Les bains

guegueette

J'entends la goutte qui rebondit. Elle est aiguë et douce. Limpide, comme l'eau qui l'accueille. Je miroite à ce son une scène d'eau douce, un bain, dans un grand bassin. A la romaine. 


Nous deux, collés aux mosaïques, froides et humides, dans une atmosphère tamisée à la lueur de torches. Nos corps mouillés et nus, dans les bains. Personne autour si ce n'est que des esclaves pour nous rincer avec une jarre. Une autre époque où, toi et moi, avons peut être vécus. Te rappelles tu de ce moment ? Je souriais, dans l'eau à barboter, cette eau chaude pour nous deux. Et tu était assis les bras écartés, contre la mosaïque bleue. C'était bien, c'était doux, c'était calme. Il pesait dans la pièce une sérénité lourde de sens, et sensuelle. Déconcertant. C'est pour cela que j'ai nagé vers toi, cheveux à mi longueur mouillés. Tu m'a agrippé par la taille et m'a blotti contre toi, pour échanger un baiser. Lentement, ta main est passée à ma nuque et tu m'a plongée délicatement sous l'eau, tête en arrière. J'en suis ressortie, tu a essuyé mes yeux de quelques doigts, tout en donnant une caresse à ma joue de tes mains épaisses. Tes muscles étaient saillants, magnifiquement sublimés par la lumière dorées des torches. Tu était si beau. Si désirable, que j'ai glissé mes petites mains frêle à ton torse, pour y apposer des gouttes. C'est alors que sur le rebord du grand bain tu t'es assis et que, ma gorge humide, est venue embrasser ton serpent. C'était pourtant si tendre, et simple. L'on entendait rien, si ce n'est que les pas des esclaves venant remplir le bassin d'eau chaude. Un de tes caprices. Et ton regard était pourtant si dur, infaillible, qu'il me fit craquer une seconde fois une fois les lipes assailies de toi. Tu a plongé dans l'eau, façon de dire, tu t'es en fait glissé mais pour moi c'était une fraction de seconde, mon regard vicé au tiens.  Et tu m'a plaquée contre la mosaïque, et tes mains tenaient mes hanches lorsqu'une est venue soulevée ma cuisse. Sous l'eau limpide tu es entré en moi, dans de virils vas et viens ressentis avec ardeur. Et tu m'a prise, alors que je fermais les yeux tête basculée en arrière. Nous étions bien, là, quand tes veines gonflées sondaient mon antre. Je sentais quelque goutte perler sur ma peau, à ma colonne, et ma croupe soutenue par toi.


Je nous y revois, avec plaisir. Et la petite mort fut aussi belle pour l'un que pour l'autre, dans un soupir ralleux sous l'œil d'une escale effarouchée qui n'avait rien manquée de la scène durant sa tâche. Mais ça, nous n'en avions cure, c'était nos ébats partagés, sans conscience de l'autour. 


Te souviens-tu, de ce baiser final, que tu a donné avant de regagner l'autre pièce, me laissant vaporeuse sous les petites bulles de la dernière jarre versée ? Je suis venue de rejoindre, un peu plus tard, et du raisin nous avons partagés.

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