LES ENSORCELEUSES
agathe
LES ENSORCELEUSES
« Après leur passage, plus rien n’est comme avant… »
Il existe un monde parallèle au nôtre où s’épanouit une espèce toute particulière. En fait, c’est ce que l’on croit, car cette espèce a toujours existé, mais moi je n’y croyais pas. Toutes ces histoires qu’on se chuchote de mec en mec, qui nous font rire d’un rire gras, mâle à souhait, avec la toux gênée de celui « à-qui-on-ne-la-fait-pas» « mais-de-quoi veulent-ils-donc-parler ? » Enfin bref des conneries d’adolescent attardé.
Donc disais-je, il paraitrait, d’aucuns disent, qu’il s’agirait d’une sorte d’espèce mutante. Elles n’ont apparemment rien de différent des autres à la base, elles ne sont même pas forcément jolies, mais ces filles-là, après leur passage dans ta vie, plus rien n’est jamais comme avant… On les appelle les ensorceleuses.
J’avais accordé une attention polie à ce que je qualifiais d’élucubrations.
Jusqu’au jour où j’ai rencontré la première ensorceleuse de ma vie….je ne l’ai pas démasquée tout de suite. Nous étions Baptiste et moi, Ray Ban de rigueur sur le nez, en plein soleil du mois d’août, attablés à la terrasse du « café des amis » en train de siroter une excellente bière blanche et en train de mater, il faut bien l’avouer, tous les petits culs qui passaient. La chasse n’était pas extraordinaire, et en bon macho qui se respecte, dès qu’il s’en présentait un, on lui mettait une note. Oui je sais, pas très délicat et un peu premier degré, mais on s’amusait bien… Vous voyez d’ici la scène cliché…
J’étais donc en train d’écrire ladite note sur mon calepin, lorsqu’une ombre a caché le soleil de la terrasse. A peine eu le temps de lever la tête que je reçois l’éclaboussure d’une vague de bière provoquée par l’arrivée intempestive dans mon verre, du contenu de la coupelle d’olives.
Putain ! Ma chemise blanche ! Je regarde Baptiste prêt à l’insulter, et là je vois mon Baptiste la bouche béante, avec un air ahuri qui me pousse illico à décoder qu’il n’est pas dans ce coup foireux-là. Je tourne le regard vers cette ombre qui occulte mon soleil et Je tombe sur un pantalon tellement bas sur les hanches que je me souviens m’être demandé comment il faisait pour tenir. J’ai eu toutes les peines du monde à me détacher de ce petit ventre plat, orné en son centre, d’un joli lapin en strass. D’ailleurs je suis resté scotché, il faut bien l’avouer
« Et les ventres tu les notes aussi ? Tu lui mets combien à celui-là ? » Celui-là comme elle dit, était çà 20 cm de mon visage… impossible de quitter des yeux les petites oreilles de ce drôle de lapin. C’est la première image que j’ai eu de cette fille, aucune idée de son visage. Aucune importance.
Sans un mot de plus, elle m’a tendu un mouchoir en papier sorti de sa poche. C’est alors que j’ai enfin levé les yeux.
Un petit visage étroit, surplombé d’une coupe pétard couleur arc-en-ciel. Indéfinissable. Ce qui m’a le plus marqué dans son visage, c’est l’expression de ses yeux. Je me suis senti transpercé par ce regard bleu marine, curieux et interrogateur qui semblait dire :
« Es-tu vraiment aussi nase que tu en a l’air ? »
C’est à ce moment que Baptiste a retrouvé l’usage de la parole. « Ah Salut Lyla qu’est-ce que tu fais là ? »
Je n’en revenais pas que Baptiste, mon copain Baptiste puisse connaître une nana aussi branchée. Et en plus elle s’appelait Lyla. Inimaginable !
C’est du coup moi qui me suit retrouvé bouche bée. « Ferme ta bouche, bébé, tu vas prendre froid »
Eh bien on peut dire qu’on était parti sur des bonnes bases…
«Guillaume, je te présente ma cousine Lyla, qui est en vacances chez nous depuis hier. Tu bois quelque chose Lyla ? »
Elle s’est assise à ma droite, un petit air amusé sur les lèvres. Elle a dit « vous êtes vraiment nuls les mecs, mais çà a l’air marrant comme jeu. Ok ! Je joue avec vous, mais avec mes règles », sans demander si on était d’accord.
C’est comme çà que tout l’après-midi, elle a ri avec nous, elle notant les filles et nous les garçons, chacun usant du maximum d’indulgence concernant son sexe d’appartenance.
C’est comme çà que lorsqu’elle s’est levée de sa chaise, j’ai senti un grand vide inexplicable.
C’est comme çà que je ne suis plus jamais senti complet que lorsqu’elle était là.
C’est comme çà que j’ai compris les « élucubrations » des ensorcelés.
Le monde des ensorceleuses existait réellement, j’en étais la victime consentante.
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Trois ans plus tard, j’ai rencontré ma deuxième ensorceleuse. Elle avait les yeux bleus de sa mère, s’agitait dans un pyjama rose décoré d’un lapin aux grandes oreilles
….et s’appelait Yéléna.
Bravo ! Un joli regard magique !! Et traité avec réalisme et humour ! J'adore !
· Il y a plus de 13 ans ·mls
Coucou Lézard et merci de tes commentaires qui me touchent toujours. Moi aussi j'appréciece que tu fais, plein de révolte et de sensibilité.
· Il y a plus de 13 ans ·bisous
agathe
agathe
Oui, les magiciennes à l'aura irrépressible... On voudrait aussi être magiciens. Magnifique, comme d'habitude. Je suis vraiment fan de ton travail, tu tapes juste à chaque fois, et cela me plaît grandement ! Coup de Coeur !
· Il y a plus de 13 ans ·Lézard Des Dunes
j'aime beaucoup !les ensorceleuses ..à tout âge
· Il y a plus de 13 ans ·joli regard sur ces ensorcelés en devenir .. :-)
ristretto