Les feux rouges

Les feux rouges.

Je me souviens des feux rouges, probablement de la voiture qui nous devançait. Il fallait que je m'y accroche, à ces feux.

Que je me raccroche à quelque chose, surtout.

Ce matin, je me sens triste. Juste profondément... triste. J'ai bien envie de me complaire dans cette douce et belle mélancolie, écouter des chansons qui l'accentueront, peut-être. Je n'ai pas envie de me souvenir d'hier, parce que j'ai beaucoup trop bu, et que l'alcool doit encore polluer mes veines à l'heure qu'il est.

Accroche-toi aux feux rouges...

Ce n'est pas seulement aux premiers de l'an que je fais des bilans. Je pratique cette activité assez régulièrement. Sauf que ce matin... et la tristesse, et tout ça... vous voyez.

Mon bilan est raturé, rouge par endroits, les pattes de mouche côtoient des termes soulignés d'un trait gras et baveux. Rien de bien glorieux, en somme. Quelques étincelles, oui. Fragiles et bancales, mais présentes, c'est certain. Quant aux châteaux de cartes... seul le vent nous dira s'ils tiendront. Et combien de temps.

Je pleurerais bien, là, tout de suite. Juste pour le symbole. Parce que j'ai trop souvent pleuré en tout début d'année.

Je ne sais pas trop.

Accroche-toi aux feux rouges...

La journée s'est réveillée.

Le ciel, trop bleu, trop clair, se fout doucement de moi.

Un jour comme un autre, en fait.

Je boirais bien, encore. Pour retrouver les feux rougeoyants dans la nuit trop sombre, tandis que ma tête partirait en arrière. Et me raccrocher...

... encore une fois.