Les herbes folles

bis

 

Automne monotone murmurant dans un ciel dément que tout n’est qu’ennui et que bientôt nous serons flétris.

C’est un homme banal, tellement normal que c’en est presque létal de regarder sa vie défiler comme un petit fleuve atrophié ployant sous des ans de travail et de grisaille continuelle d’un quotidien à mille pareilles.

Pendant sa journée il compte les heures passer, la nuit les moutons sauter, puis aux toilettes les choses qu’il compte resteront secrètes. L’homme-banal-normal-tellement-que-c’en-est-létal s’en va prendre un café pour se réveiller les facultés de penser. Bien qu’il ne soit que secrétaire, il y a tout un art de faire : classer, ranger, batailler avec les papiers et surtout éviter de faire autre chose que les choses qu’on lui impose. Autrement, il risquerait l’overdose de se voir octroyer l’autonomie d’écrire un brin sa vie. Mais il ne veut point ce traintrain de forain. Bosser, c’est son métier. Laissons-le donc travailler mais pas penser. C’est ce qu’il pense du moins... mais après il retravaille pour oublier le méfait d’avoir pensé.

Toute une mécanique d’humain automatique et programmatique. Un robot comme il en existe trop.

Mais un jour par mégarde il s’égare. Dans un bois l’air hagard, il regarde et ne se garde pas d’apostropher avec un air de promeneur hébété les marcheurs des herbes folles gravitant dans le temps et l’espace de la place où il a perdu de son chemin la trace.

Pendant quelques minutes il s’évertue à questionner les passants éberlués, comme fous, de cette étrange forêt. De cyprès pardon de si près il semble à l’homme que les passants ont des yeux de déments. Prenant peur et affolement, il se met à crier et court mollement pour fuir la forêt des herbes folles.

A bout de souffle et parvenu dans un petit gouffre de pierres taillées par les années comme la mer déchainée, il rencontre une femme d’une grande beauté qui lui apparait bien être pour sa part sensée.

C’est la première depuis son arrivée dans ce qu’il croit être  un grand enfer. Si belle, si frêle, pleine de douceur et lui au premier regard si plein d’ardeur et d’égard pour ses beaux yeux noirs.

Elle ne semble pas humaine à contrario. Qu’importe puisque lui n’est qu’un robot.

Il suffit d’un son, d’un cri de celle qu’il voit gentille pour qu’ici l’humain programmatique tombe dans un amour quasi automatique, en dysrythmie de son cœur affranchi autrefois, à présent contraint à l’émoi, de la belle au demeurant flegmatique.

Juste un petit gloussement. Et le temps passant dans les herbes folles.               

 

L’été ne pointe pas le bout de son nez après que l’automne tonne. Et pourtant…

 

 

C’est une scène bigarrée, au moins trois couleurs, peut-être en quadrichromie voire plus. Entre les souffles des deux amants lovés s’est égaré l’amour d’un instant partagé. Corps contre corps, ils s’enlacent et se menacent de mots doux dans la chaleur réconfortante d’un été passé à s’embrasser.

L’un d’eux arbore un sourire niais et d’un air gai se permet d’émettre le sordide gloussement des passionnés truculents débordant d’ardeur et de désir tandis que son double féminin jubile d’être enfin parvenu à ses fins, celui d’avoir emprisonné sa moitié  dans l’écrin sans retour de la folie d’un amour.

C’est au milieu des herbes folles que s’envolent les deux amants s’embrassant, dans l’assourdissant vrombissement des frondaisons, dansant sur la chanson d’un Eole vagabond, entre les feuillages de la végétation.

Mais une interrogation, un grand affolement reste cependant encore et encore en suspens, surplombant l’Eden des deux amants : « Encore combien de temps ? »

Combien de temps avant d’enfanter la fin de notre euphorie passée par un écart infidèle, lorsque nos mots ne seront plus de miel, que de nos bouches sortira ce fiel haineux des couples se remémorant qu’avant tout était harmonieux. Alors arbrisseaux et corbeaux se gausseront de nous voir créer nos propres maux.

Le ciel pourtant encore estival, s’égratigne de la grisaille de doutes qu’engendre les tourtereaux anxieux de voir passer devant eux un déchirement douloureux : la séparation.

Oh non s’il te plait, de grâce, je t’en prie, ne le dis pas ainsi ! Ce mot m’écœure, rien qu’à l’entendre, mon cœur s’écrase de torpeur et j’en viens à grands pleurs à penser qu’un jour tu pourrais ne plus m’aimer, qu’un jour viendra où peut-être voire surement tu m’oublieras pour d’autres bras que les miens ici-bas dans ce champ d’herbes folles bercé doucement par Eole. Tu m’oublieras donc? M’oublieras-tu ? Dis-moi que tu ne m’oublieras pas, dis-le moi je t’en prie.

