.

-Oui ?

-C'est nous ! répondirent en chœur John et Lily.

-Entrez !

-C'est nous ! Répondirent en chœur John et Lily.

-Entrez !

-Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tant de rage ? demanda John.

-C'est pas important... Une histoire avec mes potes...

-Je t'en prie Marvy... soupira Lily.

Après quelques secondes de réflexion, Marvin expliqua à ses parents la raison de son état. Ces derniers le rassurèrent.

-Si ce sont tes amis, ils ne feront pas tout pour t'oublier. Ils t'enverront un sms pour se faire pardonner, rassura le père.

Réconforté, Marvin sourit et demanda à ses parents de le laisser.

Le lendemain matin il eut confirmation des paroles de ses parents. Il avait reçu un message d'excuses sur son portable.

Apparemment ils avaient mal compris le sens des propos de Marvin de la veille. Il décida d'organiser un rendez-vous le soir pour leur parler de ce qu'il voulait faire pour résoudre tout ces problèmes.

Le soir venu, il se rendit dans le bar, lieu du rendez-vous. C'était l'endroit idéal pour tout leur dire en secret.

Une fois rassemblés, Marvin engagea la discussion :

-Quand je vous ai dit que l'on avait changé, je ne voulais pas vous insulter, juste vous aider. J'aimerai qu'on fasse un effort pour s'arranger physiquement.

-Aurais-tu oublié que seule la culture compte ? dit Marco.

-Tu es devenu superficiel toi non ? répliqua Kévin.

-Je ne suis pas superficiel. Quand vous voyez un Homme pour la première fois, vous le jugez un minimum sur son physique, et regardez-nous. Vous ne voudriez pas changer tout ça ? Vous vous plaisez ?

Le silence indiquait une réponse négative.

Marvin leur proposa un moment pour faire un peu plus de sport et surveiller leur alimentation ensemble.

Après quelques minutes de réflexion, ils acceptèrent sa proposition.

Cinq ans plus tard les projets de Marvin, Christophe, Kévin et Marco avaient étaient aboutis.Marco et Kévin avaient réalisé qu'ils étaient fait l'un pour l'autre : salis, l'un par des rapports sexuels trop fréquents, l'autre par le rejet de ses parents. Ils avaient jugé bon de cesser les Speed Dating et de se focaliser sur les liens qu'ils pouvaient tisser ensemble. Ils finirent par se marier au Secret. Christophe était toujours célibataire mais retraité et avait décidé de participer à une association aidant les jeunes en difficultés. Enfin, Marvin était lui aussi toujours célibataire et l'acceptait. Il ne se rongeait plus les ongles et avait pris la décision d'arrêter ses études de lettre pour devenir barman au Secret. Paul l'eut prit sous son aile et lui avait également permis de travailler avec lui une fois sa formation terminée.

Un soir du 14 février, Marvin demanda à Paul :

-Je peux faire la présentation de la soirée ?

-Oui bien sûr ! Le micro est sur le comptoir près du mur.

-Merci !

Marvin pris le micro et annonça :

-Messieurs, je veux attirer votre attention. Je vous remercie d'être venu aussi nombreux. Cette soirée sera placée sous le signe de l'Amour et de la Tolérance.

Il y a cinq ans j'ai appris une grande leçon. Je pensais qu'il me fallait plaire aux garçons en me cultivant. Sortant d'une rupture, je me suis laissé aller. J'ai grossi, arrêté le sport. J'ai dû souffrir pour en arriver là où j'en suis. Je me suis laissé dire que l'artificiel comptait autant que le naturel.

Ce qu'il faut que vous reteniez de ce discours, c'est que les films idéalisent la réalité : soyez beaux autant que naturel, et tout ira pour le mieux.

Alors que la soirée suivait son cours, les clients du Secret applaudirent et trinquèrent à la tolérance. 

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