Les vieux

divina-bonitas

On dit des vieux "les pauvres, ils sont seuls",

On constate avec désespoir que lors des étés

Torrides, certains défuntent, déshydratés,

Abandonnés. Nous nous sentons bien veuls.

On dit "dis bonjour à mamie, fais lui un baiser",

Et on constate parfois surpris, que le gamin recule,

Une fois, puis d'autres, préfère montrer son cul,

Pendant que la vieille le toise, le regard acéré.

Puis on apprend, que la mamie n'est pas gentille,

Multiplie les remarques désobligantes d'une voix sèche,

Cache dans le placard les gâteaux, les bonbons et les pêches,

Ne prête ni son coeur ni ses mains, fait un fromage de broutilles,

Profite de la moindre occasion pour assaisonner vertement,

Toute sa descendance ou presque, il y a toujours des chouchous

Dans ce cas de figure, qui savent jouer les roudoudous,

Que la vioque encense, roublarde, grâcieusement.

Et non, toutes les grands-mères ne sont pas des mamies gâteaux,

Comme les miennes, aimables, disponibles, toujours là,

Ecoutant, consolant, rassurant, chantonnant avec les petits, la la la,

Avec pour objectif d'emmener les enfants au plus haut, dans leurs bras, au chaud.

La vieillesse sert aux aigries, souvent d'alibi, c'est bien facile!

Comme si la pringrerie de tout, de l'âme et des sucreries,

Se gagnait avec l'âge, pourrissant les vacances et les mercredis,

Comme si l'amour des petits, devait tenir, en équilibre, à un fil.

Hier, l'une dit à mon fils, lequel lui rendait visite aimablement,

"ça va bien au lycée cette année?", il répondit "oui, sans problème"

Et entendit "hum, ça doit bien te changer!", ce qui le rendit blême.

Moche, méchante, sèche, langue de vipère assurément.

Elle poursuivit, demanda ses choix scolaires, sa spécialisation,

Benoît et souriant,  il répondit qu'il excellait en Arts Plastiques,

"Tu veux être danseur?" susurra t'elle avec un soupir cynique,

"heureusement que tes cousins seront ingénieurs, réussiront" 

Ce qu'on ne dit pas ou peu, est que la bêtise et la méchanceté

N'attendent malheureusement pas le nombre des années.

J'ai connu cette femme jeune, elle était déjà vindicative et bornée,

Possessive, inculte, égoîste, experte en attribution de culpabilité.

Geignarde, radine, mesquine, faisant une bouffe de sorcière. 

Voilà un temps que je ne joue plus Blanche-Neige ou Cendrillon,

Je m'évite ainsi, bienheureuse, des crêpages de chignons,

Mais attention mamie, touche pas à mes gosses ou je vais te jeter des pierres.

On se consterne communément devant la solitude et la détresse de nos vieux,

Certains le méritent, et d'autres pas. La vie se construit pas à pas, 

Jeunes, vieux, petits et grands, normalement, avec amour, toute à la fois,

Mais quand ça n'arrive pas, il ne faut pas s'étonner que même en priant Dieu,

Il y ait des revers de bâtons, des tombes sans fleurs, des larmes amères,

Le jour des enterrements et des adieux. 

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