Les glaciers de la 6ème avenue
bellaruche
Les glaciers de la 20ème rue fermaient leurs portes, et il était déjà l'heure de recommencer. Nous ramassions chacun quelques feuilles pour les ajouter à l'herbier, et pour ne pas oublier que nous avions vécu ici, dans le tourbillon de la grande ville qui avait naître et mourir des amours bien plus frivoles que le notre.
- « Ne te penche pas trop », me disait-il avant de réajuster son imperméable gris.
Nous achetions parfois quelques parts de pizza sur le chemin du retour, et je m'attardais toujours à me souvenir de nos conversations pendant que l'employé les passait au four.
- « Sais-tu qu'une école de pizzaïoli vient d'ouvrir près de la fabrique ? », lui avais-je demandé ce soir là. Souvent j'oubliais ses réponses, et je me reprochais d'avoir été si évasive. Nous écoutions les jeunes couples s'amuser, d'abord complices, puis seuls, et souvent, au fil des années ils cessaient de venir.
- « Méfie-toi, tu termineras comme eux à force de les observer », me prévenait-il certains soirs.
Nous repartions alors en silence dans le froid sec de l'hiver new-yorkais pour regagner l'appartement, situé à quelques mètres de là. Nous connaissions si bien le chemin du retour que nous ne parlions plus, le trajet était si court que nous n'avions pas le temps d'engager une conversation. Bientôt la clé dans la serrure ouvrirait l'antre d'une nouvelle nuit partagée, à la fois sans surprise et pleine de promesses.
Peut-être la dernière, me disais-je toujours.
Oui c'est toujours le début de la fin
· Il y a plus de 9 ans ·Pawel Reklewski
c'est très bien. Simple, direct, et très suggestif ce que j'apprécie toujours dans le style. Que l'imagination du lecteur reste ouverte, qu'il n'y ait pas trop de détails mais plutôt une ambiance comme ce que vous avez su faire naître dans ce texte.
· Il y a plus de 9 ans ·elisabetha
Merci beaucoup Elisabetha !
· Il y a plus de 9 ans ·bellaruche