Les Sirènes
ttr-telling
Le soleil était déjà haut dans le ciel, et les gratifiait d'une chaleur agréable. Peter sentit les effluves marines charriées par la brise entre les arbres d'une hauteur vertigineuse. Ils ne devaient plus être très loin du bord de l'île.
Cela faisait maintenant deux bonnes heures qu'ils progressaient à travers une forêt dense que de hautes fougères envahissaient. Par-ci par-là, Cubby et Tootles s'exclamaient avec énergie en trouvant des champignons comestibles ou des baies sauvages. Les deux enfants couraient de droite et de gauche à la recherche du moindre trésors culinaire que cette terre sauvage avait à offrir. Peter, qui était de quelques années leur ainé, les regardait faire en souriant, mais gardait son cap, droit vers ce qu'il pensait être la direction de la mer. Clochette, quant à elle, se contentait de voleter non loin de son protégé, gardant un œil attentif aux alentours, à l'affût du moindre danger.
Alors qu'il dégageait une énième fougère de son passage à l'aide d'un bâton, Peter eut un hoquet d'émerveillement face au spectacle qui se jouait devant lui.
Ils étaient enfin arrivé au bout de la forêt, et surplombaient une large crique dans laquelle s'engouffrait une mer scintillante et incroyablement transparente. Il se rapprocha doucement du bord du surplomb, regardant de gauche à droite, à la recherche d'un moyen de descendre. Cubby déboula derrière lui, suivi de près par Tootles. Ils partagèrent un sifflement de surprise face au paysage.
- "Mince alors ! Tu connaissais cet endroit Toot'?" Demanda Cubby à son acolyte, alors qu'il mettait sa main droite en visière au dessus de ses yeux pour se protéger du soleil.
- "Foutre non ! Tu te doutes bien que si j'aurais su on aurait venu plus tôt ! Comment toi t'as su que y'avait ça Pet'?" Fit Tootles en se tournant vers son ainé.
- "J'en savais rien." Avoua Peter. "Je me doutais bien qu'on finirait par tomber sur la mer à un moment où l'autre. Mais je m'attendais pas à un tel endroit !"
Il se remit en marche, longeant le bord du surplomb, en quête d'un sentier praticable, d'une surface rocailleuse proposant assez de prises pour descendre, ou même de racines.
Clochette s'était élancée dans les airs, prenant un peu d'avance, à la recherche d'un moyen pour ses amis de descendre en toute sécurité. Elle trouva rapidement une formation rocheuse qui semblait pouvoir convenir, et se mit à faire des huit dans les airs pour les prévenir.
Peter atterrit sur un sable doré et extraordinairement fin. Il savoura quelques instants le plaisir de sentir la douceur du sable chaud sous ses pieds, avant de poser son sac et d'avancer en direction de la mer. Tootles était déjà en train de courir le long de la plage, talonné par Cubby.
- "J'étais complètement paniqué quand je me suis réveillé sur la Plage du Serpent. Je pensais que j'allais... Je pensais que j'allais crever, seul, perdu. Quand je t'ai vue prendre vie et voler devant moi, j'ai cru que j'étais fou, ou mort. Et puis les semaines ont passé, j'ai rencontré les Enfants Perdus, j'ai découvert La Forêt du Hibou et La Clairière, et maintenant cet endroit... Finalement, je me dis que c'était peut-être une chance, que d'échouer sur cette île. Et je suis heureux de t'avoir avec moi Clochette." Peter sourit à la fée dont le visage était devenu cramoisi. Elle agita ses bras menus et voleta de manière un peu chaotique, pour essayer de faire passer sa gêne, et en profiter pour lui dire qu'elle le remerciait, lui, d'être avec elle.
Peter tendit son petit doigt vers elle.
- "Je te promets de rester avec toi, et de veiller sur toi, quoi qu'il arrive." Fit-il.
Le visage de la fée se figea un instant, avec des yeux écarquillés, avant de se fendre d'un immense sourire. Elle essuya une larme qui pointait, avant de d'empoigner le petit doigt de Peter avec sa minuscule main.
Alors qu'ils scellaient leur pacte, le bruit d'une grande éclaboussure détourna leur attention. Peter se retourna vers les enfants, pensant qu'ils s'étaient jetés à l'eau, mais ils étaient en train de creuser un trou dans le sable non loin du surplomb de la forêt. Il haussa les épaules, se disant qu'il ne serait pas étonnant qu'il y ait quelques gros poissons dans cette crique, avant d'ôter sa chemise et son pantalon et de se plonger dans la mer.
