Les jours

Les jours de mariage, rares, on admirait les costumes de mon père, je crois que l'un d'entre eux venait de là-bas. Sur les photos il avait toujours cet air gentil, ma mère elle,  avait l'air d'une reine, digne et élégante, le visage honnête des femmes qui savent la dureté de la vie et qui l'ont toujours combattue. Même en vêtements de tous les jours, elle garde cet air digne, je passe au présent car elle est toujours parmi nous, mon père aussi mais d'une autre façon, avec le coeur et les souvenirs... Ma mère n'a pas les rides de la vieillesse, ses enfants n'ont plus, mine de rien, nous défions les années qui passent avec notre air juvénile, lisse comme une patinoire.

Quand nous étions enfants, les dimanches flottaient au fil de l'eau, y avait beaucoup de bruit chez nous, ça faisait pas semblant de vivre, nous riions beaucoup aussi. Ma chambre avait des fleurs oranges, on faisait des gâteaux à l'ananas, des guirlandes pour Noël. Le premier cadeau dont je me souvienne c'est un couffin orange en plastique, à l'âge de sept ans peut-être, puis mes chers patins à roulettes, vers neuf ou dix ans.

Passaient les ans et les anniversaires, ma mère faisait des génoises qu'elle fourrait de crème et couvrait de paillettes multicolores, mon père n'a jamais été sucre, il prônait la sincérité et les choses naturelles, j'aimais sa peau bronzée et ses yeux azurs, son amour de la terre, son goût pour le travail, le travail. Quand je pense à lui parfois je sens cette odeur de bonne terre qu'il a tant travaillée, retournée. Ses outils, son vélo on les a gardés, gardés, mais pas seulement ça. Chut... Me recueillir avant de clore ce texte, ce texte. Ne pas le perdre, le garder comme tous ces chers souvenirs, souvenirs.