L'entrevue.
janteloven-stephane-joye
Pour cette nouvelle interview, et dans le cadre du dossier spécial sur les nouveaux « talents », Sohlkjaez Hebdo reçoit cette semaine en exclusivité l’auteur janteloven, qui publie ses textes sur le site WeLoveWords.
(interview réalisée le 11 janvier dans les bureaux de Sohlkjaez Hebdo… le 11 janvier, parce que Janteloven y tenait, il trouve joli les alignements de chiffres identiques et il fallait donc que cette entrevue soit faite de préférence un 11 ou un 22, car …aux dernières nouvelles, il n’y a pas de mois à 33 jours… quoique, ce pourrait être une future proposition du Medef, non ? Enfin, bon, passons…)
Sohlkjaez Hebdo : Bonjour Janteloven ! Tout d’abord, nous tenons à vous remercier pour votre présence dans nos locaux et pour l’empressement dont vous avez fait preuve pour répondre à notre invitation.
Janteloven : Mais vous plaisantez, c’est moi qui vous remercie… bien que je ne comprenne pas vraiment encore ce qui peut bien vous intéresser chez moi ? Je ne suis qu’un petit scribouillard à l’écriture plus qu’incertaine et malhabile qui a le don de ne pas vraiment attirer l’attention sur lui, en général…euh… enfin j’en suis persuadé…
S.H : … ça, veuillez nous en laisser juge, s’il vous plait, nous avons de bonnes raisons de vous inviter. La première d’entre elle serait bien évidemment de vous faire connaître d’un plus grand nombre, puisqu’effectivement votre notoriété n’est pas pour l’instant très établie.
J: Pas du tout établie !…mais euh… pour quoi faire ? Personne ne s’intéressera à moi, je ne suis pas grand-chose et n’ai pas de talent particulier ? Voir aucun…
S.H : Bon, ce n’est pas gagné, mais votre ami Sohlkjaez nous avait prévenus… Voulez vous bien malgré tout, que nous vous posions quelques questions ?
J : Oh bien sûr, pardonnez-moi….euh, serait il possible d’avoir un café ?
S.H : Bien sûr… (un peu agacé)…Alors, dans un premier temps, écrire pour vous représente quoi ? Une façon de vous livrer, l’extériorisation de vos sentiments, une façon de vous affirmer, une marque d’égocentrisme ou un simple passe temps ?
J : Ouhhh la… vous attaquez fort… !!! En fait, c’est assez difficile à dire. De l’égocentrisme et l’expression d’une inflation surdimensionnée de la taille de mes chevilles ou de ma tête, non, je ne pense pas, car je suis le premier à trouver ce que j’écris décevant, comme beaucoup de personnes qui écrivent, je suppose. Vouloir étaler ma vie, je ne le crois pas non plus totalement, même si forcément ion peut le voir comme ça, mais je prends tant de chemins détournés et utilise tant de mots alambiqués pour exprimer un sentiment ou une idée que forcément dans le même temps, je me cache et me protège énormément, enfin je le crois…
M’affirmer… non plus, je suis victime du syndrome Ikea, je suis là, mais personne ne me remarque comme un meuble Ikea… et à vrai dire, ça m’arrange bien !
Alors, je dirais, pour répondre à votre question, que c’est un exutoire à ce que j’ai pu ou peux encore traverser, mais un exutoire abstrait… enfin je l’espère car les mises à nu, ce n’est pas mon truc.
Une vraie réponse de politicien… n’est ce pas ? Sans queue ni tête et pour conclure par une phrase d’une banalité sans nom en plus !
S.H : Oui, vous aimez parler, donc parlez nous de vous, présentez vous.
J : Ah non, vous vous trompez, je suis souvent totalement absent et muet comme une carpe… enfin en partant du postulat que les carpes soient muettes, je ne suis pas très connaisseurs en poissons !
Vous parler de moi… je suis un monsieur, 37 ans (oui, c’est vieux !), petit enseignant de campagne et vous ne saurez rien d’autre, le reste c’est à moi.
S.H : Vous êtes enseignant, collège, lycée, école primaire ?
J : En primaire, avec des enfants de Ce2, Cm1 & Cm2.
S.H : Comment ça ?
J : Ben oui, les trois cours dans une seule classe ?
S.H : C’est possible ça ?
J : Et bien oui, à la campagne, dans les petites écoles quand vous êtes isolés. Vous êtes de la ville, vous !?
S.H : Et oui, Paris ! Ah bon, je ne savais pas que ça existait encore ce genre de classe, mis à part au cinéma ou en Corrèze… et les enfants plus jeunes sont avec vos collègues dans la même école ?
