Les eaux plates. (1)

C'était l'année où nous faisions du tourisme par avion et par hôtel. Betty avait pris une année sabbatique pour repulper sa curiosité des continents et voir si l'eau chaude coulait bien à tous les robinets des chambres, voir si le monde était conforme à ce que l'on disait de lui dans les prospectus: calme, dans un environnement agréable et avec vue sur la mer.

C'était l'année où les soucis matériels n'avaient aucune importance puisque nous étions blindés de chez blindés, tellement blindés que nous avions du mal à refermer la porte du coffre: j'avais revendu toutes mes parts de chez Nutella avant que le scandale de l'huile de palme n'éclate, et déplacé toutes mes actions de la Française des blés au profit du tout sans gluten. Betty disait de moi que j'avais du flair de chien.

- Du flair de chien ?

- Oui, t'es capable de sentir 3 fois le même truc pour aller mettre le nez ailleurs !

Notre premier voyage s'est tiré au sort, quand par une soirée alcoolisée nous nous amusions à faire tourner le globe terrestre et lumineux de la petite table du salon:

- Vas-y ma chérie, trempe ton doigt dans la vodka, je fais tourner la boule et t'appuies dessus quand tu veux !

- Zanzibar !

Betty venait de pointer sur Zanzibar...