Le soir je...

Le soir je...

Le soir je prends la vie pour un match sans mi-temps, le matin aussi et l'après-midi je me balade dans les allées d'arbres sans feuilles. Les bourgeons renaissent malgré le froid et le vent, c'est une loi de la nature, c'est obligé d'y croire pour vivre.

Le soir je vais, je viens, entre les programmes de la télé, le vrai et le virtuel, j'ai des images dans ma tête, des prises de conscience, aller plus vite que le tram, oser faire un rêve à l'envers, remettre les pendules à l'heure. Je m'amuse, je stipule que la nuit sera douce, arrêter de penser, laisser le sommeil m'accueillir. J'ai des gentianes,  des feuilles en pot, le bleu dans la nature est très rare ai-je lu dans une revue célèbre, c'est vrai, m'endormir sur une vérité première,  malgré tout le chemin parcouru.

Marcher dans le désert, et par contraste penser à  la plante exotique qui a gelé chez le voisin, je lui avais pourtant dit qu'il fallait la couvrir avec du papier journal... Pas eu le temps sans doute, ces plantes ne supportent pas le froid des montagnes. J'habite dans une vallée entourée de montagnes, une chaîne douce à l'Est, blanche en hiver, notre Mont blanc pour ainsi dire, au Nord nous avons notre petite Bastille et, à l'Ouest et au Sud des montagnes douces et sauvages qui ont donné de merveilleux films, des artistes célèbres y vivent, bien loin du show-biz.

Le soir, je...

Le soir je ne cherche plus, le silence grésille dans mes oreilles, je frissonne de sommeil, la rue vit encore, des gens marchent tranquillement sur les trottoirs larges. C'est pas New-York, c'est pas Broadway mais j'ai un grand ciné à côté de chez moi et plein de rues avec des noms d'écrivains, et celui d'un pionnier du cinéma:  Georges Méliès.

Ce soir, comme tous les soirs je vais me coucher après minuit. Mon désir d'éteindre les appareils en veille ne dure pas longtemps, je ne sais pas pourquoi. Peur du noir, peut-être? Pourtant je ne dors pas dans le salon... Besoin que quelque chose reste en vie peut-être? Je ne sais pas. Je ne cherche pas, je vais me coucher avec dans le ventre la dernière bouchée de la soirée. Une pomme, un bout de chocolat, de brioche, histoire de faire durer le plaisir,

d'un soir.