Les mots morts parachutés (la mule Amor)

lanimelle

Les mots morts parachutés (la mule Amor)

« Tu m'as manqué » il a dit quand mes lèvres glissaient sous son nombril

« Tu m'as manqué » il a dit quand je lui ai redonné mes yeux

« Tu m'as manqué » il a dit quand ma langue de son bout s'enroulait  sur lui

« Tu m'as manqué » il a dit avec ses mains

« Tu m'as manqué » et je savais qu'il ne fallait rien croire, je le savais aussi bien que ce qu'est la nuit et le jour, je le savais aussi bien que le vin qui coule dans le gosier et le lendemain la tête qui tangue dans l'amer des  doutes, je le savais comme je connais ma droite et ma gauche, je le savais bien tout ca, je savais tout depuis toujours mais…

Dans l'embarcation qui mène à l'enfer j'ai foutu ma carcasse à moins que ce ne soit elle qui m'y ait trainé ou toi, encore toi, toujours toi,  je ne sais plus où est le désir exactement, dans mon crane, ma fente ou quand simplement je te vois et que la poussière autour vole au ralenti, quand miroitent les petites particules de ton odeur et que je suis si bien dedans et que je me fous d'être aveuglée parce que même sans mes yeux je pourrai reconnaitre ta couleur.

« Tu m'as manqué » , j'aurai pu tout arrêter, mes jeux de langues dans ta bouche et mes yeux pétroles qui t'enduisent d'amour, j'aurai pu tout arrêter à cause de cette phrase, je n'aime pas les fleurs coupées, ni le parfum de la vérité acre, je n'aime pas me retourner, je n'aime pas les sentiments rances et les gens qui les portent, je n'aime pas les mensonges mais je m'en arrange parfois je les gobe comme un parachute, comme ce qui bousillera tout de moi, je les gobe sans vouloir penser qu'ils me tueront peut être un jour ,lentement, patiemment, je les gobe sentimentalement,  je suis la mule, la mule de  tes désirs, la mule sans papier qui traverse les rues avec dans le corps l'obsession du tien cachait par mes lunettes noires.

Après quand je suis ressortie, quand le temps revenait et qu'il fallait y aller, aller quelque part ailleurs, sortir des chiottes et puis sourire , sortir de ta peau,  j'ai remis la musique dans ma tête, j'ai remis la réalité en place, tu n'y étais plus, comme un « plus jamais » que l'on dit à haute voix pour se convaincre, parce que les mots sont si faciles dans ta bouche et que j'enfonçais ma langue enragée en toi pour les tuer,  pour  les écraser pour que tu saches que tout ca je n'y croyais pas, que tout ca je le savais et que je ne me mentais pas vraiment dans le fond et puis à t'écouter débiter des mots morts qui veulent faire croire que j'existe alors j'enfonçais ma langue, je l'enfonçais comme si moi aussi je pouvais te parler, te donner mes silences lourds du manque vrai lesté à mon cœur.

Jouer c'est comme jouir cela peu être un art quand on y fout du cœur et un peu d'âme et ca peut être beau comme ma langue qui salive d'encre bleue sur l'homme invisible.

Dans le ventre les petits paquets de toi s'accumulent et  s'additionnent, je ne sais plus compter, je ne le veux plus, statistiquement  il y a 3 chances sur 10 pour que tout ca finisse par éclater.

 

L'animelle

https://www.youtube.com/watch?v=PKh0h63A5G4

px : mon poète du froid tu vois je suis venue danser grâce à toi

 

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