Les parades démocrates

andreadada

On voit faire les paons dans les parcs des villes, étalant leurs attributs colorées, toutes plumes dehors, une parade amoureuse, une des nombreuses déclinaisons de la reproduction. Et bien, croyez le ou non, la démocratie parade elle aussi, messieurs, dames. A grand coup de trompettes, d'hymnes nationaux et de poitrines décorées. De portes drapeaux, de pompiers et de gendarmes. De femmes à chapeaux, de dames à talons, de maires orduriers. De discours lut par soi mais écrits par d'autres, au sommet de la plus haute marche du seuil de la porte de la mairie, la 3e parce qu'il n'y en pas plus. On gonfle les poitrines, on fait luire les médailles, on sort l'or des coffres à bijoux. On le sort d'autres coffres plus gros, des coffres de banque impopulaire. On épingle les récompenses, les médailles, les mérites aux services rendues de la nation pour de bons et loyaux services. On inaugure, on rend hommage, on commémore. On parle de liberté, d'égalité, et de fraternité. Des bérets verts, des bérets rouges, des chemises blanches et de pantalons patiemment repassées défilent. Au même pas, une, deux, trois, sur des airs de fanfares. Mais ce ne sont pas des défilées, ce sont des parades. Parce qu'une fois le discours fini et le dernier des petits fours avalés, les caméras parties, les journalistes congédiés, tout change. Le maire plonge son regard avec insistance dans les décolletés des femmes de son assistance, gueule sur les uns, gueule sur les autres, et s'en va derrière les arbres pour aller pisser. On range les drapeaux dans des housses de tissus pour la prochaine fois et on soupire parce qu'il fait chaud et que ça a duré longtemps cette fois ci et qu'on a bien mieux à faire. On ne s'habille pas tout de suite en civil, on garde ses médailles, et entre deux murs, on parle d'élection, d'érection, d'argent qui se détourne, d'argent de poche, d'argent sale, d'argent propre. De pots de vin, de pots de terre, de peaux de vache. Monsieur le maire arrive. Que vous êtes joli, que vous nous semblez beau, sans mentir si votre mandat se rapporte à votre ramage, vous êtes le phénix des urnes d'ici bas. Son procès ? Il est trop fatigué pour. Sa prochaine campagne ? C'est un homme qui regorge d'énergie. Regardez comme il gueule, regardez avec quelle passion il inaugure, des ronds points au nom d'ancien militaire accusés de torture.

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