Le ventre et la table

fada_lou

Au commencement il y a la mère,

Endormie, le ventre ouvert.

Il y a le froid et les roses blanches.

Le père sans désir,

Le frère sans sourire.

Et ton absence,

Mon bébé, mon amour,

Celui que j'aurais dû être.


Au commencement il y a un cri muet et lancinant,

Signe de terreur, d'agonie,

D'un meurtre perpétuel sous les yeux clos,

Mascaradés.

Au commencement il y a le premier mercredi de dévoration,

Le premier flot de haine déversé dans les égouts.

Et le premier flot rouge, chaud et réconfortant.


Au second commencement,

Il y a l'appartement rue Voltaire,

Empli de poème, de notes bleues

Et les cendriers qu'on s'attelait à garder pleins,

Pour que les instants précieux ne s'éteignent pas.

Il y a le voile,

Qui met à l'abri les rêves torturés,

Et les films tortueux.

Au commencement,

Il y a ce jour blanc,

La table de bois lourd,

Marquée par nos verres de vin rouge,

Nos tasses de café noir,

Et nos étreintes.

Au commencement,

Il y a toi,

Evadé par les mots de Gary ou Prévert.

De l'autre côté,

Je t'adore,

Toi le plus beau des hommes,

Le plus beau des femmes.

Ni un mot, ni une caresse,

Juste nos souffles délicatement empoisonnés.

Et la certitude pourtant,

D'être tout à fait là,

Auprès de toi,

D'être tout à fait moi.

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