Les deux mondes - Prologue

oreline

           Cateline

            Sur Terre        

                                                                                                                        

Il est neuf heures du matin en plein cœur de châtelet, à Paris. Les immeubles haussmanniens dissimulent le soleil qui s’est levé il y a déjà une heure. Le  ciel est bleu mais le temps encore frais. Les trottoirs sont bondés de gens qui se pressent. Malgré tout, ils ne vont pas assez vite, je ne vais pas assez vite, je dois accélérer le pas. Bien qu’essoufflée, je poursuis ma route. Chaque seconde compte. L’angoisse, que j’ai au creux du ventre, s’étend chaque minute davantage. J’ai peur, comme jamais je n’ai eu peur. Je dois faire vite. Je n’ai pas le choix : je pousse et j’écarte cette masse compacte qui me barre la route. Je dois trouver un cybercafé, n’importe lequel pour peu que je puisse accéder à internet. Il ne me reste plus beaucoup de temps. Trois jours, une semaine tout au plus. Avant, je dois le trouver. Et, quoi de mieux qu’internet pour le retrouver ? La tâche, je n’en doute pas, ne sera pas aisée, mais il faut que je tente, sinon… Il ne faut pas que je pense à l’autre alternative. Je dois réussir. Point final. Mes espoirs ne reposent que sur une vieille histoire indienne.

            Je peste contre le monde entier. Le premier cybercafé que je trouve est fermé. Je tambourine à la porte, dans l’espoir que l’employé a eu du retard sur l’ouverture. Peine perdue. Personne ne vient m’ouvrir. Je poursuis ma course. A une intersection, je suis à deux doigts de percuter une vieille dame. Je l’évite de justesse, tout en me tordant la cheville. La douleur est bien là mais je n’ai pas de temps à perdre. Je continue ma course, en boitant et grimaçant.

Ce n’est que dix minutes plus tard que je trouve ce que je cherchais. Un boui-boui sale qui ressemble davantage à un cagibi. Malgré la poussière déposée sur la devanture, je remarque les écrans d’ordinateurs à l’intérieur. J’entre et demande à un employé maussade et indifférent un accès à internet. Il me propose un poste d’ordinateur et me laisse vaquer à mes occupations. Je tape plusieurs mots sur le moteur de recherche. J’envoie. Rien d’intéressant. Je tente autre chose. Rien non plus. Encore. Rien. Je ne sais plus, je ne vois plus. Quelque chose me revient. Je tente. Je cherche dans les photos numérisées son visage. Et, là je le vois. C’est bien Neshoba qui porte cette tenue de rugbyman. J’ai les larmes aux yeux. Bon Dieu, c’est un miracle ! J’ai envie de crier et de pleurer. Je m’abstiens, bien que mon visage rouge d’émotion et mes larmes attirent l’attention de mes voisins internautes. Mais, je n’en ai plus pour longtemps. Je griffonne l’adresse sur mon agenda et me dirige sur le site d’une compagnie aérienne. Il faut que je parte dès aujourd’hui. Tout n’est pas encore gagné mais j’ai l’espoir.

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