Il fut étonné par la tiédeur de l'eau, et s'extasiait de sa transparence. Il pouvait voir sans difficultés des bancs de diverses espèces qui lui étaient inconnus, principalement de petits poissons argentés avec des reflets bleus, qui se dispersaient rapidement s'il faisait mine de se rapprocher d'eux. Il pris la direction d'un amas rocheux qui dépassait de la mer à quelques dizaines de mètres du bord. Il nageait doucement, profitant du soleil et du calme de la mer, suivi de près par Clochette qui s'amusait à faire mine de sauter sur les remous qu'il provoquait.
A mesure qu'il se rapprochait de l'amas rocheux, il se rendit compte qu'il était plus imposant qu'il l'avait cru depuis le bord, et aussi un peu plus loin. L'eau se refroidissait légèrement à mesure qu'il prenait le large, et le fond, qu'il voyait comme à travers une fenêtre lorsqu'il avait encore pied, semblait plus difficile à appréhender, bien que l'eau soit toujours si claire. Lorsqu'il s'arrêtait pour regarder sous lui, il avait l'impression de flotter au-dessus du vide. Il se reprit avant de se faire happer par la sensation de vertige que pouvaient provoquer les hauts fonds, et continua sa nage vers la formation rocheuse.
Il se hissa enfin sur la rocaille noire et lisse, avant de se retourner vers les deux petits points qui battaient des bras qu'étaient Tootles et Cubby, restés sur la plage. Il leur fit signe en retour, avant d'entendre à nouveau un bruit d'éclaboussure, qui n'était pas dû à la mer qui essayait d'avaler une partie du rocher.
Il se figea en entendant ce qui semblaient être des rires. Ils lui parvenaient comme étouffés, mais il aurait pu jurer que c'étaient des rires. Il regarda Clochette avec un air mi curieux mi inquiet. La fée lui rendit son regard, avant de voler vers le sommet du rocher, suivie par Peter.
Il eu du mal à croire à ce qu'il voyait. Clochette, à côté de lui, semblait tout aussi perplexe.
L'amas rocheux sur lequel ils étaient formait enfait une sorte de grand bassin au milieu de la mer, dans lequel étaient en train de rigoler trois jeunes femmes. Deux avaient la peau claire et une longue chevelure blonde, mais la troisième avait le teint foncé des esclaves qu'il avait vu dans un port marchand avec le Capitaine, et était coiffée de longues tresses noires.
Ils restèrent de longues minutes à les observer, cachés derrière la roche. Il ne savait pas trop comment procéder. Il mourrait d'envie d'aller leur dire bonjour, leur demander ce qu'elle faisaient là, d'où elles venaient. Mais il doutait que de jeunes femmes, manifestement nues, qui pensaient être loin du monde, soient ravies d'être interpellées par un garçon.
L'une d'elles disparu sous l'eau, alors qu'il louchait sur la poitrine des deux autres. La surface de l'eau était jusqu'alors brouillée par leur chahut, mais après que l'une d'elles se soit éclipsée sous l'eau, les deux autres cessèrent de s'éclabousser, rendant l'eau du bassin à nouveau claire et transparente.
Peter et Clochette écarquillèrent les yeux, ne comprenant pas trop ce qu'ils voyaient.
Les jambes des deux jeunes femmes qui se prélassaient dans le bassin semblaient couvertes d'écailles chatoyantes, comme si un poisson géant les avaient gobées. Peter se frotta les yeux un instant, avant de voir la silhouette de la troisième femme apparaitre sous l'eau, remontant à la surface à une vitesse impressionnante.
Elle jaillit alors de l'eau, faisant un bond immense, tel un dauphin. Ils purent ainsi admirer clairement l'anatomie des trois créatures qui s'amusaient dans le bassin devant eux. La femme qui venait de jaillir hors de l'eau n'avait enfait de "femme" que le haut du corps. Des écailles succédaient à la peau là où aurait dû être le nombril, et à la place des jambes, c'était une immense queue de poisson qui formait le bas de son corps.
Peter n'en revenait pas. Il se tourna vers Clochette, qui semblait déroutée elle aussi. Puis, pendant un instant, il regarda Clochette telle qu'il ne l'avait plus regardée depuis longtemps maintenant : une créature qu'il n'aurait jamais imaginé voir un jour. Il reposa finalement ses yeux sur les trois femmes-poissons qui s'amusaient.
- "Alors Coudeur avait raison sur ça aussi... Les sirènes existent vraiment..."
TTR.
Désolé e radoter, mais tu abordes tous les genres avec le même bonheur.
· Il y a 11 mois ·J'ai toujours cette impression d'un début ou extrait de roman.
Bravo encore et toujours!
Christophe Hulé
Merci beaucoup !
· Il y a 11 mois ·ttr-telling