le vaisseau fantôme (3)
Jean François Joubert
Le commandant se trouvait là, près de l'escalier, entre la rue de siam et l'abri Sadi carnot, il se souvenait de ce vaisseau fantôme qui hantait les marins, du Sud au nord de nos questions. La mer est source de mystère en son fond, mais aussi dans le ciel, orange orage, claire de plume. Pierrot le mousse, il était ce jeune garçon qui poussait le balaie sur le pont d'ébène du capitaine, il avait vu la légende du hollandais volant, avait ri des mouettes et des goélands, de l'albatros, et du petit gris du Gabon qui hurlait « ta gueule sale con » c'était son surnom au petit. Il ne digérait pas cette période, où on le laissait faire le ménage, lui qui comprenait l'orientation, la déclinaison, les lieues, les éphémérides, toute la navigation astronomique et le fameux sextant, le bel enfant avait une cervelle des méninges et on le laissait dans un hamac au fond de la cale du bords, sale, et puant. Tous les soirs, il sortait humer l'écume, la pipe des marins, le rhum, et les jeux de cartes, et lui savait que la Terre était un œuf de dinosaure, un truc gigantesque et que seul le scorbut pouvait nuire à l'homme au regard vaillant, à l'allure droite et saine, qui jamais ne saigne du cœur, il savait que la lune reflétait le soleil et que jamais elle ne l'épouserait sinon nous serions cimetière.
Nuage, poussières, l'odeur de chair, l'explosion, conflagration, embrasement, le mal de crâne, et la rue morte, déserte, reste l'escalier, l'abri Sadi carnot vient de sauter, hops, une étincelle et plus rien, plus de fleur, de peur que de la viande, le commandant avait eu le nez fin, il s'était évaporé comme un soupçon d'alcool dans l'azote, envolé tel un macareux qui cherche son nid, prit la poudre d'escampette sur le chemin des alouettes quand d'autre connurent le grand virage, pire qu'un naufrage l'implosion d'une ville, le débarquement nous sommes le sept août 1944, les forces alliés veulent reprendre leur droit le port, le château, la ville de Brest. Reste un saule pleureur et de trois sapins, mais plus de corps tant la tempête, le vent des âmes pleure sur leur silhouette, le ciel est pourpre c'est chouette se dit ma mère qui regarde cette misère en compagnie de son regard d'enfant de Lampaul-plourzel, le feu d'artifice est géant. L'escalier, le commandant est à bout de souffle, il se met dos au mur de peur d'une balle qui traîne d'un chambardement loufoque, et plus des phoques, ni des génois, il s'adosse à l'église Saint-louis, pas encore en brique rouge, sang, mais lui teinté de vermillon, il cri à dieu sa colère : « QUI ES-TU POUR LAISSER L'INJUSTICE SUR NOTRE TERRE ! »
un cri si fort que les morts ressuscitèrent, un instant avant de trouver le grand couloir et la lumière du chemin, la longue voie de la béatitude.
Le commandant regarde, une dernière fois l'escalier qui l'a sauvé, et laisse derrière lui un chambardement, une misère. Fort, il s'effondre. Pierre plonge dans la masse obscure de l'inconscience collective, il est happé par le terrible secret des morts, une voie vient de se créer, un élan sourd le masque, lui et ses idées de liberté, sa petite voix interne, le moi du maître des lieux vient de le quitter, il vit le passage, des hommes, des femmes, des enfants, des chiens, des rats de l'abri Sadi carnot. Le hurlement de la mort, il l'écoute ou l'entend suivant l'angle où l'on se place, et le dernier voyage ressemble à un conglomérat de citations et de prières ; frère Jésus ne m'envoyez pas en enfer. Quel galère, il plonge dans la luminescence, rencontre des étincelles sauvages, un radeau, des méduses, et n'arrive plus à retrouver son second souffle tant le groupe d'êtres morts luttent pour ne pas s'évaporer devenir dentelle, robe alezan, dans l'espace, arc-en-ciel de douleur. Sa tête est une lucarne de couleur qui implose, explose, le commandant tente de retrouver ses souvenirs ses voyages sur « la fleur de lampaul » ses adieux au monde Terrestre, serpent de visage, mais langue muette, il ne veut pas le réaliser, trop tôt, il pense à ce fruit de ses entrailles, cette délivrance jouissance, il a assez d'expérience maintenant pour se reproduire, il lui manque une femelle, il lui manque un regard d'humour, et il sait déjà que son humeur après ce massacre ne lui permettra plus d'exercer son humour, black et rose épine. L'événement auquel, il vient d'assister devient ceci une métamorphose de limace qui se décompose en escargot, Pierre à faim, soif, du regard, il cherche une maison qui tienne debout rien, il ne reste qu'un quartier derrière le pont de recouvrance, rue borda, où saint-malo, de si loin il ne distingue pas les plaques, annonçant le lieu, l'endroit de la visite, la ville de Brest est une poussière, il tousse, et allume sa propre pipe encore à genou entre deux trous d'obus. Le ciel lance des flammes, l'horizon n'est pas boréale, ni étendu très loin des vingts milles de visibilité, il ne reste que le miroir lacé, glacé, des âmes et la peur de s'éteindre, alors il s'étend et rêve aux marquises, pas celles de chaires, il en a que faire mais l'île paradisiaque.
