Les fruits secs.

Avec Betty on avait monté une petite entreprise de fruits secs au cas où... et qui s'appelait par ailleurs : 'Au cas où '.

Beaucoup de nos consommateurs étaient satisfaits de notre initiative, car comme chacun sait, dans la merde, toute initiative est bonne à prendre si tu tends secours à la population à ta façon. Certains fabriquaient des masques ou de l'oxygène, nous, des fruits décortiqués et séchés sur notre terrasse : Betty avait insisté pour que sur le packaging de nos produits figure notre piscine et l'Olivier.

Olivier était notre homme à tout faire et nous lui devions bien ça :

- Manquerait plus qu'il claironne à tout va qu'on l'exploite ! Fou lui sa tronche sur les paquets pour bien montrer qu'on l'aime ! m'avait dit Betty.

Pour la piscine je n'ai jamais su la raison, mais comme nous nous aimions, on se faisait mutuellement confiance.

Notre commerce semblait si sincère, qu'il devenait de plus en plus équitable. Les avis positifs se multipliaient sur de nombreux réseaux sociaux et du coup notre chiffre d'affaire aussi :

 « Fruits au top ! Je conseille vivement. » (Martine 69)

« 'Au cas où' c'est mieux qu'un plan B ! » (Vanessa 42)

« Quelques amandes devant la télé, et t'oublie que c'est que de la télé ! » (Hanouna 75)

« Avec ma femme on se fait des soirées de ouf avec la banane et les myrtilles déshydratées ! » (Paul et Virginie 44)

A cette époque, les avions ne volant plus vers les mers du sud ni celle des Caraïbes, on avait une clientèle de Club Med et de borderline :

- Tu crois pas mon chéri que ce serait une bonne idée de rajouter au dos des paquets, quelques mots croisés et les résultats du Loto ?

C'est juste avant les Pâques, à force de questions et de raisonnements sur la civilisation western que Betty lâcha :

- Et si nous nous lancions dans les pépites ?

- Les pépites ?

- Les pépites en chocolat !

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