Les jardins de vraisemblance.

effect

Extrait: "Je démaquillais le rouge vermillon de ses pieds, puis je les embrassais pendant longtemps, jusqu'à ne plus sentir l'acétone de mes doigts."

… Lorsque la colle avait fini de prendre et que les deux pièces étaient fermement assemblées... que l'hélice tournait dans le bon sens... je lui soufflais dessus. L'éolienne pouvait fournir tout le voltage nécessaire à tous mes châteaux façonnés aux ampoules de vélo, et j'arrivais même à faire tourner au peigne, les phares d'une DS 23 Majorette bidouillée d'électrostatique, en lui faisant longer un fleuve dessiné au feutre bleu estompé à l'urine de caniche, sur une nationale étalée au pouce et au Miror étain...

- Ben putain ! Morveux, t'arrivais à faire tout ça ! T'as du perdre un jour le mode d'emploi quelque part !

- Pourquoi ?

- Regarde-toi ! Aujourd'hui pour changer une ampoule à la maison, t'appelles un électricien... une pile à la télécommande, Darty... et pour descendre à la mer par l'A7 tu regardes encore si le gps il y va lui aussi ! T'es tombé dans les escaliers depuis ? T'as plus les phares qui tournent ?

- Y'en a pas sur une Mercedes !

- Ben faut dire... que de l'électrostaticité, t'en as de moins en moins sur la tête ! Faudrait te faire tenir les cheveux avec du scotch pour les faire se retourner !

- ???

- Les jolies filles ! Se faire retourner les joies filles ! A lire ta tronche, tu ferais bander molle une Ornella Muti jeune et nue dans un 'Conte de la folie ordinaire'.

Voilà. Betty venait en une phrase de me couper l'herbe sous le pied, herbe pour laquelle j'avais tant pris soin d'hachurer par un assemblage de petites feuilles de ficus, les intérieurs de mes carrés et ceux de mes cercles afin d' en faire des jardins vraisemblants, laissant à penser que c'était sans doute le chat du salon qui les avait bouffées, par manque de chlorophylie subjective.

Dessin Thomas RUE.
Signaler ce texte