Leçon de choses

mineka-satoko

Toi, mon ami ; tes mains se sont égarées sur mon corps. Elles se sont égarées, alors que tes yeux viennent de trouver les miens. Mais moi, ces yeux, je les ai fermés, pour mieux regarder avec ma peau tes mains se perdre sur mon corps. C’était fortuit, tout d’abord, quand tu m’as effleuré les seins de la main… le geste malheureux ! Ca m’a donné envie de fermer les yeux, fermer les yeux pour mieux regarder avec ma peau tes mains se perdre sur mon corps.

Toi, mon ami, mon amour ; tes mains se sont égarées sur mon corps. Elles se sont égarées, et elles m’ont transportée, elles m’ont fait voyager. Elles m’ont emmenée vers ta bouche. Mais moi, cette bouche, ta belle bouche humide, cette petite plage, je l’ai caressée, comme une vague caresse le rivage d’une île du bout de la langue… La douce caresse ! Ca m’a donné envie que jamais cela ne cesse, que jamais cela ne cesse que tes mains s’égarent sur mon corps pour me faire voyager.

Toi, mon ami, mon amour, mon amant ; tes mains se sont égarées sur mon corps. Elles se sont égarées sur mon corps, pour mieux me posséder. Toujours, j’avais fait en sorte de n’appartenir à personne, mais toi, toi tu me possèdes déjà depuis le début. Mais moi, depuis le jour où j’ai posé mon regard sur toi, mon regard indécent, mon regard interdit, je ne m’appartiens plus. Je ne m’appartiens plus, et ça me donne envie que tes mains s’égarent sur mon corps pour mieux me posséder.

Toi, mon homme, tes mains se sont égarées sur mon corps et d’un coup elles m’ont offert tout ce que j’attendais du monde.

Elles m’ont offert la beauté, parce que lorsque je remonte le long de ces mains égarées, je croise l’irrésistible dessin de ton visage, de ta bouche, de tes lèvres.

Elles m’ont offert la félinité, parce que lorsque je sombre sous ces mains égarées, je suis à la merci de tes yeux aux tâches de léopard, de ton corps de bête sauvage, de tes muscles que je vois jouer sous ta peau mi-homme mi-chat.

Elles m’ont offert la douceur du sucre, parce que lorsque je coule sous ces mains égarées, je peux goûter le miel de ta peau, la lumière de tes cheveux, je me noie dans l’appétit constant qu’elles font naître dans mon corps.

Elles m’ont offert le désir, parce que lorsqu’elles se sont égarées, j’ai voulu qu’elles ne trouvent jamais le chemin, qu’elles continuent de se perdre, qu’elles continuent de chercher sans jamais rien trouver.

Elles m’ont offert la musique, parce que sous tes mains égarées je me suis mise à chanter, car tu joues de moi comme on joue de la musique… toi, mon musicien adoré, tu as fait naître l’harmonie de mes sens, car partout où tes mains s’égarent, tu transformes tout en musique… Et soudain, tes mains trouvent le chemin, tu te mêles à la musique, tu deviens la musique…

Et je ne t’écoute pas simplement devenir la musique, je ne te regarde pas seulement, mais je te goûte aussi, je te sens beaucoup, je te touche être la musique, et je ne peux que t’aimer, je ne peux que t’aimer toi qui fait naître l’harmonie de mes sens, toi qui joue de moi comme on joue de la musique…

Je ne peux que t’aimer, toi, mon amour ; je ne peux que t’aimer, entre quatre murs, dessous, dessus, devant, derrière, je ne peux que t’aimer.

…Et je t’aime.

Sous tes mains rassasiées mon corps s’est mis à sentir la chambre.

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