L'archipel de ses idées dérive vers l'Océan Pacifique ou Indien, peu importe le nom, il sait que son voyage vers le soleil sera de toute façon plus long que la circonférence de la Terre, à ses côté, l'escalier, et le désert d'années poussière une ville vient de s'éteindre, allumette grillée la guerre n'a pas de secret, une destruction des parterres, artères, de Brest plus de murs, de désirs, de tramway reste la lutte finale pour ne pas entrer dans le mode, folie. Le commandant vocifère, il glougloute un : « Putain d'avions ! » et se terre foetus. Panthère de coeur, il s'évade pour la troisième fois de sa vie, le tonnerre avait claqué, ce coup de canon de l'adolescence quant-on lui proposait l'échafaud sans ascenseur, pas encore inventé, cette machine à grimper au septième ciel.
Le gardien du phare de l'île vierge devait en voir un de ces sacrés spectacle, pendant que le commandant cherchait tout simplement à s'évader de cette prison, sentir les âmes de fer qui respire avant d'être aspiré dans le grand couloir de lumière et de s'orienter vers le dernier calvaire de leur vie, vivre poussière et alimenter la Terre, vivre, vache, boeuf, caïman, et aliment les humains, vivre humain et s'alimenter des livres et se délivrer de la souffrance par la soif de culture, et un ananas bien mûre, une vague d'âme céleste quittait le monde et la pluie de Bretagne, ce jour-là ne ressemblait pas à du crachin, la machine de la mort avalait tout sur son circuit, et l'odeur de terre cuite éloigné le lombric, la vase avait encore plus d'amertume que les dimanche d'été, la marée basse, le commandant avait le moral à sec et pas un rade pour aller se dégourdir le gosier, juste l'odeur de transpiration et le gésier cuit, plus un oiseau dans les nuages, plus de chant, restait un champs de mine, et pas une bonne mine pour les rescapé de l'horreur venu du ciel offert aux bleues, la mer turquoise devenait sang, et sans mentir, il ne faisait pas bon de vivre loin du bonheur, la bonne humeur devenu impossible à charrier tant la mort poussait son sac d'ordure sur les murs qui deviendraient gris dans le futur de la renaissance d'une ville, Brest. Paris brûle t-elle, non. Mais le port coule et rigole vermeille carte absente rayure concrète disparu en mer ce faubourg. Élipse, le commandant part vers d'autres contrées majeur, il se croit dans la légende des terre du milieu, il s'évade dans un tableau surréaliste ne sachant plus que faire, ne pouvant bouger un seul pouce ! Le voilà près des roches du diable arborescence, phosphorescence, mauve, violet et du lichen qui emplie sa tête, vide de sens, ses six sens eux entrent en éveillent dans les entrailles de la forêt de l'huelgoat, les glands poussent orange amers, et les racines s'évaporent proche de trembler comme la tremblante, ce granite qu'un enfant du coin bouge, sans mal, en faisant le malin. Malice des yeux, des dieux ? Le commandant pousse, repousse l'alarme verte, il est marin et se trouver coincer dans le piège du divin, il n'aime pas cela, volute de fumées, ça tonne des bombes autour de sa personne, et personne pour lui venir en aide, il entre dans le maléfice ce champ de bataille, lui qui voulait juste un peu d'herbe rouge, et des valises de carton pour sa prochaine destination, où va-t'il ? Nul part, il est juste poser comme une larme au coin de l'oeil, en haut de l'escalier.
sans oeil de lynx, texte brut
· Il y a environ 13 ans ·Jean François Joubert