Les ancêtres encore vivants.

Christophe Hulé

Il avait grandi dans la foi et les certitudes de son clan.

Les ancêtres veillaient au grain, tout mort qu'ils étaient.

A chacun sa définition des êtres chers d'outre tombe.

Pour lui cela ne faisait aucun doute, il étaient bien là.

Il ne lui restait plus qu'à être farouchement le digne héritier.

Après son père, et le père de son père, et jusqu'au sommet de l'arbre.

Enfin le sommet se perd dans l'infini, l'horizon n'est qu'un mirage.

Sa mère l'avait pourtant mis en garde.

« Mon fils tu es grand et fort, mais tu n'est pas un Dieu ».

De même que l'on trouve toujours plus petit que soi.

Pour se rassurer un peu sans doute.

On évite de concevoir un être, ou une divinité supérieure.

Sinon à quoi bon combattre.

« Mon frère, tu n'es pas de taille, et n'y vois aucune offense » .

Flanqué de milliers de soldats, le fils partit conquérir ce qui devait l'être.

Et des milliers de tentes et de brasiers sur la place.

Demain, oui demain, par mes ancêtres, nous vaincrons !

Le lendemain fut terrible évidemment.

Le fils, et la majorité de ses soldats allèrent rejoindre les ancêtres.

Le père, la mère, la sœur, ont pleuré tant et tant.


« Ce jour je déclare que nos ancêtres ne sont plus. Le respect que l'on doit à leur mémoire sera toujours célébré.

Cependant, en leurs noms, j'ai perdu un fils, qui a fait preuve de courage pour perpétuer les guerres qui ne nous mènent à rien.

Je déclare ce jour être prêt à parlementer avec cet ennemi, nommé ainsi depuis des millénaires.

Même s'ils ont pris mon fils, je ne vois rien qui nous menace.

Vivons au présent et tâchons ne pas trop abîmer l'avenir de nos enfants.

Ma fille sera ce jour votre Reine, je sais que vous la respectez.

Sa mère et moi resteront en retrait, non sans faire aboutir ce projet de paix, en l'honneur de notre fils.

Vive la Reine ! »

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