Les Navigateurs (13)
Alain Balussou
pièce 13 de DESHERENCE - parag 1, Les Prémices
Au croisement des voies sans nom
au plein de bois d'ample surface
des pins et sept chênes effacent
les murs effrités de maisons,
des gens montés d'autres collines
les avaient bâties comme il sied
quand les seigles battaient le pied
de celle-là que l'on devine.
Venait-il rosier ou lilas
au coin des portes maladroites
si souvent cloutées à la hâte
car le seigle n'attendait pas ?
Plus de rose ou lilas futiles
ni d'homme, et dans ces lieux ne luit
qu'un seul fantôme blanc, celui
d'un oratoire aux rares tuiles.
Ecoutez ceux qu'on n'entend plus
appeler l'enfant ou la chienne,
écoutez et qu'il vous souvienne :
ils ont souffert, ces disparus,
se sont aimés. Leur vie, on pense,
a durement coulé ici
sans ruisseau ni source, sans puits,
sans les lampions de la danse.
Mais seul vous parviendra le chant
d'un merle ou du vent dans les branches
des chênes et des pins et l'anche
de quelque passereau migrant,
pas les voix aujourd'hui taries
de navigateurs éphémères
touchant au hasard une terre
d'où ils sont déjà repartis.
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permanence et impermanence ... beau texte !
· Il y a plus de 5 ans ·rechab
c'est très beau autant pour ce que cela évoque que pour le rythme, les sonorités les rimes ..
· Il y a plus de 5 ans ·Susanne Derève
émouvant ; très
· Il y a plus de 5 ans ·Gabriel Meunier