Les mémoires plus ou moins vrai de Maitre Scarabée le plus grand des faussaires, ou le sucide par la justice. 7eme Partie
Remi Campana
7. LA PENSEE (2)
Je pense, donc je ne suis pas.
Je ne représente qu’un héros de fiction et pourtant, à travers votre regard, ne suis-je pas plus vivant que bien des hommes ? Mon obstination à survivre et, comble de la misère humaine, « ma bêtise »… Singeant Mac-Mahon, à travers elle, je dirais juste : « j’y suis, j’y reste ! ». Et, comme toute personne bête, je ne juge en rien et je constate à ma manière.
Au final, j’avais mal tourné en prenant femme, j’avais délibérément cessé d’exister.
Indépendant dans l’âme, je ne vous chanterai pas qu’auprès de ma belle, il fait bon d’y vivre. Je pris tout simplement de nouvelles habitudes, rien de plus.
Je cherchais à exposer, car dans notre société il fallait passer par là. Malencontreusement, on ne se préoccupait pas des qualités que vous dégagiez mais seulement de la rentabilité. La facture de ma peinture était très bonne, semblaient dire tous ces messieurs, mais les sujets un brin trop agressifs et personnels risquaient de choquer la sensibilité de plus d’un. On avait bien essayé de me passer une commande, me persuadant de peindre des golfeurs – le thème à l’époque était à la mode – ou encore de réaliser une installation au titre provocateur, mais comme je n’avais point envie de me prostituer à faire des choses qui ne m’intéressaient pas, je
décidai de rester dans mon coin.
L’une de mes rares libertés était donc constituée de quelques expositions que je visitais les soirs de vernissage pour économiser une entrée, bien que cela ait tout pour me déplaire, comme vous le savez. Lada me suivait dans mes petites incartades ; pendant qu’elle prenait un malsain plaisir à se montrer tout en jouant les déesses, elle me laissait en paix. Seul, je me sentais revivre et me consacrais à ma passion, la peinture. Mon regard, depuis quelques mois, se trouvait de plus en plus intrigué par un drôle de « zigomar » qui se faisait appeler Dupa-Grave.
Il était aussi bossu que son ventre était large et, sur son épaule, se trouvait une adorable petite chatte noire qu’il appelait sa « Mimine ». Il parlait facilement, à qui voulait l'entendre, charmeur et parfois provocateur quand il n’était pas menteur mais, à le voir, je le soupçonnais d’être bien plus cruel qu’il ne voulait le montrer. Il se rendit très vite compte que je le surveillais, et m’apostropha d’une manière bien peu délicate :
- Alors mon lapin, on reluque l’honnête travailleur, on se trouve trop à l’honneur pour perdre son temps à lui adresser la parole ?
Je souris à sa phrase, et lui répondis :
- Faut-il que les hommes se parlent ? Quand ils le font, cela ne crée-t-il pas des médisances ? Me tapant dans le dos, il rit à ma réponse, et nous trinquâmes à la réussite de tout-un-chacun. Oubliant Lada, il m’invita dans quelque bar louche du Chicago local.
J’appris à le connaitre, il avait deux visages : l’un qui vous faisait rire, et l’autre bien plus pathétique. Il s’était essayé un peu à tout, un coup chanteur lyrique, ou gigolo au Monténégro, il fut même un temps héros de Bandes Dessinées. Ce touche-à-tout de génie s’attaquait maintenant à l’avarice des plus grands, offrant à ces éternels enfants les plaisirs qu’ils désiraient. Curieux, il me demanda ce que je faisais, à traîner ma carcasse dans des lieux aussi « select » que des vernissages. Je lui dis la vérité, que j’étais tout simplement un peintre désargenté.
Il rigola de sa plus belle voix, lui qui pensait que j’étais un déloyal sur le marché du travail ; et demanda aussi sec à les voir, mes atroces labeurs ; j’y consentis dans les jours qui suivirent. Il fut « épaté », comme il le disait, et me passa commande Fifty–fifty dans les affaires, mon compère, cria-t-il, et me renouvela son amitié d’une grande claque dans le dos. Quel sale tic avait-il -là, c’était bien d’un méridional, ce besoin de toujours vous tripoter en vous parlant. Quelques jours plus tard, je lui donnai ce qu’il m’avait réclamé. Mais cette fois, plus habile et prévoyant, j’évitai de justesse la « pichenette » qui vous fait du mal aux lombaires. Surpris et comblé, il semblait satisfait, et me donna une avance.
Quelque temps plus tard, j’avais oublié Dupa-Grave quand celui-ci se rappela à moi. Se pointant dans ma maison sans la moindre invitation, il me tendit une grosse valise qu’il tenait sous son bras.
- Voilà mon lapin, ta quote-part, la régularité est de mise chez les truangots de profession. Tu m’as fourni ton premier chef-d’oeuvre, reste le deuxième pour faire partie de la grande famille.
Je dois dire que je n’avais jamais vu autant de billets en une seule fois. J’étais tenté, mais refusai. Il ne parut pas surpris de ma réaction, et même sourit :
- Tu y reviendras pitchoun, tu es comme moi, tu as le vice dans la peau ; et l’honnêteté chez les artistes n’est pas de mise. En attendant, tes devises t’attendront, bien au chaud. Je m’éloignai de l’ange tentateur qu’était Dupa-Grave, peut-être avais-je peur de tomber dans ses griffes, mais j’étais loin de me douter que, d’une façon détournée, il allait revenir dans ma vie.
Recevant un jour une invitation d’un prestigieux musée de la région, je m’y rendis, curieux de voir la nouvelle acquisition : un dessin d’un célèbre artiste du XVIIIème, dont je tairai le nom, venait d’être retrouvé. Les spécialistes ici présents, unanimes, nous racontaient comment cette oeuvre majeure de l’histoire de l’art fut retrouvée par miracle dans un grenier du coin. New York, Moscou et bien d’autres capitales se battaient déjà pour le voir. Le directeur du conseil général, à peine arrivé, dévoila avec prétention le prix mirobolant payé par la région, ce qui me laissa pantois.
Dès qu’il fit tomber le rideau, quelle ne fut pas ma surprise, à sa découverte : il ne s’agissait de rien moins que d’un de mes dessins, que Dupa-Grave leur avait vendu !
Et voilà comment, bien malgré moi, je fis mes débuts dans la profession. ( A suivre la semaine prochaine)
Je n'arrive pas a décrocher, m'attirant la suspicion de ma responsable qui, sans détecter mes agissements, se doute bien qu'une fixation prolongé sur l'écran est signe de distraction. Merci
· Il y a plus de 14 ans ·kira
On se laisse haper par le style, dès que j'ai le temps je dévorerais les premières parties!
· Il y a plus de 14 ans ·juecrivain
LE FEUILLETON DE L'ETE...BIEN.(IL FAUT QUE JE LISE LES AUTRES)
· Il y a plus de 14 ans ·Marcel Alalof
Grrrrrr...... encore une fois il manque du texte la dernière phrase de la page 4, j'espère que le site fera quelques chose pour évité a l'avenir des écris imputés:
· Il y a plus de 14 ans ·-Et voilà comment, bien malgré moi, je fis mes débuts dans la profession. ( A suivre la semaine prochaine)
Remi Campana
Pas mal j'ai préférez le texte précèdent, a quand la suite, je serais au rdv: Annabella
· Il y a plus de 14 ans ·lepoete-pouet-pouet