Les petits chevaux

fragon

Dans leur raide mouvement

Eternel et stérile

Les jolis petits chevaux

Caracolent allégrement

A leurs sabots,

quelques épines

adroitement fichées, 

Blessent le voyageur

imprudent

Egaré dans la mouvance

Des chemins invisibles

De son esprit

Feux follets

Tour à tour démantibulés

Mort et usure

On les voit qui pensent encore voyager

Vers une fabuleuse destination

Virevoltant  à égale distance

Vers le destin commun du monde

Leur innocence silencieuse

Chavire les menottes charnues

Qui cherchent dans leur cou de velours sombre

L’odeur de foin des grands chambardements

Alors qu’au son des violons

Voici les cavalcades d’un autre âge

Les petits chevaux

Poursuivent leur route

Sans âme ni conscience

Ignorant que leurs fiers cavaliers

Depuis longtemps ont oublié leurs songes

A la nuit tombée, sous la toile aux couleurs passées

L’homme attentif

Peut les entendre fulminer de leurs naseaux d’acier

Dans la vapeur des premières buées d’automne

Iris fixes, billes d’acier

Muscles douloureux d’avoir tant rêvé.

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