J: Oui, mais dans une autre école, je suis seul dans la mienne.
S.H : Pas de collègues, vous ne vous ennuyez pas ?
J : Oh que non !! …et avec des enfants impossible de s’ennuyer !
S.H : Vous dites « oh que non » avec un grand sourire… vous n’appréciez pas vos collègues ?
J : Si, si… mais c’est bien qu’elles soient à quelques kilomètres ! C’est un luxe la liberté… et pour moi la solitude aussi en est un.
S.H : La solitude est un luxe ??? Elle est une plaie pour tant de monde ?
J : Je parle de mon travail… être seul, c’est réduire au maximum les contraintes et les conflits… oui, les rapports humains aussi, c’est vrai… mais c’est parfois effrayants les rapports humains.
S.H : Un vieil ours solitaire ?
J : Vous dîtes ça en rapport avec ma pilosité, comment dire anarchique et florissante ? Je pourrais me vexer, attention … (sourire)… sérieusement, il y a sans doute un peu de ça et aussi la peur de l’autre, évidemment.
S.H : Tiens… la peur… quelque chose qui est récurrent dans vos textes, non ?
J : Oui c’est possible, mais j’avoue qu’il m’arrive très rarement de relire ce que j’écris…
S.H : Pourquoi ?
J: Parce que je jetterai tout et que ça ne vaut rien!
S.H : Donc la peur…
J: Oui, peur de tout, de rien, peur de vivre, peur d’aimer, de désaimer, d’avancer, peur de prendre des risques même quand il n’y en a pas, peur des autres mais besoin d’eux… la peur est partout quand on y réfléchit bien, non ? Et elle nous empêche si souvent d’aller vers autre chose. J’aimerais arrêter d’avoir peur, mais quelque part, c’est aussi un repère, un compagnon pesant mais prévenant, un peu trop certes…
S.H : Lequel de vos textes symboliserait le plus cette peur ?
J : Impossible de vous répondre aussi précisément, car la plupart des textes sont écris dans des moments de tristesse, de mélancolie et forcément puisent dans cet état de mal être différentes angoisses et craintes. Allez, peut être Mot-W… mais pas de questions sur le titre s’il vous plait.
S.H : Ok…, vous n’écrivez donc pas quand vous allez bien ?
J : Beaucoup moins, c’est vrai. Mais j’arrive assez facilement à provoquer des sortes de micro-déprimes…
S.H : Comment ?
J : La musique aide beaucoup et certaines chansons possèdent le don de vous pénétrer en un instant et d’ouvrir les vannes de l’écriture… et puis certaines rencontres aussi.
S.H : Vous voulez parler des femmes ?
J : Oui, principalement… qu’elles soient réelles ou pas d’ailleurs.
S.H : C’est aussi un thème qui vous est cher ?
J : Je dirais plutôt qu’elles sont implicitement liées à des thèmes que j’aborde souvent et inconsciemment : la rupture, l’amour impossible, la vision de l’autre, l’abandon… et puis il est toujours plus facile d’écrire sur ou pour quelqu’un d’autre que de parler de soi.
S.H : Pour revenir à ce que vous disiez précédemment, quelles chansons, par exemple ?
J : Il y en a beaucoup et la liste changerait selon le jour où vous me le demandez, mais là, maintenant, je dirais : Svo Hljótt de Sigur Rós, Baker, Baker de Tori Amos, 15 Septembre de Biolay…par exemple.
S.H : Tiens Benjamin Biolay, comme notre précédent invité Sohlkjaez ?
J : Oui, mais c’est moi qui lui ai fait découvrir… il a une culture musicale très québécoise et essentiellement féminine ce cher Sohlkjaez, il fallait bien lui ouvrir un peu l’esprit ! (sourire).
Bien sûr, je plaisante et c’est une private joke… oui, Biolay, que je déteste profondément en fait… bon, …j’avoue, je suis juste horriblement jaloux de son talent…
S.H : Et au niveau littéraire, alors, quelles influences ?
J : …Pour le coup aucune, à moins que l’on considère, présomptueusement, que la lecture régulière et assidue de l’équipe et de télé 7 jours soit assimilée à un acte littéraire et militant, ce dont je doute. Non, je suis un très mauvais lecteur… mais j’adore me plonger dans les paroles de chansons tout en les écoutant pour essayer de tout comprendre et d’en saisir le moindre détail, la plus petite allusion, ce qui avec Tori amos par exemple, tient plus franchement à un désir surement refoulé de suicide analytique à grand coup de vers plus abscons les uns que les autres qu’à un réel plaisir de compréhension. Mais après tout, c’est l’interprétation qu’on s’en fait qui compte, au final.
