Les voisins

-         Qu'est-ce qui t'es arrivé, Hervé ? Tu t'es blessé en bricolant ?

-         Impossible ! Je ne bricole jamais. Non, figure-toi que je me suis fait agresser par la bande de la cité Parat. Des jeunes, des gamins ! Le plus vieux devait avoir quatre ans et le plus petit avait encore des couches culottes et un doudou. Putain, qu'est-ce qu'ils m'ont mis, les p'tits cons !

-         Tu te rappelles, quand même que ce soir, on a un apéro dinatoire chez les nouveaux voisins pour faire connaissance.

-         Merde, c'était ce soir, j'avais complètement oublié.

-         Attends, ils t'ont frappé le crâne avec des hochets ? Tu as largement le temps, il n'est qu'onze heures.

-         Justement, je n'aurais jamais assez de temps pour trouver un masque qui me rende présentable.

-         Effectivement, l'objectif est ambitieux.

-         Pourquoi tu me dévisages, ainsi ? Je suis défiguré, c'est ça ?

-         Tu ne t'es pas regardé dans un miroir ?

-         J'ai essayé dans la salle de bain, mais la glace a changé de pièce. Je n'allais pas y courir après, non plus. On a sa dignité, quand même, déjà qu'avec une fille, c'est pitoyable.

-         Et si tu te mettais un sac de patates avec un trou pour l'œil, comme dans Elephant Man, chic, non ?

-         Pourquoi c'est une soirée costumée ?

-         Non, non ! Soirée normale on y vient comme on est.

-         Super, ça m'arrange, mais ça m'arrangerait encore plus, qu'il n'y ait pas de videurs en planton à l'entrée.

-         Passe par ton jardin, il est mitoyen au leur et réciproquement

-         Bonne idée ! Comme ça, je leur ferai la surprise par derrière.

Ils vont être drôlement contents de connaître leur voisin de proximité.