L'Enfant Divin
Cædrik San
L'Enfant Divin est au centre de l'Absolu.
Autour de lui gravite un anneau de couleurs aux formes tribales.
C'est un jeune garçon bien capricieux. Qui ferme les yeux. Et les ouvre sur un monde nouveau.
Un monde dépourvu de sens. Aux contours indéfinis. Tracés au crayon d'une main habile, puis gommés furieusement. Calculé, réfléchi. Un monde au reflet de sa personne. Tourmenté. Désolé. Triste, même.
Il observe son œuvre. Scrute d'un œil attentif chaque détail.
« Ici, je mettrai toute ma haine. »
L'Enfant serre les dents. Son visage se déforme d'une douleur inconnue. Une douleur sourde. Viscérale. Des souvenirs. La mémoire travaille, rancunière. Elle fouille la chair. Elle ouvre des portes. Celles qu'on s'applique à garder fermées. Elle les ouvre sans gène, sans pudeur aucune. En grand. Elle laisse tout sortir. Tout ce qui menaçait de déborder.
Sa gorge se noue. Sa mâchoire se contracte. Il ferme les yeux.
« Ici, je mettrai tout mon mal. »
L'Enfant s'efforce de sourire. Un sourire carnassier. Aux dents tranchantes. Il ouvre ses yeux et dévoile un regard différent. Absent. Qu'une lueur psychotique anime.
Son sourire s'efface. Son cœur cogne sa poitrine. Un tambour. Un rythme. Infernal.
L'anneau pivote sur lui-même.
Des tentacules sombres naissent de son mouvement.
Mécaniques.
Organiques.
Elles happent le vide.
Elles agrippent l'Enfant Divin.
« Ici, je mettrai toute ma noirceur. »
Le Divin se laisse faire. Se fait envelopper. D'une caresse. Lentement. Un suaire noir, presque tragique. Vêtu de ténèbres, d'un plumage funeste. Corbeaux sombres. Vautours insatisfaits.
Déchire son Encre en pluie.
Les lambeaux d'étoffe, sur sa peau. Glissent. Se resserrent. Sur sa gorge, autour de son cou blanc. Comme un corde épaisse. Une corde qui coulisse, d'un nœud, et qui mord.
L'Enfant Divin est au centre de l'Absolu.
Son corps est froid.
Blanc.
Vêtements noirs.
Autour de lui gravite un anneau de couleurs aux formes tribales.
De cette pièce, il administre son monde.
D'un crayon habile.
D'une gomme furieuse.
Il invente.
Il décide.
Il s'enferme.
Percutant et surprenant. On (en tous cas moi dans mes petits chaussons), se laisse prendre par ton histoire, mais pas parce qu'on est entraîné au fil des mots, non, tes mots nous attirent brutalement dans ton monde. Et on retourne dans notre réalité tout aussi brutalement d'ailleurs, avec un sentiment étrange. C'est peut-être ça le propre d'un conte au fond...
· Il y a environ 14 ans ·louise-de-bragelonne
Ha ha, le pouvoir du crayon! Créer c'est un peu être Dieu !
· Il y a environ 14 ans ·Lézard Des Dunes
J'aime beaucoup le style.Un conte bien écrit et rondement mené.
· Il y a environ 14 ans ·leo