Les bonbons

aile68

Y avait des jours, on jouait aux osselets avec Géraldine. Les osselets c'était des bonbons enveloppés d'un papier brillant, argenté que l'une ou l'autre apportait. Je la battais tout le temps, j'aurais voulu la faire gagner, mais rien n'y faisait, y avait toujours en moi cette envie, ou hargne plutôt de battre les autres. C'était ma façon à moi de vivre, d'exister. La grande fureur quoi, comme dans "La fureur de vivre".

Y avait des après-midi où l'on mettait une couverture par terre et l'on jouait avec mon petit-frère et ma petite soeur, une autre teigne celle-là. Pourquoi les filles chez nous étaient-elles non pas mauvaises, mais ombrageuses, farouches comme un âne sauvage? C'est une chose que je n'ai toujours pas compris. Sans doute voulait-on montrer notre domination, surtout ne pas se laisser faire, par personne. Sur cette couverture on jouait au Lego, on bâtissait des empires avec les petites briques. Y avait les cubes aussi, on s'amusait à reconstituer des scènes, toujours les mêmes, j'aimais bien. C'était des images de dessins animés de Walt Disney, l'ami des enfants. Avec lui, mon côté gentil se réveillait, comme le coq dans la basse-cour le matin et je pensais au Ballon rouge, un petit film que j'avais vu à l'école juste avant les vacances. J'aimais notre maîtresse de CE1, mais le jour où elle a passé ce film, je l'ai vue autrement. J'avais sept ans, des certitudes plein la tête, c'est drôle à cet âge. J'avais un privilège, j'étais l'amie d'Alain et de Francis surtout. Je vous raconterai à l'occasion...

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