S.H : Avant de vous passer au crible de quelques questions volées à Proust, rien à dire de plus sur vous ?
J : Non, merci, je crois en avoir déjà trop dit.
S.H : Alors… la qualité que vous préférez chez un homme ?
J : L’insouciance.
S.H : Chez une femme ?
J : Le don de soi.
S.H : Votre principal défaut ?
J : le déni de moi.
S.H : « le déni de soi », c’est possible ça ?
J : Oui, ça l’est malheureusement, mais je me soigne, du moins j’essaie.
S.H : Votre couleur préférée ?
J : Le noir, forcément.
S.H : Votre insulte préférée ?
J : « Prof de maths, va ! »
S.H : Votre devise ?
J : « Pour vivre heureux, vivons caché », mais ça ne marche pas des masses, alors plutôt « il y a toujours pire ailleurs, souris, andouille! ».
S.H : Et pour finir, si Dieu existe, que voudriez vous qu’il vous dise une fois arrivé au paradis… ?
J : Il n’existe pas, impossible.
Sinon, un truc du genre : « tu sais, tu as fais de ton mieux avec ce que tu avais, ne t’en veux plus pour tes erreurs ou les douleurs que tu as pu faire naître, tu as toujours cherché à soulager, à protéger quitte à t’oublier malgré tout… A ton tour de te reposer un peu maintenant …». Et il aura intérêt à être cool, fun et …à me présenter rapidement Michelle Pfeiffer si elle aussi est arrivée là haut !
S.H : Merci, Janteloven et qui sait à bientôt...
J : Merci à vous...
A relire, l'interview de Sohlkjaez : www.welovewords.com/documents/lentrevue
La semaine prochaine, Sohlkjaez Hebdo recevra un autre auteur pour une interview exclusive…
Ouh la, Tartine...
· Il y a presque 13 ans ·...fragile, oui quelque part mais comme beaucoup de monde. Ensuite, il ne faut pas prendre tout au premier degré, il y a beaucoup d'auto-dérision et de jeu de rôle...
c'était un exercice de style et un amusement, rien de plus.
Et c'est le meilleur ami qui soit d'ailleurs, surement pas le genre à pousser à quelque chose !!
enfin, concernant, "honte bue"... rien ne dit qu'il s'agit d'un autoportrait !!!!
Amplifier une fêlure, tenter de comprendre une douleur, un manque, un non-dit de solitude... et bien ce n'est pas une mise à nue... juste un regard porté sur un thème un peu décalé...
Comme pour "honte bue"
janteloven-stephane-joye
Euh tartine... Je ne comprends pas trop cette réaction véhémente ?! Tout d'abord car ce sont des self-interview, c'est mon pote qui a réalisé seul cette entrevue, questions et réponses... Et puis le second degré est assez évident pour se rendre compte qu'il y a également une part de fiction dans nos deux entrevues... Mais bon, tu es libre de penser et d'écrire ce qu'il te plaît... Je respecte ça. Et puis notre amitié est plus forte que n'importe quelle critique.
· Il y a presque 13 ans ·sohlkjaez
...non, rien qui ne vexe. De l'autodérision beaucoup je crois, et quelque chose de différent, décalé... (lire le premier volet de sohlkjaez, bien plus drôle sans doute!!)
· Il y a presque 13 ans ·janteloven-stephane-joye
euh... plutôt que déçue, vous devriez dire "soulagée"...!!
· Il y a presque 13 ans ·il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas montrer quand même, ça pourrait abimer les yeux !
LOL
janteloven-stephane-joye
Bravo pour l'idée, un peu déçue je pensais que comme dans le vrai et inconsistant magazine Entrevue on vous verrait à poil ...
· Il y a presque 13 ans ·sophie-dulac
...Ah Sigur Ros...il faut du temps pour vraiment les découvrir... mais de rien... ! :)
· Il y a presque 13 ans ·janteloven-stephane-joye
ben oui.. :)... note ça marche aussi avec "souris, Co..... !"
· Il y a presque 13 ans ·janteloven-stephane-joye
"il y a toujours pire ailleurs, souris, andouille !" :)
· Il y a presque 13 ans ·sohlkjaez
Oui, oui, c'est le but... oufff, elle aura amusée un peu cette entrevue !!!
· Il y a presque 13 ans ·et c'est Sohlkjaez l'instigateur et le précurseur !!
janteloven-stephane-joye