L'enfant se meurt

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Cet enfant sur la balançoire, au rythme des respirations de la mer et des oiseaux morts sur la terre, meuble. Le regard de la bête, à la plume trempée d’eau salée et de sang, aux yeux comme deux bulles d’écumes prêtent à exploser d’une giclée amer. Deux bulles d’enfer, rivées vers un ciel, de charbon, veiné de blanc. Ce ciel, se dit l’enfant, comme le fond d’un vase sans fleur. Ces fleurs, mortes, il y a déjà longtemps. Cœurs arrachés aux jardins du printemps. Mettre la main sur la couleur. Pureté transparente. Comme il en apparait de la boue, des pétales d’ivresse sanglante, des feux d’or, des feuilles de miel, des ailes de prunes.

L’enfant, sur sa balançoire, au rythme des respirations, des oiseaux morts, sur la terre, molle, regarde.  Les mains posées sur les tresses ébène du ciel, suspendu à l’orage, il pleure.

Le regard noyé dans l’épaisse et dense poussière de pluie, il se balance, métronome de chair et de bois, les cheveux trempés des larmes du ciel sans cils, qui pleure des larmes grasses comme de l’huile.

L’enfant, au rythme d’un papillon sans ailes, découpe les secondes, de ses doigts blanc et mouillés, gras et souillés, métalliques et coupés.

Et, au rythme des vagues, l’enfant se laisse porter, par la langue moelleuse et salée, de là où les jeux de grands l'ont poussé.

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