A ces mots le transi notoire se glace d’effroi car il craint de son côté de rencontrer des amours passés qu’il n’a pas pu oublier ni décristaliser comme le disait  Stendhal dans son esprit papier génial. Cependant malgré ses doutes et vieux sentiments, il sait que devant lui, bien qu’il en soit épris, se trouve un être transi d’amour ou d’autre chose mais pas humain… Avec tact donc…

Que dire ? Je me sens faiblir ma belle inquisitrice, cantatrice de mes sentiments et délices dans ce bois. J’ai ouï dire que l’amour n’était pas pour toujours…

Et l’impact de son soi-disant tact qu’il avait voulu insuffler dans son phrasé vira à l’injure au fur et à mesure de ses détours sans atouts ni atours ni attraits. Les si près pardon les cyprès voyant sur la princesse la liesse s’estomper se mirent à hurler, le temps à changer, Eole à fuguer, les herbes folles à danser puis la forêt entière à huer de l’amant l’amour qui n’était pas pour toujours.

Tonnersite, la saison de la mort automatique. C’est la cinquième dont on ne cite jamais le nom, on l’oublie souvent par peur de déraison. Car celui qui la voit meurt royalement d’effroi.

 

C’est une scène en noir. Sur le firmament se déchainent des éclairs blancs intermittents venant battre les oreilles de l’ancien amant. Chacun dans la forêt, les cyprès comme les arbrisseaux, les corbeaux comme les geais ont disparu, ne laissant place qu’à la reine hautaine de ces bois bizarres puis son regard lézardant l’obscurité crénelée d’éclairs et cette fois ressemblant bien à l’enfer.

Tu veux donc me quitter avec lâcheté ?

Mais mon amour, jamais je n’ai dit cela. Tu es le rayon qui éclaire mes jours et… tu es mon petit chat.

Bien piètre choix de mots. La dame aux excuses du robot sent l’entourloupe et fait fondre sur lui un éclair jauni.

 

Tu me mens en plus ?

Non jamais… chaton.

Ne m’appelle pas ainsi. Tout ce que tu voulais, c’était donc mes fesses et mes baisers pour t’amuser ?

Mais jamais…

A ces mots un deuxième éclair vient fendre l’air et le crâne de l’âne au passage. Dommage…

« Henry ? Henry bordel lève-toi ! Le boss arrive dans cinq minutes et on a encore deux-cent foutues pages à photocopier. On ira plus vite à deux. Puis t’es pas payé à rêvasser. Trouduc ! ».

  • Oki merci pour les avis, j'espère pouvoir m'améliorer à force :)

    · Il y a plus de 11 ans ·
    544813 416184855145011 490152810 n 465

    bis

  • Ton texte est assez dépaysant et la chute est rafraîchissante :)
    Mais j'avoue que le vocabulaire que tu as choisi m'éloigne un petit peu de l'histoire, j'accroche pas facilement malgré la qualité certaine de ton écriture, c'est une histoire de goûts mais ce n'est que mon avis hein :)

    · Il y a plus de 11 ans ·
    20130820 153607 20130820153847362 (2)

    rafistoleuse

  • Y'a incontestablement quelque chose de poétique dans ton texte. Et non, je ne me suis pas lassée, c'est juste que ça a rendu ma lecture plus compliquée.

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Logo bord liques petit 195

    octobell

  • Ouais pour ce qui est de la structure de la fiction, j'aurais pu faire mieux mais manque de temps, puis je voulais avoir un avis vite fait sur mon travail :p

    Question phrase par contre, j'étais d'avis que le rêve enchaîne très vite les idées donc peu de ponctuation... puis j'aime beaucoup Apollinaire... ça demande une réflexion de ma part parce que ce que j'écris n'est pas vraiment un poème.

    La question étant: est-ce que vous vous êtes lassé au bout d'un moment à cause de la ponctuation? Auquel cas je changerai peut-être pour mes prochains textes.

    · Il y a plus de 11 ans ·
    544813 416184855145011 490152810 n 465

    bis

  • Mouahahahahah la chute !
    Je n'avais pas tout tout bien compris, mais du coup, j'imagine que c'est volontaire !
    Cela dit, les phrases très longues et pratiquement dépourvues de ponctuation, j'ai un peu de mal.
    Mais un texte original au demeurant, et une bonne idée, je pense !

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Logo bord liques petit 195

    octobell

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