Les Magiciens de la Terre
Julie Steynen
Les Magiciens de la Terre.
Paris, s’éveille, sous le chatoiement du soleil, faisant disparaître les traces de pas épaisses et profondes que la nuit a encore crayonnés sur nos vies. Les hommes et les femmes se réveillent, et voudraient retrouver les tréfonds de leurs rêves, une dimension irréelle, où il est permis de transformer les yeux en un demi-soupir pour ne plus voir ce qu’on ne voudrait pas.
Chaque jour est un chef d’œuvre atone, le portrait fade d’une vie aux couleurs trop ternes qu’on a tendance à trop délaisser. Oui, on pense que la paix ne se trouve que dans les rues que l’on considère comme familières, et que la guerre surgira si nos pas ne correspondent pas à ceux de la veille. Oui, la routine a fait de l’Homme un mécanisme, que la sagesse ne sait pas déchiffrer. Parce que nous somme tous comme cet homme, qui vit sans réfléchir aux richesses qui l’entourent et qui fusille du regard ce qu’il juge comme différent. Oui, on a tous des préjugés sur ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions que nous, sur les personnes qui ne nous ressemblent pas. Mais pourquoi partageons-nous tous cette intuition innée? Parce que, nous sommes tous les jours confrontés à une représentation scientifique de l’humain, et nous ignorons ce qu’est l’homme à l’état naturel. Car, comme Georges Braque dit : « L’art est fait pour troubler et la science pour rassurer. »
Un musée interactif et égayant sur les Hommes Primitifs, a ouvert ses portes il y a quelques semaines environ, dans le Quartier Latin à Paris.
L’Homme y emmène son enfant. L’initiation à la culture est importante dit-on. Mais l’Homme n’a rien compris, il n’a pas saisit le message que les visages éteints voulaient encore lui transmettre avant qu’il ne soit trop tard. Au contraire, l’Homme s’est tu tout au long et l’enfant n’a rien appris.
Pourtant, ces musées regorgent de matériel éducatif, pour que les plus jeunes d’entre nous, prennent conscience que l’art primitif contemporain, dissimule sous son visage endormi, la hantise de ne plus pouvoir transmettre de richesse à ceux auxquels elle a un jour appartenu. Transmettre un patrimoine culturel, c’est comme danser sous un clair de lune, elle a un sens quand la personne qui nous accompagne, puisse changer la couleur de la lune quand elle brille tard au soir sur nos vies, elle a une raison d’être, quand la personne à qui on apprend, interprète différemment cette culture, qui au fond n’a pas de définition exacte. Parce que oui, nous subissons les conséquences d’une théorie linéaire, nous sommes les traductions de coutumes trop bien définies. Nous prétendons-être plus civilisés que les hommes primitifs, mais utilisons-nous le terme civilisation à bon escient ? A cette époque, une communauté d’égalité régnait, parce que chacun était égal face à la culture. Car, chacun de ces individus à l’esprit élémentaire, représentait à eux seuls, une culture à part entière. L’art primitif est un immense fleuve de personnalités, qui fait de ces hommes barbares, un peuple dans lequel la liberté d’expression, est une valeur à promouvoir. Oui, désormais, nous pouvons l’affirmer, notre patrimoine culturel s’est réduit à une société médiatique dans laquelle l’uniformisation de l’individu n’a jamais été aussi généralisée.
L’Homme banalise toute forme d’art et vulgarise les traditions d’autres peuples. Pourtant, l’accroche de ce musée en révèle beaucoup sur la nature de l’humanité et l’origine de la culture. « L’art n’a pas de nationalité et les magiciens de la Terre sont ceux qui ont appris à régner sur eux-mêmes avant de vouloir régner sur le monde ». Mais l’Homme n’a même pas lu et l’enfant n’a pas eu le temps de comprendre. Et c’est de telle manière que les abysses de notre civilisation, s’envolent, à travers le tourbillon destructeur de l’histoire, qu’on n’a apparemment pas assez appréciée. L’Homme retourne chez lui, tenant son enfant par la main et en laissant de côté, la grandeur qu’il ignore en lui. L’Homme arrive au seuil de la porte et pense que la vie se résume à tourner la clé dans la serrure à chaque fois qu’une autre journée touche à sa fin. Pourtant, l’enfant se retourne vers son père et lui demande : « Papa, les magiciens de la Terre, est-ce qu’ils font eux aussi des tours de magie ? »
« Tu sais, mon enfant, les magiciens de la Terre, ce sont ceux qui ont donné à leur vie, le sens qu’ils voulaient qu’elle ait, et au monde, le sens de toutes les autres ».
Paris, s’endort, sous les étoiles qui apparaissent pour nous montrer qu’ils ont besoin de notre foi en ce monde pour continuer à briller. Les hommes et les femmes s’assoupissent, retrouvent paisiblement leurs songes nocturnes aux pétales féériques qui ont permis à la nuit de les aimer à la folie. Les anges descendent sur Terre pour sonner l’hallali aux personnes pour lesquels la justice du Ciel a décidé que les dés ont été jeté trop loin.
Cet homme est mort désormais, et n’a jamais su, ce qu’était vraiment la vie. Parce que, la culture nous apprend à connaître l’homme en nous montrant comment ne jamais l’oublier.