Le vin des nuits

Susanne Derève

Je marche    je marche

au cœur des  nuits  

 

là   où les sarments de lune fomentent

les désespoirs ordinaires

 

la parole nue  des lendemains

 

Marches-tu    toi ?  Me vois-tu qui piétine ?

-  Tu me réponds que le vin est tiré     le vin  bu –

 

Lune pâle sous le vent qui se rit de moi

 

Un  caballero se profile là-bas    le vent

l'effacera-t-il dans les vapeurs ténues de la nuit

 

Terre bue comme le vin des vignes

qui monte en blanches volutes

 

Mon cavalier    les lignes de vie  au loin

sont éteintes

 

Mouche le bleu  fanal des chandelles                

avant que la parole nue  du matin

ne divague et m'appelle



Illustration : Saitou Kazu  (peintre japonais)

 

 

Signaler ce texte