Les confitures

Savourer le goût des confitures de fraises du jardin de notre père, elles sont encore meilleures avec le petit goût discret de la vieille cuillère en bois à moitié brûlée, j'ai dans le coeur la saveur d'un je ne sais quoi de cocooning et de cosy permanents, j'aime les boiseries de la véranda où l'on range les pots de confiture et les bocaux de légumes cuits à l'étouffée, les vieux meubles récupérés dans une brocante un de ces dimanches d'hiver froid et humide. A la fin de l'été, regarder mon père nettoyer l'abri de jardin que l'on appelle négligemment "la baraque", oublier le temps de cuisson du fameux gâteau à l'ananas, très sucré, un peu créole, choisir une trousse de la couleur de la souris verte et les fameux stylos "bic" qui nous feront l'année. Les fins d'été me font penser à ces écureuils qui font des réserves pour l'hiver, le ciel est plus nuageux, la fraîcheur de l'air nous fait revivre sous les préaux quand il pleut dans la cour de l'école.

On ne sait jamais quand notre mère décidera d'ouvrir le premier pot de confiture, quand elle se décide enfin à le poser sur la table, on se souvient tous de la voisine qui s'est invitée un jour pour le goûter, avec sa nièce venue pour les vacances de Noël, les plus belles, les plus magiques, celles qui sentent le plus le bois et les cendres de la cheminée. Pendant que les adultes mangeaient des tartines arrosées d'alcool de poire que notre mère avait fait, je faisais des dessins avec la buée sur les vitres des fenêtres, même qu'une fois il y eut un gros orage et on a gardé un ami de notre frère à manger.