Le seuil

eukaryot

Il fait encore tout à fait noir dans la chambre, ton store n'est pas encore relevé pour laisser officiellement entrer le jour. Pour l'instant, il attend sur le seuil.

Tu es encore tout à fait endormie, puisque je vois dans la pénombre ta bouche ouverte où perle une goutte de salive, tes seins nus écrasés contre ton torse, je sens ton bras peser lourd tout du long sur le mien, et tes jambes grandes ouvertes où ta chatte exsude les effluves d'hier. Je m'amuse à soulever la couverture pour que l'appel d'air m'en amène l'odeur. Je ne dors plus, il est temps de célébrer cette journée, et j'amène ton inconscient à vouloir me faire l'amour, à me sucer pendant que j'enfoncerai mes doigts doucement au contact granuleux de ce qui se trouve juste sous ton mont de vénus . Déjà ils s'affairent à ramener des profondeurs ce sexe endormi, rétracté comme un escargot sec, et déjà, je sens la vie revenir en glouglous de cyprine épaisse. Je caresse ta vulve comme un peintre étale une couleur au couteau, et je dessine ensuite sur ton corps des arabesques épaisses, incantations d'érotisme. Je rêve d'être un sorcier, te subjuguer lascive, te posséder languide.

Tu ne dors désormais plus, ton souffle te trahit, mais tu fais semblant de ne pas savoir ce qui se trame un mètre environ de tes yeux clos. Ton souffle te trahit et ton bassin décide lui aussi de jouer les déserteurs, de quitter le bateau disloqué qui navigue dans tes limbes, pour retrouver ces vagues puissantes où tu te noies pour de bon.

Il fait tout à fait jour dedans toi maintenant, et alors que le premier gémissement te ramène à la vie et que nous chavirons avec rires dans le réveil, un oiseau lointain brise la tranquillité du ciel et tes yeux s'ouvrent enfin.

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