Le singe moqueur

Cecile Parmentier

Séraphin le singe passait son temps à rire et à s’amuser. Mais ce qu’il préférait le plus, c’était se moquer des autres. Il ne comprenait pas pourquoi tous ces congénères et amis voulaient tant se marier et avoir des enfants. Il était bien tout seul, personne pour lui donner des ordres, personne en qui s’inquiéter et surveiller.

A chaque fois qu’un ami, un voisin ou une connaissance se mariait ou avait un enfant, c’était toujours la même histoire. « Regarde-moi ! Pourquoi t’embêtes-tu avec une famille ? Je suis libre et heureux de l’être. Je fais ce que je veux quand je veux. Tu as été bien bête. Te voilà coincé maintenant. Tu ne pourras plus faire ce que tu veux et tu te sentiras vieux avant l’heure. » A chaque fois, ses amis lui expliquaient qu’ils le faisaient par amour et parce qu’ils ne voulaient pas vieillir tout seul. « Ce qui te fais vieillir, ce sont les soucis que te procure ta famille. Pas de famille, pas de souci donc pas de vieillesse. »

            Un jour, Bluette, une jolie demoiselle singe, commença à s’intéressée à Séraphin. Le problème était là. Bluette voulait se marier et fonder une famille comme toutes les demoiselles de son âge. Elle tenta à plusieurs reprises de persuader Séraphin de changer d’avis. Mais, rien n’y fit. Il voulait rester libre et ne voulait pas partager. Lucie partit, l’âme en peine. Il n’y eut pas que Bluette qui de détourna de Séraphin. Las de ses moqueries et de son immaturité, tous ses amis finirent par l’ignorer et éviter sa présence. Tant pis, de toute façon Marcel se sentait bien tout seul. Il n’avait besoin de personne pour vivre.

            Il resta ainsi plusieurs années. Il passait son temps à s’amuser, à rire, à chanter sans s’occuper des autres. Un matin, cependant, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il n’arriva pas à se lever. En effet, la vieillesse, qu’il redoutait tant, l’avait rattrapé. Il appela à l’aide pendant plusieurs heures. Enfin, Bluette, qui n’habitait pas loin, arriva pour l’aider.

            « Tu vois Séraphin ! Tu aurais accepté, il y a quelques années, de fonder une famille au lieu de te moquer des autres et de t’amuser, tu ne serais pas tout seul aujourd’hui face à tes problèmes. Sache que je ne suis venue que pour cette fois. Je ne reviendrai pas t’aider car j’ai ma famille dont je dois m’occuper et dans le village tout le monde en fera autant. Tu devras te débrouiller tout seul, maintenant, comme tu l’a toujours souhaité. »

            Ainsi, Séraphin finit ses jours tout seul comme il avait vécu. Mais il ne fut pas aussi heureux qu’il le disait. Il comprit mais un peu tard qu’il est peut être drôle de vivre seul quand on est jeune mais quand la vieillesse nous rattrape on a besoin de compagnie.

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