Les pochtrons. (1)

Je savais que j'allais faire fortune un jour, mais dans quoi ? La peinture, l'écriture, les bijoux ? Oh que non ! disait Betty ! T'es pas capable de dessiner un arbre droit, ni d'enfiler trois lignes ou 3 perles correctement !

Pour parer à la difficulté, j'avais investi dans un bout de terrain agricole avec des vaches, pour un jour le voir fructifier en un camping cinq étoiles et accueillir de jolies filles du monde entier (la beauté s'exprimant plus facilement avec du woofing que le lait).

Avec Betty, et dans nos soirées alcoolisées, on se foutait régulièrement sur la gueule... on s'envoyait des assiettes de salle de bains et des miroirs de cuisine... des vérités sur des erreurs ou des retours de mauvaise pointure... des labradors de lit ou des vols de bicyclettes... des piles usagées comme les poubelles pleines du mardi, lorsque dans un bout de table, l'un finissait par dire à l'autre:

- Ben si c'est ça, je vais aller voir ailleurs et tu verras si j'y suis !

Mon Dieu qu'on y est allé dans cet 'ailleurs' et dans ce 'si j'y suis' !

'L'Ailleurs' ne ressemblait à rien d'autre que quelque part, et le 'Si j'y suis' à aucun du reste. Ailleurs avait le goût amer d'une chambre d'hôtel prise à n'importe qu'elle heure de la nuit, et le si j'y suis, la couleur manquée d'un rendez-vous important peut-être...

N.D.L.R: je peux écrire sur moi, mais le mieux c'est quand même d'écrire sur les autres.