Le voyage de Tibo
V. Quéprina
Sur une planète très lointaine vivait un petit garçon appelé Tibo. Il habitait avec son papa dans une jolie ville toute blanche bâtie au milieu du ciel. Il y faisait toujours beau et Tibo adorait se promener dans les rues et jouer avec ses amis au milieu des gros cumulus. Parfois, il s'approchait du bord de la ville, et regardait le plus loin possible à l'horizon. Il se demandait souvent ce qu'il y avait sous les épais nuages. Il se penchait un peu, regardait en plissant les yeux, mais il ne voyait rien d'autre que du blanc. Alors un jour, tandis qu'il prenait son petit déjeuner, il interrogea son père :
« Papa, qu'y a –t-il sous le ciel ?
Ce dernier lui caressa la tête et lui répondit en souriant :
« Mais il n'y a rien mon chéri, personne ne vit sous les nuages »
Il finit son assiette et déclara :
« Un jour, quand je serai grand, j'irai explorer le ciel »
Alors Tibo attrapa son cartable et embrassa son papa avant de partir à l'école.
Il marchait tranquillement sur le chemin quand tout d'un coup, il entendit un bruit. Il tendit l'oreille, et aperçu un petit objet volant gigoter dans un buisson ; tout doucement, il le prit dans ses mains et l'observa : c'était un joli oiseau mécanique bleu et jaune, avec un petit moteur qui cliquetait. Jamais Tibo n'avait vu un tel objet. Émerveillé, il le contempla pendant de longues minutes, se demandant d'où il venait.
Il tourna le petit bouton caché entre les deux ailes et remonta le mécanisme. D'un coup, l'oiseau d'envola, le décoiffant au passage. Il fureta dans les rues, rapide et agile comme une hirondelle, et Tibo se mit à courir aussi vite qu'il pu pour le rattraper. Ils arrivèrent bientôt au bord de la ville et, tandis que Tibo s'arrêta net avant de tomber, l'oiseau poursuivit son chemin à travers les airs, jusqu'à ce qu'il ne fut qu'un petit point à l'horizon.
Le lendemain matin, Tibo n'avait pas faim. Il n'arrêtait pas de se demander où était son nouvel ami, et comment était-il arrivé jusque là. Son papa, inquiet, lui demanda ce qui n'allait pas :
« Papa, es-tu sûr qu'il n'y a rien sous les nuages ? »
Son père avala une gorgée de café et lui répondit :
« Tibo, il n'y a rien du tout, juste du ciel »
Alors il lui raconta ce qu'il avait trouvé la veille. Il était certain que cet objet venait de très loin car il n'en avait jamais auparavant. Son papa se frotta le menton, puis se dirigea vers le grenier. Il revint quelques minutes plus tard, un livre énorme et poussiéreux entre les mains.
« Quand j'avais ton âge, moi aussi je voulais découvrir le monde. Alors j'ai acheté ce gros bouquin pour y écrire mes aventures »
Tibo parcouru le livre avec admiration.
« Mais il est tout vide ! »
Son papa lui caressa la tête.
« Nous allons le remplir tous les deux »
Des années plus tard, Tibo et son papa sont revenus dans la ville sur les nuages. Ils avaient exploré tellement d'endroits merveilleux ! Ils avaient nagé dans des océans de toute les couleurs, ils s'étaient reposés sur le toit de gigantesques montagnes, ils avaient couru dans l'herbe au milieu des troupeaux. Parfois, un petit oiseau mécanique bleu et jaune venait à leur rencontre ; alors ils le remontaient, le regardaient s'envoler avant de repartir vers d'autres horizons.
Ils voyagèrent tellement, qu'ils furent obligés de revenir à la maison pour prendre un deuxième livre tout vide et écrire la suite de leurs aventures !